Journal C'est à Dire 183 - Janvier 2013
É C O N O M I E
47
Société Personnes âgées : la dépendance en questions
P lusieurs structures de ser- vices à domicile traversent de grandes difficultés actuellement. C’est le cas notam- ment dans le Haut-Doubs de l’association Gardénia. La struc- ture qui possède une antenne sur le Haut-Doubs où travaillent plu- sieurs dizaines de salariés avait été placée en redressement judi- ciaire le 24 janvier dernier, après avoir accumulé la bagatelle de 750 000 euros de dettes. Le D’ici huit ans, le nombre de personnes âgées dépen- dantes devrait passer de 27 000 à 33 300 en Franche-Comté. Il faudrait créer entre 4 000 et 5 000 emplois à temps plein pour répondre aux futurs besoins. Pendant ce temps-là, des structures de services à la personne ferment…
Christian Jouillerot et toute son équipe vous souhaitent une bonne année 2011 18 €
18 €
Le nombre de personnes âgées dépendantes ne va cesser de croître.
son effectif a chuté à 127 sala- riés et “huit nouveaux licencie- ments économiques sont annon- cés” ajoute la C.G.T. “Tous ces problèmes engendrent un fort
âgée de 60 ans et plus devrait augmenter fortement, de + 35 % et “six fois plus rapidement que la population globale.” Actuellement, 27 000 personnes sont en situation de dépendan- ce en Franche-Comté, elles devraient atteindre les 33 300 d’ici 2020, dont 13 300 personnes lourdement dépendantes. À ce jour, 17 800 de ces personnes dépendantes vivent à leur domi- cile, soit deux tiers des dépen- dants. Dans tous les cas de figu- re, les projections des statisti- ciens font état d’un besoin en personnel qui augmenterait donc de 25 % d’ici 2020. Alors com- ment expliquer de ce fait les grandes difficultés que traver- sent les structures d’aide à domi- cile ? Une des explications à ce pro- blème d’emploi, c’est selon les syndicats le manque de cadre
et de pilotage du dispositif d’aide à la personne. “Il ne faut pas laisser faire n’importe qui et n’importe quoi dans ce domai- ne d’activité. On a prévu d’interpeller le Conseil général sur cette question informe Michel Faivre-Picon. Une journée de mobilisation est prévue le 21 décembre devant le Conseil général du Doubs.” En toile de fond, c’est le statut du travail à domicile qui est en jeu, un sta- tut jugé précaire et mal rému- néré. J.-F.H.
55 € 58 €
27 novembre, le tribunal de Montbéliard où elle a son siège a confirmé les difficultés et a pronon- cé le 30 novembre la liquidation judiciaire. Et “sur les 183 salariés, seu- lement 95 ont été propo-
mécontentement, de la souffrance, une rotation de personnel importante, mais aussi de l’insatisfaction auprès des usagers nombreux étant des personnes âgées dépendantes.”
55 €
“4 000 à 5 000 emplois supplémen- taires.”
Ce constat, alarmant sur le plan de l’emploi, va pourtant à contre- sens des besoins en matière de services à domicile. Selon une étude de l’I.N.S.E.E. parue fin novembre, “il serait nécessaire de créer 4 000 à 5 000 emplois supplémentaires en équivalents temps plein dans les huit pro- chaines années, soit un quart de plus qu’aujourd’hui.” D’ici 2030, la population franc-comtoise
sés pour être repris par une ou plusieurs associations interve- nant sur le secteur, dont l’A.D.M.R. pour le Haut-Doubs” selon la C.G.T. Franche-Comté qui suit de près ce dossier. Le risque était donc d’aboutir à plus de 90 suppressions d’emplois. A.A.D., une autre structure, pri- vée cette fois, voit également sa situation se dégrader. Elle comp- tait plus de 160 salariés en 2011,
Voir conditions de souscription en agence
Entreprises “Haut-Doubs :
c’est la guerre de la main-d’œuvre” D’après une étude réalisée par l’Union des industries et de la métal- lurgie de Franche-Comté, les industries maintiennent leur activité mais les carnets de commande n’excèdent pas six mois. Pour nos entreprises, la concurrence suisse est à double tranchant.
L’ Union des Industries et des métiers de la métal- lurgie (U.I.M.M.) de Franche-Comté casse une idée reçue selon laquelle ce secteur d’activité représentant 67 000 salariés et 1 500 entreprises péri- cliterait en Franche-Comté. On est loin de la déprime de 2008. D’après une étude réalisée auprès de ses adhérents, l’U.I.M.M. est arrivée à une synthèse détaillée. 253 entreprises représentant 21 269 salariés ont été interro- gées sur divers points comme l’évolution de leur chiffre d’affaires en 2011 comparé à 2010. Les résultats en 2011 “sont bons” commente Étienne Boyer, le pré- sident de l’U.I.M.M. : 47 % d’entre elles confirment avoir eu une croissance soutenue, 22 % une croissance faible, 13 % une stagnation, 10 % un recul faible et 8 % un recul important. Les avis sont davantage par-
tagés pour le premier semestre 2012 avec 25 % qui confirment avoir eu une croissance soute- nue et 17 % qui prétendent avoir connu un recul important. Le second semestre 2012 est un peu moins bon avec seulement 10 % des entreprises avec “croissan- ce soutenue” et 35 % avec “bais- se d’activité.” “Nous avons effec- tivement senti un tassement. Le
Le grand problème pour l’industrie : “C’est une main- d’œuvre qualifiée que nous ne trouvons pas.” témoigne Jean- Luc Quivogne, président de la fédération de Haute-Saône. Dans la région, 170 contrats d’apprentissage étaient propo- sés. Seulement 100 ont trouvé preneur à la rentrée de sep- tembre.
Le président de l’U.I.M.M. du Doubs voit la Suisse “comme un pourvoyeur d’activité et un consommateur de main-d’œuvre…”
la formation des élèves soient négociées. La Région Franche- Comté est en négociation avec nos voisins et ses cantons pour créer un organisme de forma- tion commun. Points de tension : qui finance ? À quelle hauteur ? La métallurgie devra recruter en France 100 000 personnes par an “et les salaires y sont inté- ressants” dit un chef d’entreprise. Les patrons ont un souhait : que les jeunes apprennent à connaître les métiers. Objectif : casser cette image du travail à la Zola en accueillant notam- ment les conseillers d’orientation dans leurs entreprises “qui sont trop souvent déconnectés de la réalité” dit l’Union. En terme d’emploi, 69 % des sociétés sondées disent avoir besoin en personnel pour le
second semestre mais le recul est annoncé plus important pour la fin 2012 que le début, preu- ve de la fragilité du secteur concurrencé en Europe et dans le reste du monde. Si seulement 14 % des industries franc-com- toises envisagent d’avoir recours au chômage partiel, elles sont seulement 4 % à avoir mis en place des procédures de licen- ciement. Si l’avenir s’inscrit en pointillé en terme de commandes, l’U.I.M.M. voit d’un bon œil les annonces du gouvernement : “On traîne le problème de com- pétitivité comme un boulet. Il faut s’attaquer à ce sujet” dit le président. En plus de la Suis- se, les chefs d’entreprise ne pou- vaient manquer la comparaison avec l’Allemagne : “Lorsqu’en
France une entreprise achète une voiture de société neuve, elle paye la taxe de voiture neuve… alors qu’en Allemagne au bout de trois années, elle ne coûte plus rien, ce qui est bien différent de la France.” Autre point crucial à travailler : les marges et l’innovation. “En 40 années à la tête de l’entreprise, je n’ai touché qu’une fois aux dividendes. Tout le reste est inves- ti” confie Jean-François Parrot, de l’U.I.M.M. du Jura. Chacune des organisations départementales a son propre fonctionnement et sa propre convention collective. Loin de la crise de 2008, l’industrie régio- nale a retrouvé de la vigueur mais l’équilibre demeure fra- gile. E.Ch.
C’est encore plus vrai pour le secteur du Haut- Doubs avec la concurren- ce suisse : “En terme de main-d’œuvre, c’est la guerre” relate le prési- dent du Doubs bien
chômage partiel touche davantage d’entreprises mais il permet de gar- der les compétences” témoigne le président de l’Union, qui représente également le Doubs.
Pas de problème de trésorerie.
Nerf de la guerre, la trésorerie ne semble pas être un élément préoccupant : 84 % des sondés avouent ne pas avoir de difficul- tés de trésorerie à court terme et 93 % disent ne pas rencon- trer de problèmes avec les éta- blissements bancaires.
conscient qu’il est difficile de se mettre à niveau. “Le coût horai- re travaillé est le même mais les salariés suisses travaillent 41 heures… C’est est un concur- rent mais aussi un client” témoigne Étienne Boyer qui sou- haiterait que des modalités sur
Made with FlippingBook Annual report