Journal C'est à Dire 181 - Octobre 2012

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D O S S I E R

Des prêtres venus d’ailleurs Après le plombier, le prêtre polonais

Intégrisme ou simples réunions ? On a retrouvé le prêtre chassé du Haut-Doubs En avril dernier, un prêtre relevant du diocèse d’Au- tun organisait sans l’autorisation de l’archevêque de Besançon des rencontres à Maîche et Morteau qui n’étaient pas “en phase” avec l’Église diocé- saine. Il n’a rien d’intégriste affirme l’intéressé…

D es yeux bleus perçants et un large sourire. Robert Gazdowicz a rame- né de sa Pologne natale une joie de vivre communicative qu’il distille aux paroissiens de l’unité pastorale deMaîche… et une bouteille de vodka entreposée dans ses bagages. S’il ne boit pas d’alcool, le prêtre ne manque pas l’occasion d’inviter ses invités à goûter la vodka glacée à l’herbe de bison, une spécialité de son pays. Et franchement, elle a du goût… comme ce prêtre d’ailleurs qui maîtrise parfaitement notre langue française. Âgé de 41 ans, ordonné il y a 15 ans, il est originaire de la ville de Przemysl située dans le sud-est de la Pologne. Robert Gazdowicz est arrivé en France en 2000, à Poitiers, où il a appris notre langue. Une fois sa formation ter- minée, il a été envoyé en Corse durant six ans où il a notamment rencontré Monsei- gneur Lacrampe, aujourd’hui arche- vêque de Besançon. Retourné en 2008 en Pologne, il est aujourd’hui membre de lamission catho- lique polonaise de France.Autant dire que son regard entre la pratique du culte en France et dans son pays est précis. “En Pologne, il y a 40 % de la population qui fréquente la messe dominicale. Si quelqu’un ne va pas la messe, il est montré du doigt. Il y a la pression de la tradition et on se demande parfois pourquoi Originaire de Pologne, Robert Gazdowicz est arrivé en sep- tembre à Maîche où il officie avec l’abbé Bruno Doucet. Il compa- re la pratique du culte chez lui et les pratiques françaises.

J oint au téléphone à son domicile situé dans le sud du Territoire-de- Belfort où il se repose avant une opération chirurgicale, l’abbé Jean-Daniel Zorzi ne souhaite pas évoquer cette affaire qui l’a meurtrie, “sans en référer au préalable à son évêque” lâche-t-il tout en confessant qu’il se remet mal des accusations portées à son encontre. lecture des articles de pres- se qui ont couru sur son sort en avril dernier. Rappel des faits : les paroissiens de Maîche apprennent à la lec- ture de la dernière page du feuillet d’accompagnement de la messe du 4 ème dimanche de Pâques (29 avril) qu’un prêtre relevant du diocèse d’Autun intervenait sur le secteur sans autorisation de l’archevêque. Il organiserait des réunions à Damprichard Défini comme un “prêtre intégriste” prônant le culte de la vierge, il a été mar- qué et surpris à la

et aux alentours. Aussitôt, l’archevêque de Besançon alerte Monseigneur Rivière, évêque d’Autun, en l’aver- tissant qu’il n’a aucun pou- voir pour intervenir d’une manière ou d’une autre sur le diocèse de Besançon. “Je peux juste vous dire que je suis droit dans mes bottes. Je n’ai jamais marché sur les plates-bandes du curé. Je ne suis jamais entré dans une église ici ! Je suis simplement venu voir des amis et nous avons prié ensemble, c’est vrai. Quel mal à cela ? Je n’ai rien d’inté- griste” coupe-t-il. Âgé de 47 ans, il a officié dans plusieurs paroisses de Saône-et-Loire, fut ordonné prêtre en 2002 à Autun, pas- sa au séminaire à Paray-le- Monial puis étudia la théo- logie à Lyon. L’évêque d’Au- tun que nous avons tenté de contacter n’avait pas donné suite à l’heure où nous bou- clions ces lignes. E.Ch.

Le prêtre Polonais Robert Gazdowicz (à droite) accueilli à la cure de Maîche par l’abbé Bruno Doucet.

les gens sont à la messe…” dit-il. On se croi- rait revenu soixante ans en arrière dans le Haut-Doubs, époque où le prêtre avait main- mise sur tout, où il pouvait mettre au pilori un jeune garçon qui n’avait pas appris son caté- chisme. La Pologne est encore dans cette tra- dition. Robert, lui, est loin de tout cela. Avec sa guitare, il donne vie à l’église : “Ce qui compte, ce n’est pas la quantité de personnes qui viennent à la messe mais la qualité ” explique-t-il. En Pologne, le catéchisme est même obligatoire de la maternelle jusqu’au bac. “J’étais rémunéré par l’État pour donner 27 heures de cours par semai- ne aux élèves. Au final, je ne faisais plus que cela” témoigne le Polonais qui a donné sa pre- mière messe à Maîche un samedi soir.Au bout d’un mois, il a pris ses marques et collabore avec Bruno Doucet, prêtre dynamique et heu-

reux d’accueillir un “frère”. Si le Haut-Doubs était la région la plus pourvoyeuse de prêtres, c’est donc elle aujourd’hui qui accueille des étrangers. Et cela ne choque plus personne. “Les paroissiens prennent de la responsabilité notamment lors des enterrements. C’est une bonne chose” avoue le père Bruno Doucet ordon- né en 1984. À l’époque, Maîche comptait 14 prêtres… pour deux désormais. Un constat saisissant. Au Russey, c’est un prêtre venu du Vietnam qui vient de poser ses valises. Il a passé quelques mois au centre des langues appliquées de Besan- çon pour s’initier à notre langue. Quant à la langue du seigneur, elle est “universelle” disent les catholiques.Aucune importance donc qu’un prêtre vienne de Pologne, duVietnam, du Bur- kina ou de France… E.Ch.

“Je suis droit dans mes bottes.”

Il était prêtre et professeur.

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