Journal C'est à Dire 197 - Avril 2014

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D O S S I E R

Association “La situation ne date pas de ces dernières semaines” Association très active dans la défense de l’environnement, la commission de protection des eaux (C.P.E.) crie haut et fort depuis quatre ans que le Dessoubre court à la catastrophe. Loin de triompher aujourd’hui, on res- sent de l’écœurement chez ces bénévoles qui résument la situation actuelle en un mot : “Dégueulasse !”

“O n nous parle des berges du Des- soubre à amé- nager dans le cadre du programme Natura 2000 mais les élus qui ont peur d’affronter les vrais problèmes et les vrais responsables, ils vont en faire quoi de cette vallée, un égout à ciel ouvert ?” lâche un des responsables qui depuis des années sillonne ce territoire qu’il

aime et qu’il a de la peine de voir dans cet état. Pour l’association, l’équation est mal- heureusement très simple : “Sur une même surface agricole, vous mettez plus de vaches, donc plus de lisier et de fumier sur un sol karstique et finalement tout va finir dans la rivière. Par ruis- sellement, c’est évident, c’est en ligne directe vers le Des- soubre !” Un constat qui pour-

tant est aussi tempéré par ce bénévole : “Mais attention, le petit agriculteur local n’a pas le choix, on l’oblige à produire de plus en plus, c’est toute la chaî- ne qu’il faut condamner et pas celui qui est au bout et qui fina- lement subit l’évolution de son métier.” Des paroles d’apaisement envers le monde paysan qui vont dans le sens du discours général

aujourd’hui. Certes, des exemples malheureux ont été relayés par les médias ces dernières semaines et ont focalisé l’attention sur l’épandage, mais les membres de C.P.E. savent mieux que quiconque que d’autres problèmes existent : “Prenez tous les produits domes- tiques et ceux pour le jardinage, utilisés aux alentours. Là aussi, tout finit dans la rivière. Et que dire des produits pharmaceu- tiques que les stations d’épuration locales sont aujourd’hui inca- pables de traiter !” Exemple à l’appui, le bénévole évoque la pilule contraceptive dont les molécules finissent dans la natu- re… avec les conséquences que l’on connaît sur l’écosystème com- me sur les hommes. Ces sources multiples de pol-

Les bénévoles scrutent les eaux qui sont normalement traitées avant de repartir dans la nature.

l’environnement prend l’exemple de Guyans-Vennes où une par- tie des habitations n’est pas rac- cordée : “Tout part dans la natu- re, et d’après l’odeur, ça se mélan- ge encore avec du lisier… pour finalement tout arriver au Des- soubre !”

le préfet les fait même souri- re : “La décision aurait dû être prise il y a quatre ans déjà quand les pêches électriques montraient déjà l’étendue du problème.” Leurs actions ne seraient-elles alors que des coups d’épée dans l’eau ? : “Pas du tout. Nous ne nous contentons pas de dénon- cer. Nous alertons officiellement les autorités et si besoin nous sai- sissons les tribunaux adminis- tratifs et civils pour faire résoudre les problèmes.” Avec toujours en tête la célèbre phrase de Saint- Exupéry : “Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants.” D.A.

lution ne se cantonnent pas aux villages rive- rains du Dessoubre : “Orchamps-Vennes, Guyans-Vennes, Vennes… tout ce qui se passe dans le secteur a

Alors aujourd’hui, ces véritables vigies veillent et dérangent. Forcément. Ils militent pour une agriculture raisonnée et aimeraient voir des sta-

Des stations inefficaces voire inadaptées.

des répercussions ici.” Alors l’association n’a de cesse de tra- quer les dysfonctionnements, d’alerter les mairies ou encore le préfet. Ce militant engagé pour

tions d’épuration efficaces, aptes à traiter toutes les molécules dangereuses pour la nature et pour l’homme. La fermeture de la pêche arrêtée aujourd’hui par

Les constats sont souvent accablants au sortir des stations d’épuration…

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