Journal C'est à Dire 197 - Avril 2014

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D O S S I E R

Il y a trente ans… Une vallée autrefois animée Si aujourd’hui, encore plus depuis l’interdiction de pêcher, la vallée du Dessoubre semble désertée, ce ne fut pas toujours le cas. Le site était même très prisé dans les années quatre-vingt et beaucoup des habitués en gardent d’excellents souvenirs.

I ls étaient ouvriers dans le pays de Montbéliard ou commerçants. “Nous avions acheté une caravane qu’on avait installée sur les bords du Dessoubre et on y passait tous nos week-ends de mai à septembre et la plupart des vacances d’été.” Ces résidents secondaires de la vallée, tout comme ceux qui occupaient les quelques petits chalets sur les bords de la riviè-

re donnaient une vie au secteur. Barbecues, méchouis, baignades,

dizaines de familles les samedis, dimanches et jours fériés. Au

pêche… La vallée résonnait souvent des cris d’enfants que les parents n’hésitaient pas à faire barboter dans cette eau réputée froide. À ces quasi-sédentaires

moindre rayon de soleil, il fallait se lever tôt pour trouver une pla- ce et venir pique-niquer en famille. “Après 10 heures, il ne fallait plus espérer trouver un emplacement au bord

Des enfants aux grands- parents, heureux de se retrouver là.

présents plusieurs mois dans l’année venaient s’ajouter les

aujourd’hui bien rare de voir les berges et tables de pique-nique prises d’assaut. Tout juste enco- re quelques courageux baigneurs les jours de canicule en été. D.A.

de l’eau. Un membre de la famil- le partait en éclaireur et réser-

vait un espace pour poser table, chaises et couvertures” se sou- vient un habitué. Et toute la famille venait ensuite pour le repas de midi. Des enfants aux grands-parents, heureux de se retrouver là. “Une époque où tout

le monde n’avait pas encore sa terrasse avec son salon de jardin et le barbecue haut de gamme à la maison. Les gens sortaient de chez eux !” Nouveaux modes de vie ou désaf- fection pour cette vallée, il est

À l’époque, tout le monde n’avait pas encore sa terrasse avec son salon de jardin. Les gens sortaient de chez eux.

Ils réagissent Les professionnels du tourisme, premières victimes

Du 28 mars au 27 avril 2014

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Daniel Magdo, guide de pêche : “Le Dessoubre est une rivière importante dans mon activité. J’y travaillais régulièrement. Certains de mes clients reviendront quand la situation se sera arrangée mais d’autres vont chercher d’autres des- tinations et on ne les reverra plus ici. J’estime la per- te de chiffre d’affaires cette année à 25 %. Il faut aus- si tenir compte de l’impact sur l’image de la vallée sur le long terme. Après la Loue, la Bienne, le Doubs, c’est toute la région Franche-Comté qui fait figure de zone polluée pour les amoureux de la nature et de la pêche. Il faudra du temps pour redorer cette ima- ge…” Selon Daniel Magdo, guide de pêche, la perte est de 25 %. Carole Jacottet, le relais du Pont Neuf :

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“Les clients viennent encore heureusement. On a la chance de ne pas avoir une clientèle fai- te de pêcheurs mais de gens qui viennent pour la beauté du site et la tranquillité de la val- lée qui a toujours son charme. On est quand même parfois obligé de rassurer les clients en leur disant et en leur montrant dans notre vivier que le poisson servi ici est sain, qu’il vient de pisciculture et pas de la rivière.” Patrick Grandmougin, restaurant de Gigot : “La fermeture est une décision trop rapide et prématurée. Les autorités auraient dû opter pour le no-kill sur tout le Dessoubre pour 2014. Économiquement, l’impact est évident. Les pêcheurs qui viennent dans la vallée vont dans les boucheries ou les fromageries acheter des produits régionaux qu’ils ramènent chez eux. Ici, ils dormaient et prenaient leurs repas au restau- rant. On en avait des quatre coins de la France et même de Belgique où j’allais tous les ans au salon de la pêche à Charleroi faire la promotion du Dessoubre. Que vont-ils faire main- tenant ? Trouver des destinations nouvelles et ne plus revenir ? Aujourd’hui, il faut surtout dire que la rivière n’est pas morte, tout n’est pas perdu. Et que les gens peuvent toujours venir pour la beauté naturelle du site, même sans pêche cette année.”

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