Journal C'est à Dire 195 - Janvier 2014

P A Y S D E P I E R R E F O N T A I N E

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Patrimoine Les cuisines des fermes du moyen plateau passées au peigne fin

Contrairement au Haut-Doubs, les tuyés des fermes du canton de Vercel ou de Pierrefontaine-les-Varans sont en pierre et non en bois. André Badot a analysé cet- te originalité dans un livre illustré de photos et de plans architecturaux où il parle éga- lement des cuisines voûtées. Un moyen de préserver notre patrimoine.

L es amoureux du patrimoi- ne local ont un ouvrage à placer sur leur table de che- vet… ou plutôt à côté de leur che- minée. Car c’est de cheminée dont il est question dans le livre d’André Badot. L’historien valdahonnais a publié en décembre “Sous la cheminée, aux portes du Haut- Doubs”, un ouvrage historique et pédagogique qui traite d’une ori- ginalité du plateau jusque-là jamais étudiée.

Ancien professeur d’allemand au collège de Valdahon, André Badot souhaitait en 1985 pré- senter un diaporama aux habi- tants de Maulbronn, la ville alle- mande jumelée avec Valdahon. L’étude amorcée a été mise en suspens puis s’est finalement étendue à l’ensemble du plateau pour déboucher sur ce livre pré- cis et illustré d’exemples dans 23 villages. André Badot, qui loue le travail

a observé les plaques de fonte qui trônent dans ces cuisines. Aujourd’hui, beaucoup de ces cuisines disposant de colonnes en pierre ont disparu, suite à des destructions. Il en reste enco- re à Laviron ou à Valdahon. “Ces maisons résistaient bien aux incendies… car elles étaient en pierre. Et quand elles brûlaient, les occupants pouvaient s’échapper par le couloir” rap- porte l’auteur. Les recherches sur les plaques de cheminée sont fines. Ainsi, on apprend qu’une ferme d’Épenoy dispose d’une des plus anciennes plaques du moyen plateau : elle date de 1633. On y aperçoit une licorne sur le bla- son, qui pourrait être celui d’un Chappuis, seigneur de Rosières et membre du Parlement. Enfin, André Badot a eu une bonne idée. Page 116, il donne des conseils à celui ou celle qui viendrait à acheter une cuisine à colonnes… Son souhait : que les acquéreurs ou héritiers pren- nent conscience de ce formidable et original témoin du passé. E.Ch.

Aux éditions Folklore Comtois, l’auteur, avec l’aide de Michèle Gaif- fe, présente un ensemble architectural, celui des cuisines à colonnes “que l’on trou-

réalisé par l’abbé Gar- neret, a parcouru la campagne à la recherche de ces fermes “originales”. Les pro- priétaires lui ont ouvert la porte. “Cer-

Épenoy, une plaque de cheminée de 1633.

ve à de nombreux exemplaires sur le plateau moyen du Doubs, notamment dans les cantons de Vercel, de Pierrefontaine-les- Varans mais aussi jusqu’à Orchamps-Vennes, Fuans ou Mamirolle” explique l’auteur qui s’est demandé “pourquoi dans des villages très modestes en taille les habitants avaient pu construire et conserver des cui- sines voûtées à colonnes en si grand nombre, alors qu’on n’en retrouve aucune dans des bourgs voisins ?” À cette interrogation, l’historien n’a pas la réponse même s’il va très loin dans son analyse.

tains étaient même heureux que l’on s’intéresse aux cheminées, à leur histoire. C’est ici que les pay- sans séchaient ou fumaient la nourriture” rappelle-t-il. Il les a photographiées, est allé jusqu’à mesurer chaque pièce de la cui- sine pour ensuite recréer des plans d’architecte afin de mieux comprendre l’organisation de l’habitat. En même temps que les voûtes et les piliers, l’auteur

“Sous la cheminée, aux portes du Haut-Doubs”, André Badot, éditions Folklore Comtois, disponible dans les libraires de Valdahon, Morteau, Pontarlier ou chez l’auteur, 5 rue du 11-Novembre à Valdahon

André Badot présente son livre sur les cheminées en pierre sur lesquelles aucun historien ne s’était jusque-là penché.

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