Journal C'est à Dire 179 - Septembre 2012

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D O S S I E R

Toujours plus de frontaliers L’office fédéral de la statistique estime que depuis 2006 le nombre de personnes actives de natio- nalité étrangère a augmenté trois fois plus que celui des travailleurs suisses. Tendance

sés au chômage. Notamment par- ce que les frontaliers sont sur- représentés dans le secteur secon- daire (l’industrie), qui reste très sensible aux aléas de la conjonc- ture. Les étrangers représentent en effet plus d’un tiers de lamain- d'œuvre de ce secteur. Enfin, les conditions salariales restent en général plus favo- rables pour les Suisses que pour les frontaliers (5 506 F.S. contre 6 217 F.S.). Non pas que ces der- niers fassent l’objet d’un dum- ping salarial, interdit d’ailleurs, mais les travailleurs étrangers sont en moyenne plus jeunes (près de 55 % d’entre eux ont moins de 40 ans) et d’autre part, d’importantes différences en termes de niveau de formation subsistent entre Suisses et étrangers. J.-F.H.

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A vec 20 000 travailleurs francs-comtois travaillant en Suisse, le nombre de frontaliers n’a jamais été aussi élevé dans toute l’histoire des relations économiques entre les deux pays voisins. Entre 2006 et 2012, le nombre de fronta- liers a littéralement explosé. Outre l’entrée en vigueur en 2002 des accords bilatéraux sur la libre circulation des personnes entre la Suisse et l’Union Euro- péenne, c’est surtout la conjonc- ture économique suisse favo- rable qui explique cette ten-

dance. Certes la Suisse a subi en 2009 une crise économique qui a stoppé l’embauche de fronta- liers, mais “à partir de la deuxiè- me moitié de l’année 2010 une forte augmentation de plus de 2 % est à nouveau observée” constate l’office fédéral de la sta- tistique. Cet apport de main- d'œuvre étrangère atteint un tel niveau qu’en 2011, la part des étrangers dans la population acti- ve représentait 28,5 %. Malgré la belle santé de l’emploi frontalier, ce sont ces travailleurs étrangers qui sont le plus expo-

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Formation

Pénurie d’ingénieurs en Suisse Les entreprises et les instituts de recherche sont confrontés à une inquiétante pénurie de main- d’œuvre dans les métiers techniques et de l’ingénierie. La mauvaise réputation.

nieurs. Le taux d’ingénieurs par rapport à l’ensemble des employés avoisinait 2,66 % en 2001 alors qu’il se situait à 2,94 % en Fran- ce et 3,12 % en Allemagne, lea- der en lamatière. Depuis, la situa- tion n’a cessé de se dégrader. La Suisse arrive aujourd’hui en queue de peloton si l’on se réfè- re au nombre de nouveaux ingé- nieurs et informaticiens diplô- més pour 1 000 travailleurs. “Nous ne formons pas assez d’ingénieurs. On est déjà en pénurie avec un déséquilibre de l’offre par rapport aux besoins. Selon les estimations des spécialistes, il manquerait 16 000 ingénieurs et informati- ciens en Suisse” , s’inquiète Jacques-André Maire. Et le fossé risque encore de s’agrandir. 22 % des ingénieurs actifs en Suisse ont plus de 55 ans. Ce qui pose la question du renouvellement de cette popula- tion. Le déclin démographique de la Suisse observé entre 1993

et 2003 n’arrange rien. “Si l’on peut en compte tous ces para- mètres, le déficit bondirait à 27 000 ingénieurs en 2025.” On touche le fond si l’on s’intéresse au pour- centage de femmes en ingénie- rie. Avec 9,5 %, c’est presque le bonnet d’âne européen. Face à cette crise de vocation, les industriels n’ont pas d’autre choix que de se tourner vers l’extérieur. La Suisse recrute de plus en plus de cadres formés à l’étranger. On en compte plus de 30 000 qui exercent dans les métiers de la santé, de l’industrie et de l’enseignement. “Nous allons “pomper” les ressources profes- sionnelles de pays qui en auraient peut-être cruellement besoin. Cela pose un problème éthique.” Conscientes du dilemme, les autorités fédérales en fait de la promotion des métiers de l’ingénierie une de leurs priori- tés. F.C.

P lus on est riche moins on aime mettre les mains dans le cambouis. À for- ce de surfer dans le gotha des pays des pays les plus huppés de la planète, la Suisse finit par s’éloigner petit à petit de son outil de production. Un paradoxe dans ce pays qui dis- pose peut-être des meilleures filières de formation, notamment en microtechniques. Les écoles polytechniques fédérales crou- lent sous les demandes d’étudiants étrangers. “Entre 1980 et 2000, le taux d’ingénieurs actifs dans l’industrie a chuté de 50 % à 26 %” , constate Jacques-André Maire, conseiller national et membre de la commission de

la science, de l’éducation et de la culture. Les jeunes Suisses ne boudent pas forcément les formations supé- rieures. Sauf qu’ils s’orientent davantage vers les domaines de service. Certains aussi préfèrent carrément changer de métier. Les branches scientifiques souffrent toujours d’un problème d’image dévalorisante. Cette pénurie qui se dessine n’est pas sans consé- quence avec le risque de délo- calisation des entreprises et de désindustrialisation de l’appareil économique suisse. Jusque dans les années 2000, la Suisse se situait encore dans le peloton de tête européen des pays les mieux pourvus en ingé-

“Les branches scientifiques souffrent toujours d’un problème d’image dégradée”, explique Jacques-André Maire.

L es accords bilatéraux signés entre la Suisse et les pays euro- péens ont ouvert le marché de l’emploi. Si quelques nuances subsistent d’un canton à l’autre, il est possible d’accéder faci- lement à presque tous les métiers en Suisse quand on est étran- ger. “Il y a un libre accès total” note le service des ressources humaines de l’État du canton de Neuchâtel. Pour beaucoup de jobs, l’équivalence des diplômes n’intervient pas dans le recru- tement. “Un ingénieur du bâtiment ou des travaux publics fran- çais aura les mêmes compétences qu’un Suisse.” Cela est vrai aus- si pour tous les métiers techniques (horlogerie par exemple) ou de service (restauration). En revanche, les choses diffèrent pour d’autres professions comme l’enseignement, la médecine Repères Les étrangers ont accès à presque tous les métiers Les Français comme la majorité des citoyens euro- péens peuvent exercer pratiquement tous les métiers en Suisse. Cependant, des jobs imposent des mises à niveau de compétence, d’autre obli- gent à demander la nationalité suisse.

Suivi personnalisé, construction du projet professionnel FORMATIONS 4 ème - 3 ème

DIMA ( Dispositif dʼInitiation aux Métiers de lʼAlternance) 2 nde professionnelle Nature Jardin Paysage Forêt BAC ProfessionnelGestion des Milieux Naturels et de la Faune CAPA Services en Milieu Rural (Services Aux Personnes - Vente – Accueil) CAP Opérateurs des Industries du Recyclage par apprentissage

ou la justice. “Pour exercer ces métiers, il faut des équivalences car ils demandent une connais- sance plus approfondie de la matière suisse” poursuit le service des ressources humaines. Les Français frontaliers ont même accès à la fonction publique helvétique. “Ils peuvent tra-

“Il faut des équiva- lences.”

vailler dans nos services. Mais ils seront contractuels et pas fonc- tionnaires.” Un étranger en Suisse peut même devenir policier, sous conditions. Tout d’abord, il doit résider dans le pays. “Il est autorisé à suivre l’école d’aspirant. Mais au moment de l’assermentation, il devra demander la nationalité suisse.” Il faut en effet être Suisse pour exercer toutes les professions de sécurité publique.

Etablissement privé sous contrat avec le ministère de l’agriculture ou convention avec le conseilrégionalde Franche-Comté

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