Journal C'est à Dire 194 - Décembre 2013

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P L A T E A U D E M A Î C H E

Dégâts Chasseurs-agriculteurs : une longue histoire Longtemps cantonnés à

un dialogue de sourds, chasseurs et agriculteurs ont mis en place des cel- lules de veille pour résoudre les problèmes et faire baisser la pression face aux dégâts faits par le gibier dans les cultures.

“L e problème posé par les sangliers a toujours créé des tensions entre chasseurs et agriculteurs. Nous utilisons un même espace natu- rel, les uns pour les loisirs, les autres en tant qu’outil de tra- vail.” Guy Scalabrino pose très clairement le problème est le

connaît d’autant mieux qu’il l’a en charge à la F.D.S.E.A. depuis deux ans. Car désormais, les deux camps se parlent, se ren- contrent et cherchent des solu- tions ensemble, dans l’intérêt de chacun. Même si comme il le confesse sans chercher à le nier, tout n’est pas simple et des pro- blèmes persistent.

“La F.D.S.E.A. (syndicat agri- cole majoritaire dans la pro- fession) et la fédération de chas- se du Doubs privilégient le dia- logue depuis deux ans” explique Guy Scalabrino, missionné par ses pairs pour la mise en place de cellules de veilles localement, au niveau des unités de gestion. “Elles sont 43 dans le Doubs, constituées à parité de chasseurs et d’agriculteurs.” Car si les dégâts sont selon lui contenus dans le département du Doubs, il demeure des points noirs, “notamment certains secteurs du plateau de Maîche.” Alors des mesures sont prises régulière- ment pour lutter contre la sur- population de sangliers, “des bat- tues ou simplement des actions de décantonnement pour les fai- re se déplacer. Des décisions prises Guy Scalabrino se rend régulièrement sur le terrain pour constater les dégâts subis par ses col- lègues agriculteurs.

par l’administration en concer- tation avec tous les protagonistes” détaille l’agriculteur. Mais il le sait, le point d’achoppement prin- cipal entre les deux parties res- te l’agrainage, autrement dit l’installation par les chasseurs de lieu où le gibier vient se nour- rir…

envoyer un formulaire à la fédé- ration qui envoie un contrôleur, lequel proposera une estimation. Et le dossier se poursuivra tant que les parties ne seront pas d’ac- cord sur les chiffres” explique Guy Scalabrino. “Et avant de conclure, il faudra que le contrô- leur revienne à nouveau estimé

“Il peut être dissuasif quand il est fait pour attirer les sangliers dans la forêt donc loin des cul- tures. Mais aussi par-

au moment de la récolte pour confirmer les pertes réelles.” Autant dire que nombreux agriculteurs se découragent et souhaitent

Laisser du temps au temps…

voir ce dispositif simplifié. Com- me ils espèrent aussi voir pris en compte les dommages colla- téraux : “Les trous peuvent par exemple engendrer des dégâts mécaniques sur nos machines.” Le sujet est aujourd’hui en dis- cussion. Mais comme le dit avec sagesse l’agriculteur, “nos cel- lules de veille sont encore jeunes. Il nous faut encore du temps pour sensibiliser et discuter.” C’est à ce prix que la quiétude revien- dra dans le pré. D.A.

fois à poste fixe pour garder le gibier sur le secteur, ce qui est interdit sans autorisation expres- se de la fédération de chasse.” C’est précisément quelques cas isolés de cette pratique contes- tée qui créent ici ou là des dif- ficultés. Car un sanglier qui entre dans une pâture fait des dégâts, et pour l’agriculteur, ceux-ci ont un coût que la fédération de chas- se indemnise : “C’est le cas si le seuil de 76 euros de dégâts esti- més est franchi. Mais la procé- dure est lourde et longue : il faut

Les Bréseux

L’inventeur espère prendre de la hauteur Originaire des Bréseux, Frédéric Lab a créé un système de fixation rapide et sûr des prises d’es- calade artificielle. Professeur à la fac de Sports, il espère commercialiser rapidement son pro- duit qui “révolutionnerait son sport” dit-il.

L es obstacles ne sont pas du genre à intimider Frédéric Lab, professeur de sports à la faculté de Besançon. Mais l’inventeur de SK’Lab, processus novateur dans le monde l’escalade, doit aujour- d’hui franchir la dernière étape de son projet : la commerciali- sation. À 45 ans, ce Bisontin a

“On a juste besoin d’une clé, qui est la même pour toutes les prises que l’on installe en un quart de tour. On peut ensuite fixer la pri- se dans le sens choisi. C’est trois fois plus rapide et sûr. Cette idée ne m’est pas venue d’un seul coup mais a mûri dans la durée” , explique-t-il. Aidé dans ses démarches admi-

mis la main sur une trou- vaille qui paraît simple. Encore fallait-il l’imagi- ner. Comme tous les profs de sport ou les amateurs de grimpe, il s’est retrou-

nistratives par l’incuba- teur d’entreprises inno- vantes de Franche-Com- té situé à Besançon, Fré- déric a protégé son inven- tion, aujourd’hui brevetée.

Bientôt la norme mon- diale ?

vé confronter à la longue et déli- cate mission de changer les prises d’une voie d’escalade. “Il faut des clés de tailles différentes dans une main, des prises dans l’autre main, et il faut dévisser puis revis- ser. C’est long, très long et on est jamais sûr qu’elles sont bien vissées.” Partant de son expé- rience, il a inventé une prise qui se fixe avec une attache en un quart de tour et sans pas de vis.

Techniquement, il a fait évoluer son produit et remporté le concours Oséo en projet en émer- gence avec une aide financière à la clé. Reste désormais, “l’éta- pe la plus difficile” juge-t-il : la vente. “Les grandes firmes sont toutes intéressées mais der- rière, il y a un enjeu énorme car cela implique de changer les inserts sur les murs. Mes inserts sont toutefois compatibles avec

Originaire des Bréseux, Frédéric Lab est professeur de sport à l’université de Franche-Comté et inventeurd’un système de prise d’escalade novateur.

note cet amateur de varappe. Testées, ses pièces peuvent être démontées et remontées 1 000 fois. Cela représente une durée de vie de 20 ans. Un bémol : le coût est deux fois plus impor-

tant que les prises tradition- nelles. Seules d’importantes com- mandes lui permettront d’abais- ser les coûts de fabrication. Pour SK’Lab, l’ascension approche. E.Ch.

les prises standards.” Sachant que son invention offre davantage de sécurité, il espè- re faire de son produit la futu- re norme au niveau européen puis mondial. “Une commission

de sécurité se tient, réunissant tous les fabricants. L’enjeu est que ma prise devienne la norme. Tous les gens qui font de l’es- calade sont conquis car cela faci- litera la vie de tout le monde”

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