Journal C'est à Dire 194 - Décembre 2013

A G E N D A

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“Je suis dans une recherche d’émotion, de vérité, d’humour” Lola Sémonin partage son temps entre la scène et l’écriture. Elle publie son nou- veau roman “La Madeleine Proust, une vie” qui retrace l’enfance du personnage dans les années vingt dans le Haut-Doubs. Elle joue par ailleurs son dernier spec- tacle sur les scènes de Franche-Comté. Rencontre. Lola Sémonin

C’ est à dire : D’où vous est venue l’envie d’écrire l’histoire de la Madeleine Proust ? Lola Sémonin : En 1990, j’avais déjà écrit un livre qui racontait les coulisses du spectacle et les anecdotes de tournée dans les vil- lages. Comme je suis opiniâtre, j’ai repris contact avec les édi- tions Flammarion pour leur pro- poser de continuer à raconter cet- te aventure personnelle. Fina- lement, l’année dernière, Thier- ry Billard, directeur littéraire de cadeau du ciel alors que ce per- sonnage a trente ans ! Avec ce livre, je suis dans une recherche d’émotion, de vérité, d’humour. Càd : Madeleine adore l’école. Pourtant, elle va en être pri- vée. La vie de la ferme passe avant tout… L.S. : À l’époque, les gosses de paysans étaient des esclaves. Ils représentaient de la main- d’œuvre pas chère. Il fallait des gosses pour les fermes et des Pygmalion (antenne Gallimard) ma proposé d’inventer plutôt une vie à la Madeleine Proust. J’ai reçu cela comme un

gosses pour la religion. Dans les grosses familles, l’aîné reprenait la ferme, une fille allait au cou- vent, et le cadet entrait au sémi- naire pour racheter les péchés de tout le monde. Càd : Sommes-nous plus heu- reux aujourd’hui ? L.S. : On ne peut pas comparer ! Le problème à l’époque dans ces fermes, c’est que les gens n’imaginaient pas qu’ils puissent y avoir une autre vie possible. “On était pauvre disait Made- leine, mais comme on ne le savait Càd : En filigrane de votre livre, onmesure le poids de la religion dans la vie quo- tidienne des gens. Était-il pos- sible de s’en affranchir ? L.S. : Souvent les paysannes de l’époque ont eu une overdose des prières et de l’Église. Quand quelque chose d’excessif s’impose à une personne, soit elle finit par le rejeter d’une manière ou d’une autre, soit elle devient militan- te politique. Personnellement, je suis allée à l’église jusqu’à l’âge de 18 ans, car ma mère voulait pas, on n’était pas mal- heureux.” Cela veut tout dire.

faire plaisir à sa mère et lui mon- trer qu’elle nous élevait bien. La bonne éducation était d’aller à la messe. D’ailleurs, quand j’ai dû écrire des chapitres sur le bap- tême ou le mariage, j’étais ten- tée de les bâcler car j’étais dans le rejet de cette religion catho- lique qui a longtemps mainte- nu les gens dans l’ignorance. Ce que laMadeleine Proust va aban- donner, c’est l’obligation d’aller à lamesse.À l’inverse, je comprends que des personnes gardent des souvenirs merveilleux des céré- monies. Càd : Votre livre est sorti en octobre. En parallèle, vous êtes sur scène avec le spectacle “La Madeleine Proust, trente ans de scène.” LaMadeleine vit de nouvelles aventures ? L.S. : C’est mon cinquième spec- tacle. Et c’est un nouveau spec- tacle ! Pour mes trente ans de scène, je reprends le décor de la cuisine dans lequel la Madelei- ne Proust se confronte aux nou- velles technologies : téléphone portable, ordinateur. Je cuis la soupe comme il y a trente ans, mais je fais aussi un gâteau de ménage.

Spectacle “LAMADELEINE PROUST, 30 ANS DE SCÈNE” Vendredi 13 décembre à 20 h 30 Théâtre de Morteau lesfilmsdumilan- royal@free.fr

Lola Sémonin a donné une vie à la Madeleine Proust dans un roman étonnant.

“On n’avait rien, mais on faisait avec !”

Càd : Vous allez jouer ce spec- tacle à Morteau le 13 décembre. Comment êtes- vous accueillie dans la ville où vous êtes montée pour la première fois sur scène dans la peau de ce personnage ? L.S. : Nul n’est prophète en son pays. J’ai fait deux séances de dédicaces à Morteau qui sont celles où j’ai vu le moins de gens, comparé à l’Alsace ou à la Cor- rèze par exemple. Cela me fait de la peine, ça me rend triste, alors que j’ai commencé ici sur scène, il y a trente ans. C’était

extraordinaire ! Partout où je pas- se en Franche-Comté, je fais sal- le comble. On double même les représentations. Depuis le mois d’avril, nous sommes passés dans 50 communes. ÀMorteau, la vil- le a acheté mon spectacle, mais c’est pour l’instant la seule sal- le qui n’est pas complète. Je le redis, je suis triste. C’est com- me si vous fêtiez votre anniver- saire et que les gens ne viennent pas. Il y a peut-être trop de proxi- mité. Les gens se disent, elle est de chez nous, on la connaît. Propos recueillis par T.C.

Roman “LA MADELEINE PROUST, UNE VIE QUAND J’ÉTAIS

P’TITE (1925-1939)” Éditions Flammarion Pygmalion

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