Journal C'est à Dire 181 - Octobre 2012

D O S S I E R

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RELIGION CATHOLIQUE LE HAUT-DOUBS EST-IL TOUJOURS UNE TERRE DE MISSION ?

La religion catholique domine toujours largement dans un Haut-Doubs où le fait religieux a toujours été prégnant. L’histoire montre à quel point le catholicisme est depuis longtemps, dans ses terres de tradition, un des piliers de la société locale. Seulement, comme dans toutes les autres régions françaises et en Europe en général, la pratique religieuse s’effrite. Peut-être pas aussi vite que s’écroule le nombre de sacrements (baptêmes, mariages…) et les effectifs de prêtres dans le diocèse de Besançon. Le Haut-Doubs, cette terre de mission pour le catholicisme, a donc largement perdu de sa ferveur religieuse. On constate pourtant que de nouvelles formes de pratiques essaient de s’imposer, avec des mou- vements spirituels dans la mouvance catholique qui tentent une nouvel- le percée sur ces terres qui restent tout de même très perméables au fait religieux. En cette période de Toussaint, il nous est apparu opportun de prendre le pouls de la religion catholique dans le Haut-Doubs.

Religion catholique La pratique religieuse

est en baisse générale

De moins en moins de pratiquants, de moins en moins de sacrements, de moins en moins de de vocations. Tel est l’implacable constat de la pratique religieuse dans le diocèse de Besançon. L’Église catho- lique doit s’adapter.

P ersonne, dans le diocèse de Besançon, dans le doyenné du Pays Hor- loger ni même au sein des unités pastorales ne tient de statistique précise sur la fré- quentation des églises.À part lors d’événements exceptionnels, com- me ce fut le cas par exemple le 16 septembre dernier lors de l’inauguration de l’église de Mor- teau rénovée, ou à l’occasion de certaines cérémonies d’obsèques,

nier. Alors comment enrayer ce phé- nomène ? Même si l’Église catho- lique “ne cherche pas à faire du chiffre” poursuit le père Mes- nier, elle doit pourtant s’adapter à la baisse de la pratique reli- gieuse, à tous points de vue, y compris financier. Le denier de l’Église a encore enregistré une baisse d’1,59 % l’an dernier. Cet- te ressource basée sur les dons des chrétiens assure 75 % des recettes du diocèse (le reste, ce sont les dons et les legs). Dans ce contexte, selon les représen- tants du diocèse de Besançon, l’Église se doit d’être “vraie, modeste et à l’écoute des gens. L’Église ne baisse pas les bras, n’avons aucune leçon à donner à quiconque, notre mission n’est pas de faire du nombre, mais il faut évidemment que l’on s’adapte à ces changements.” L’hémorragie est tout aussi dra- matique en ce qui concerne le nombre de prêtres : ils étaient 670 en 1980 sur le territoire du diocèse (il couvre tout le Doubs, moins le Pays de Montbéliard et toute la Haute-Saône, moins le secteur de Lure), ils ne sont plus que 210 aujourd’hui. Il n’y elle se doit d’être mal- gré tout une Église qui vit la charité. Dans un contexte où la société n’est plus chrétienne, nous devons essayer de vivre en chrétiens. Nous

a eu aucune ordination cette année, comme l’an dernier. Et sur les 210 prêtres, seuls 14 d’entre eux ont moins de 50 ans. Sur les 67 unités pastorales, une quinzaine n’ont même pas de prêtre résident. L’ancien prêtre de Morteau, le père Noël Ron- cet, doit désormais gérer un doyenné entier, celui de Faver- ney-Jussey en Haute-Saône, avec seulement un deuxième prêtre à ses côtés. Paradoxalement, à une époque où la perte des repères semble généralisée, la fréquentation des pèlerinages ou encore les retraites dans les monastères, sont, elles, en augmentation. Pour le père Mesnier, le nouveau rôle de l’Église est “d’adapter notre parole aux gens qui n’ont pas l’habitude de l’entendre. On s’efforce à le faire systémati- quement dans les grands ras- semblements ou lors de funé- railles qui rassemblent beaucoup de monde. Il est impératif que nous arrêtions d’avoir l’air de faire la morale aux gens. C’est aussi cela le changement à opé- rer” note avec lucidité le chan- celier du diocèse. Pour l’instant, les froides statistiques ne plai- dent guère en la faveur de cet- te Église qui tente, y compris dans le Haut-Doubs, d’aller à la reconquête de ses ouailles per- dues. Un sacerdoce à part entiè- re. J.-F.H.

té se construit désormais sans référence à Dieu” avance le prêtre. Si la pratique est en baisse régu- lière, les sacrements le sont aus- si. En trente ans, les statistiques ont fondu comme neige au soleil (voir tableaux plus loin). En ce qui concerne les baptêmes, ils sont passés de 6 198 en 1980 à 3 361 en 2011, près de deux fois moins en trente ans. “Le baptême est de moins en moins fréquent mais il devient plus une adhésion personnelle. Les parents qui font la démarche s’impliquent vraiment. Tout comme les adultes qui sont plus nombreux qu’avant à demander le baptême. Dans notre diocèse, ils représentent Besançon, elles n’étaient plus que 713 l’an dernier. “C’est la dégringolade totale” constate le chancelier, notamment chargé de suivre les statistiques. Le nombre de confirmations est à l’avenant, passant d’un millier au début des années quatre- vingt à 425 en 2011. Dans ce registre peu reluisant, seules les funérailles religieuses se main- tiennent : 4 545 en 1981, 4 216 en 2011. “C’est ce qu’il y a de plus stable…” sourit le père Mes- entre 100 et 200 bap- têmes par an.” Les chiffres sont pires enco- re pour les mariages : 2 368 unions religieuses ont été célébrées en 1981 sur le diocèse de

les églises du Haut-Doubs sont rarement pleines. Il y a encore trente ans, on estimait à 10 %des chrétiens d’un secteur se rendant régulièrement à la messe du dimanche. “Ces chiffres se sont dégradés. Selon les secteurs, les chiffres oscillent entre 5 et 10 % des baptisés” estime le père Georges Mesnier, le chancelier du diocèse. La faute à qui ? “A la globalisation de la séculari- sation, de la laïcisation. La socié-

670 prêtres en 1980, plus que 210 aujourd’hui.

Le père Georges Mesnier, chancelier du diocèse, tient à jour les statistiques de l’Église.

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