Journal C'est à Dire 194 - Décembre 2013

É C O N O M I E

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Christian JOUILLEROT www.christian.jouillerot.swisslife.fr

Montlebon Sauge, 90 ans de diversification La troisième génération perpétue le savoir-faire initié en 1923 par Émile Sauge, charron à Derrière-le- Mont. Si les métiers ont évolué au fil des décennies, la passion pour le bois est intacte. Rétrospective.

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Olivier Sauge est l’actuel gérant de l’entreprise familiale fondée en 1923.

L a saga Sauge à Derrière- le-Mont doit son existen- ce à un petit torrent, la Douve,qui descenddepuis la montagne. Sans lui, aucun des 15 “usiniers” du hameau n’aurait pu créer son activité. La force hydraulique de ce cours d’eau impétueux a permis à nombre de petits artisans de démarrer. C’est sur le site de l’ancienne scierie Vermot-Desroches qu’Émile Sau- ge, né en 1901, s’est installé ici en 1923 en tant que charron. Il fabri- quait les roues en bois pour les charrettes des paysans. Bien vite, il s’est mis à fabriquer également des brouettes, des tombereaux, des boîtes en bois destinées à l’expédition de montres. Les brouettes étaient notamment com- mandées par l’Armée française pendant la première guerre mon- diale, puis ont servi à la construc- tion des casemates pour le second conflit mondial. Après le décès prématuré de l’aïeul, la grand-mère a fait l’intérim avant que les deux fils, Gabriel et Jean-Marie repren- nent officiellement le flambeau en 1963, quarante ans après la fondation de l’entreprise. “Le charronnage avait alors quasi- ment disparu. Ils se sont donc mis à faire des coffrages pour la société Cofreco qui était instal- lée à cette époque à Montlebon” raconte Olivier Sauge, l’actuel dirigeant. Dans les années soixante-dix, l’entreprise Sauge a amorcé un nouveau virage avec la fabrication de tiroirs pour des fabricants de cuisine, dont un qui a assuré à la société de Der- rière-le-Mont une belle pros- périté. “L’entreprise faisait jus- qu’à 10 000 tiroirs par mois avec une dizaine de salariés, tous du village.” Olivier Sauge, petit-fils du fon- dateur, est arrivé dans l’entreprise en octobre 1992. Le représentant de la troisième

le 1 er décembre 2004 viendra ter- nir ce bel enthousiasme. En 2006, Olivier Sauge rachète l’entreprise Bec et Croc où il avait fait ses débuts. Huit ans plus tard, ce créneau des jeux géants à destination des collec- tivités de toute la France repré- sente près de la moitié du chiffre d’affaires de l’entreprise. Le res- te se répartit entre la vente aux particuliers et les commandes spéciales pour les professionnels et certains clients prestigieux

de chiffre d’affaires par an, 8 200 catalogues par correspondan- ce Bec et Croc diffusés, l’entreprise Sauge aborde sa dixième décennie avec un sou- ci constant de diversifier ses pro- ductions et ses clients. Olivier Sauge a compris que la péren- nité de l’entreprise familiale pas- sait par là. Quand il a repris les rênes de l’entreprise, celle-ci ne comptait qu’une petite dizaine de gros clients. Aujourd’hui, Sau- ge artisans du bois en compte près de 4 000 et voit passer dans son atelier-boutique de Derriè- re-le-Mont près de 20 000 tou- ristes par an. Avec 70 % de “petits” clients, c’est forcément moins de risques. De simple fabricant, Sauge artisans du bois est passé au statut multiple

génération travaillait alors com- me représentant chez Bec et Croc, une société de Valdahon spécialisée dans les jeux à gran- de dimension destinés aux col- lectivités locales. Une dizaine d’années après, il rachètera cet- te société désormais dans le giron de Sauge artisans du bois. Au moment où Olivier intègre l’entreprise familiale, les temps sont un peu plus rudes. Le mar- ché de la cuisine s’effondre, le nombre de salariés tombe à

comme de grandes marques du luxe pour lesquelles Sauge arti- sans du bois fabriquent des chevaux de bois haut de gamme ou d’autres fabrications en bois. “En sous-trai-

quatre. “Je voyais mal mon père gérer toute la partie commerciale et administrative en plus de la fabrication. J’ai donc décidé d’intégrer l’entreprise et de la reprendre.” Encore une

“Nous teignons les manches des couteaux Opinel.”

de fabricant, créateur, commer- çant et distributeur. La diversi- fication, sans renier la tradi- tion. J.-F.H.

Toute l’équipe a célébré les 90 ans de l’entreprise lors d’un week-end festif fin octobre.

diversification en vue avec une nouvelle activité : les accessoires de cuisine (planches à découper, plateaux de service…). C’est le temps aussi des premières portes ouvertes au public. L’été suivant, les dirigeants testaient la ven- te directe aux touristes avant d’ouvrir leur magasin à l’automne 1993, il y a vingt ans. Les jouets en bois, fabriqués sur place ou achetés auprès de fabri- cants, sont venus étoffer la gam- me des objets grand public. L’incendie du magasin et de stock

tance, nous réalisons par exemple la teinte et le vernis des manches de couteaux pour la maison Opi- nel basée en Savoie” indique le dirigeant. La maison Sauge a également saisi le créneau de la vente en ligne, notamment pour la marque Bec et Croc. Et der- nièrement, la firme de Derriè- re-le-Mont a été sollicitée par la marque allemande Olifu pour distribuer ses accessoires (maté- riel éducatif et jeux pour enfants plutôt haut de gamme). Avec 10 salariés, 850 000 euros

Une ancienne facture, au temps où la fabrique Sauge fournissait des brouettes à l’Armée française notamment.

La saga Sauge a démarré avec Émile, le grand-père, entouré ici de sa famille.

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