Journal C'est à Dire 179 - Septembre 2012

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S P O R T

La France se découvre un nouveau champion “Je reçois encore des lettres de félicitations” Comment Thibaut Pinot a-t-il récupéré du Tour de France et comment digère-t-il son nouveau statut ? Le Haut-Saônois (22 ans) formé à l’Amicale cycliste bisonti- ne veut aller plus loin, sans se griller. Le 2 septembre, il participe au Tour du Doubs.

C’ estàdire:Après3000km parcourus lors duTour de France, comment se porteThibautPinot,premiercou- reur duTour de France àavoir terminéàla10èmeplaceaugéné- ralàseulement22ansdepuisRay- mond Impanisen1947? Thibaut Pinot (cycliste pro- fessionnel à la Française des Jeux) : Très bien. J’ai pris un peu de vacances et repars pour la dernière partie de la saison. J’arrive assez fatigué… Il ne res- te plus beaucoup de jus dans le moteur (rires). Càd : La folie du Tour de France, les demandes d’autographes, des médias, font aujourd’hui partie du passé. Comment digère-t-on cela ? Avec le recul, que vous a apporté ce premier Tour ? T.P. : Les gens me connaissent beaucoup plus ! Il y a surtout eu cette réception chez moi à Meli- sey où plus de 800 personnes sont venues me féliciter. Cette fête a eu un vrai impact sur moi. Der- nièrement, je suis allém’entraîner dans la Planche-des- Belles-Filles : de revoir toutes les inscriptions, ça fait quelque chose ! Je reçois encore beau- coup de lettres de féli- citations et des demandes de dédi- cace. Càd : Pas encore de demande en mariage… T.P. : Non. (N.D.L.R. : Thibaut Pinot a le cœur déjà pris avec Miss Franche-Comté 2011). Càd : S’il y avait une image à retenir de la plus grande épreuve cycliste au monde à laquelle vous participiez pour la première fois, c’est laquel- le ? T.P. : Mon arrivée à Porrentruy lorsque je lève les bras. Càd : Avez-vous douté de votre capacité à résister à Cadel Evans, Bradley Wiggins qui tentaient de vous rejoindre, face au vent ? T.P. : J’ai douté jusqu’à deux kilo- mètres de l’arrivée… Càd : Le plus important est cette victoire d’étape ou la 10ème place au général ? T.P. : Pour l’instant, c’est ma 10e

place. J’ai pensé un temps au maillot blanc mais Van Garde- ren était fort. Càd : À l’inverse, quel fut le moment le plus difficile ? T.P. : Sans aucun doute l’étape menant à Agde avec le vent fort. Je suis sorti fatigué nerveuse- ment de cette étape (le 14 juillet). Càd : N’a-t-il pas été trop dur de se motiver le lendemain de votre victoire et le contre-la- montre de Besançon, ville que vous connaissez bien ? T.P. : J’étais dans ma bulle, concentré. Le soir de ma victoi- re, j’ai été surpris du nombre de supporters venus à l’hôtel à Pugey. Càd : Vous avez retrouvé d’anciennes connaissances avec lesquelles vous rouliez étant plus jeune. T.P. : Oui. j’ai revu beaucoup de monde de l’Amicale cycliste bisontine et la famille. Que du plaisir. T.P. : C’est mon entraî- neur avec Jacques Decrion. Avec eux, je suis tran- quille. Càd : Avoir attaqué les “grands” dans la montagne vous offre un nouveau sta- tut dans le peloton. Wiggins et les autres vous regardent- ils différemment ? T.P. : Les meilleurs me connais- sent…Je n’ai pas parlé avecWig- gins. C’était bonjour, au revoir. Lui aussi est dans sa bulle.Disons que je ne pourrai plus faire de trucs. Càd : Assumez-vous votre sta- tut de futur vainqueur d’un Tour de France ? T.P. : Oui, je l’assume mais il y aune grosse différence entre gagner une étape et un Tour. Il faut déjà gagner des courses d’une semaine avant de prétendre à cela. Càd : Et la grosse tête dans tout cela ? T.P. : J’essaye de rester moi- même. Il n’y a pas de raison que Càd : Parlez-nous de votre relation avec votre grand frère Julien.

je change.

Càd : Hinault a tout de même dit que vous aviez été fabu- leux… T.P. : Venant de lui, ça fait plai- sir. ça compte car il ne fait pas beaucoup de compliments. Càd : Cette nouvelle gloire vous a-t-elle permis de rééva- luer votre contrat avec la F.D.J. ? T.P. : Je n’en ai pas encore par- lé. Càd : Pourtant, de grandes équipes vous font un appel du pied… T.P. : Oui, j’ai bien eu quelques contacts mais j’ai un contrat avec mon équipe et je m’y sens bien. Càd : Paraît-il que vous êtes le chambreur de la bande. Est- ce vrai ? T.P. : Oui. (N.D.L.R. : Thibaut Pinot n’hésite pas à renverser le poivre dans le verre de ses com- pagnons). Càd : Avez-vous été félicité par des politiques ? T.P. : J’ai reçu un appel de la ministre des Sports et François Hollande est venu nous voir lors de la 18e étape (étape des Pyré- nées). Ce n’est pas rien… Càd : Peut-être la présiden- te de Région vous remerciera- t-elle après votre descente des Champs-Élysées avec le dra- peau de la Franche-Comté sur le dos ? T.P. : Arthur (Vichot) l’avait dans sa valise. On l’a sorti et fait quelques mètres avec. Càd : Les Francs-Comtois pourront vous supporter lors duTour du Doubs qui démar- re de Morteau pour se termi- ner à Pontarlier dimanche 2 septembre. Cette course vous est promise… T.P. : Non car c’est une épreu- ve difficile. J’espère avoir de bonnes jambes sinon j’aiderais Arthur Vichot (vainqueur sor- tant). C’est une superbe épreu- ve et je regrette qu’il n’y ait pas d’équipes étrangères. J’espère qu’il y aura beaucoup de mon- de.

“J’assume mon statut de futur vainqueur.”

Propos recueillis par E.Ch.

Thibaut Pinot, un coureur que les Fran- çais ont appris à connaître grâce à sa vic- toire à Porren- truy. Il a été formé à l’Amicale cycliste de Besançon puis à Étupes.

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