Journal C'est à Dire 183 - Janvier 2013

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

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projet d’agrandissement est à l’étude.” Bien avant Dentsply, d’autres choix ont contribué au succès de l’entreprise proche de Vallor- be. Tout est parti d’Auguste Maillefer le fondateur. Cet hor- Maillefer croque la croissance à pleines dents Ballaigues L’histoire de cette entreprise installée à Ballaigues, vers Vallorbe, est marquée par des choix stratégiques pers- picaces qui en font aujourd’hui le leader mondial de l’instrumentation en endodontie. Projet d’agrandissement. nouvelle orientation intègre un fort potentiel de développement. “Elle s’inscrit dans un marché de soins de nécessité plutôt que de soins de confort. On peut vivre avec une dent en moins et ne pas la remplacer. C’est plus difficile de supporter une dent douloureuse.”

L es ventes deMaillefer ont étémultipliéespar8depuis qu’elle a rejoint Dentsply en 1995. Ce groupe amé- ricain spécialisé dans le matériel dentaireemploie16 000personnes. Sonchiffred’affairesapproche trois milliards de dollars. Grâce à cette alliance, l’entreprise de Ballaigues a bénéficié d’une tout autre infra- structure commerciale qui lui a ouvert des canaux de distribution dans le monde entier, notamment sur les marchés de l’Asie et de l’Amérique du Sud. Quand on sait que Maillefer exporte 96 % de sa production,onmesuretoutl’intérêt de ce rapprochement qui fut plu- tôt biennégociéparlafamilleMaille-

fer. “Le groupe Dentsply a lais- sé une certaine autonomie” , sou- ligne Dominique Legros, ingé- nieur français qui a pris la direc- tion de l’entreprise en jan- vier 2012. En succédant à Pier- re-Luc Maillefer, il mettait fin à la tradition des dirigeants issus de la famille fondatrice. L’essor commercial se répercute forcé- ment sur les moyens de produc- tion. L’effectif a pratiquement doublé au cours de la dernière décennie pour atteindre aujour- d’hui 870 collaborateurs, dont 70 % sont frontaliers. “On a recruté une soixantaine de per- sonnes en 2011. On commence à se sentir un peu à l’étroit. Un

loger devenu dentiste à 40 ans se met à fabriquer ses propres instruments. Il crée Maillefer Instruments en 1889. Ses trois fils développeront la gam-

870 collaborateurs dont 70 % sont frontaliers.

Chez Maillefer, le cocktail de la réussi- te repose la qualité et le maintien d’un savoir-faire original

me des produits pour la dentis- terie, du tire-nerf en passant par diverses mèches. Ce savoir-fai- re horloger appliqué au médi- cal connaît une nouvelle évo- lution capitale dans les années soixante. Maillefer se spéciali- se dans l’instrumentation utili- sée pour le traitement des racines dentaires, ou endodon- tie. En s’adossant au vieillis- sement de la population, cette

et inventif, valorisé par une main-d’œuvre performante, le tout en s’appuyant sur une puis- sance de frappe commerciale d’envergure mondiale. “L’activité a connu une pause en 2009 avant de repartir sur une croissance modérée car on subit aussi l’impact de la crise et la cherté du franc suisse” , modère tout de même Dominique Legros. F.C.

“Un projet d’agrandissement est à l’étude”, confie Dominique Legros, le premier “non Maillefer” dans l’histoire des directeurs de l’entreprise de Ballaigues.

“Il manque des parkings-relais” Lʼ entreprise Maillefer a investi dans la mise en place dʼune navette de bus entre Pontarlier et Ballaigues. Ce bus qui circule depuis la Toussaint vient chercher les frontaliers le matin et les ramène à bon port le soir. “On finance totalement ce dispo- sitif. Cela représente une dépense significative à des- tination de 80 collaborateurs. On nous a fait le reproche de ne pas faire la même chose avec ceux qui habi- tent à Lausanne” , explique Dominique Legros qui assume ses choix comme cela fut le cas en jan- vier 2012 quand il octroya une prime uniquement aux salariés résidents en Suisse, par souci de compen- sation vis-à-vis des frontaliers qui avaient vu leurs

salaires augmenter de 23 % suite à la dépréciation de lʼeuro face au franc suisse. Le directeur pointe du doigt le manque de parkings-relais qui permettrait de renforcer lʼefficacité des bus et de démultiplier le co- voiturage. “Avec dʼautres points dʼarrêt, on remplirait plus facilement la navette.” Il avoue aussi ne pas trop savoir à qui sʼadresser côté français tant il est com- pliqué de savoir qui fait quoi dans le millefeuille des collectivités. “En Suisse, cʼest la commune ou le canton.” Maillefer progresse aussi sur les plans des avancées sociales avec la création récente dʼune commission du personnel équivalente à nos comités dʼentreprise. “Le gros sujet de discussion sʼarticule autour de la flexibilité du temps de travail. Ceux qui travaillent la journée et ne sont pas concernés par des horaires fixes réclament plus de souplesse dans les plages horaires.” À quand la grève ?

Les navettes de bus entre Pontarlier et deux des trois sites Maillefer à Ballaigues circulent depuis le 1er novembre.

La forêt des sorcières Les éboulis au pied de la falaise du Creu du Van sont recouverts de curieux petits arbres rabougris, des épicéas plus que centenaires dont la taille ne dépas- se par 2 m de haut. Mystère. Val de Travers

dier les éboulis froids dont l’un est localisé justement au Creu duVan. Au pied de ces amas de pierre, la température est très stable en été et descend largement sous 0 °C en hiver quelle que soit l’épaisseur du manteau neigeux. Des différences de températures importantes sont également constatées entre le bas et le haut

anormalement chaudes en hiver. En été, c’est le phénomène inver- se avec appel d’air chaud par le haut qui se refroidit en descen- dant et maintient la base au frais. “L’amphithéâtre du Creu du Van fonctionne comme un frigo géant ou un pergélisol atypique.” Ces échanges compliquent le dévelop- pement de la végétation soumi-

O nretrouvedesarbresnains au pied d’autres cirques rocheuxdansleJuraetles Alpes où ces curiosités ont donnélieuàdeslégendescomme cel- le delaforêtdessorcièresdanslarégion d’Appenzel. Les premières observa- tions scientifiques ont été effectuées danslesannéessoixanteparle bota- niste Jean-Louis Richard. Cet uni- versitaire neuchâtelois avait aussi noté la présence de glace au sol et de courants d’air froid. L’explication du phénomène a don- né lieu à plusieurs hypothèses. La première évoquait la présence de glaciers enterrés issus des der- nières glaciations. “Faux, même si

de l’éboulis. “La base reste pratiquement tou- jours froide alors qu’on note des températures positives sur la partie haute en hiver. C’est la

se à ces conditions extrêmes qu’on retrouve dans les tourbières ou sur les “zones de combat” alpines à plus de 2 000 m d’altitude. Dans la région

Ventilation d’air à l’intérieur de ces éboulis.

cette hypothèse a encore la vie dure”, explique Sébastien Morard, géomorphologue qui a réalisé en 2007 une thèse sur les éboulis froids à l’université de Fribourg. Autre version avancée : cette aber- ration végétale serait liée à un manque d’ensoleillement à l’intérieur du cirque du Creu du Van. Sauf que les zones les plus à l’ombre ne sont pas forcément celles où l’on trouve les épicéas nains. Pour connaître la vérité, il fallait examiner ce qui se pas- se sous les arbres. En 1997, Ray- nald Delaloye, professeur de géo- mophologie à l’université de Fri- bourg, va consacrer sa thèse à étu-

du lac des 4 cantons, les hommes avaient creusé au XIX ème siècle des caves à lait dans ces zones d’éboulis. Petite anecdote, plus l’amplitude thermique est forte, plus l’effet cheminée est impor- tant. En 2003, année de la cani- cule, la température moyenne annuelle au pied du Creu du Van à 800 m d’altitude était inférieu- re à celle mesurée sur la face nord de l’Eiger à 1 800 m. À chacun ses sommets.

ventilation d’air à l’intérieur de ces éboulis qui explique ces ano- malies thermiques et la présence des espèces bonzaï” , poursuit Sébas- tien Morard. Le processus de cir- culation relève de l’effet de che- minée. En hiver, l’air extérieur est plus froid qu’à l’intérieur de l’éboulis. Cette différence génère une aspi- ration par le bas de l’air froid qui remonte ensuite et se réchauffe, ce qui explique ces températures

Sébastien Morard avec la cartographie des températures hivernales au Creu du Van.

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