Journal C'est à Dire 190 - Septembre 2013

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V A L D E M O R T E A U

Rivières

Poisson du Doubs franco-suisse et de la Loue, l’apron a quasiment disparu de nos rivières. Un expert inter- national est venu évaluer la situation de cette espè- ce protégée par la Convention de Berne mais en danger du fait des pollutions. Des associations - dont S.O.S. Loue et Rivières Comtoises - ont dépo- sé plainte face à l’inaction suisse et française. Pollution : la pression monte autour de l’apron

L’apron, poisson du

Doubs et de la Loue, pourrait disparaître.

L apressionmonteautourde l’apron.Cousindelaperche commune et du sandre, l’apron, appelé aussi “Roi du Doubs”, est en danger. Ce per- cidé, historiquement présent dans la Loue et le Doubs franco-suisse, a quasiment disparu. Classé par l’U.I.C.N.(UnionInternationalepour la Conservation de la Nature en France) “espèce en danger cri- tique d’extinction” , il a été l’objet en 2011 d’une plainte interna- tionale de trois O.N.G., Pro-Natu- ra en Suisse, leW.W.F. Suisse et la Fédération Suisse de Pêche, alarmées par cette situation. En 2012, le collectif S.O.S. Loue et manent de la Convention de Ber- ne décide de mandater un expert scientifique afin de se pronon- cer sur les suites à donner à la plainte. Cet expert, un professeur de l’université de Liège, s’est ren- du à Goumois. “Au terme des trois jours d’expertise, il est reparti avec l’ensemble de nos dossiers et de nos données scientifiques” explique Marc Goux, fondateur du collectif S.O.S. Loue et rivières comtoises. “Il y a eu de l’écoute et du dialogue mais je suis pes- simiste quant à la survie de ce poisson. Nous avons établi avec les O.N.G. une liste de recom- mandations qui ont été trans- mises à l’expert et au comité de la Convention de Berne” Le comi- té, courant septembre, décidera des suites de ce dossier. “Nous attendons que nos recomman- rivières comtoises et Fran- ce Nature Environnement- Franche-Comté se joignent à cette plainte, en y inté- grant la Loue. Face à cet- te pression, le comité per-

dations soient prises en compte et que les États les entendent et apportent des réponses. Avec cet- te plainte, ils ont la pression” reprend Marc Goux. L’agriculture serait sans surprise un des facteurs expliquant la disparition de l’apron. “Selon nos études, 98 % des causes de l’eutrophisation du Doubs sont d’origines agricoles” reprend l’animateur du collectif. Et d’accuser sans ménagement la filière comté, responsable selon lui de l’asphyxie des sols causée par la monoculture d’herbe. Parmi les recommandations des associations transmises au comi- des rejets directs des stations d’épuration dans les rivières. Si les autorités ont commencé à réagir suite au dépôt de la plain- te, notamment en constituant des groupes de travail trans- frontaliers et en étudiant des méthodes visant à diminuer les effets de l’exploitation des bar- rages, les mesures qu’il reste à prendre selon les O.N.G. sont nombreuses : augmentation de la fréquence des mesures sur la qualité de l’eau, communication des études officielles, arrêt du traitement des grumes par les scieurs, réduction des pollutions chroniques par l’assainissement des stations d’épuration, dimi- nution des effets de la pollution des décharges d’ordures, etc. Les conclusions de l’expert sont pré- vues fin septembre. E.Ch. té permanent de la Convention de Berne, la désintensification de la production agricole figu- re en tête de proue. Mais également la suppression

Le comté pointé du doigt.

Pour une gestion commune des trois barrages Dans les recommandations de S.O.S. Loue et Rivières, il est demandé que les trois barrages sur le Doubs franco-suisse que sont le Châtelot, le Refrain et la Goule, soient dirigés par une même société. Les États suisse et français vont se réunir le 30 octobre pour évoquer la question “des débits du Doubs franco-suisse.”

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