Journal C'est à Dire 178 - Juin 2012

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D O S S I E R

Pontarlier Les dames des Entreportes Cette étrange histoire se déroule autour du célèbre château de Joux. C’est là que vivait un vieux sire, un homme sympathique qui avait trois filles très belles. Cette beauté alliée à une grande prétention va finir par sceller leur destin.

Montlebon La tombe du Colporteur

U ne légende qui fait froid dans le dos. Un jour d’hiver, vers 16 heures, un colpor- teur décide de passer de Suisse en France en utilisant le chemin allant du Prévoux aux Fontenottes. Ce chemin se situe aujourd’hui non loin de Montlebon. Laissez votre voiture au croisement du Biot et emprunter le chemin qui monte à gauche, impressionnante rou- te taillée dans la falaise. En haut de cette falaise est un chaos de pierres. Vous tomberez alors sur la tombe du colporteur. L’histoire peut commen- cer. Une tempête de neige s’abat et bloque L’ axe Morteau-Montbenoît. Au bord de cette route emprun- tée par les Mortuaciens comme les Pontissaliens, la grotte de Remonot recèle dans son son antre d’une profondeur d’environ 30 mètres un lieu de pèlerinage. Un temple y est situé, dédié à Notre-Dame de Pitié. Un endroit sacré depuis la nuit des temps car la plaque située à son entrée rappelle que les druides gau- lois y rendaient déjà un culte à une déesse-mère, génératrice d’abondance, source de fécondité. Au VII ème siècle, un ermite s’installa dans

dans la nuit le colporteur. Alors que le curé du village des Fontenottes se mettait au lit, un ange est venu lui raconter la mésaventure. L’ange prit le

curé sur ses épaules et le conduisit jusqu’à l’homme qui était mort. À l’époque, on ne prenait pas le chemin des Sar- razins pour se rendre en Suis- se mais une route étroite. Le curé recouvrit le corps grâce

L e seul défaut de ces filles était une extraordinaire coquetterie qui les poussait irrésistiblement à enflam- mer le cœur de tous les chevaliers et écuyers du voisinage. Quand leurs conquêtes étaient assurées, elles les délaissaient aussitôt pour exercer leurs charmes sur les malheureux qui osaient encore leur résister. Com- me un jeu de séduction qui se répé- tait. Plus d’un noble prétendant put se croire l’élu de l’une de ces gentes dames, mais ses espoirs se brisaient toujours à la veille des noces.

Cédant à la colère et à l’impatience, le père décida d’organiser un grand tournoi dont les vainqueurs auraient pour récompense la main

elles avaient en fait ordonné à des servantes de les remplacer. La supercherie découverte, la pour- suite s’organisa en direction de

Le curé recouvrit le corps…

de ses trois filles. Et ce, qu’elles le veuillent ou non ! La fortune des armes sou- rit finalement à trois che- valiers : Raymond le Bossu, Bras-de-Fer et Hugues-au-

Pontarlier puis du défilé des Entreportes, où les sei- gneurs abusés rejoignirent les fuyardes. Mais lorsqu’ils voulurent prendre dans leurs bras les demoiselles

à des pierres et redescendit au village. “Cette légende décrit le paysage et explique qu’il suffit de chercher la falai- se et les rochers pour ensuite trouver le chemin conduisant jusqu’au village” explique Édith Montelle, conteuse pro- fessionnelle.

Cœurs de pierre…

Pied-Fourchu, dont la méchanceté n’avait d’égale que la laideur. Le jour des noces, les fiancées paru- rent voilées. Pour échapper à l’horreur de telles mésalliances,

de Joux, ils n’étreignirent que… trois statues de pierre que l’on peut encore voir aujourd'hui et qui sont connues sous le nom de “Dame des Entreportes”.

Remonot Un sanctuaire guérisseur

la grotte, où il plaça la statue de la vier- ge au pied de la source principale. Elle aurait le pouvoir de guérir les maladies

oculaires. À la mort de l’ermite, les moines de Montbenoît ramenèrent la statue dans leur monastère afin de bénéficier de ses faveurs, et pas dans un but très pieux, espérant récu-

Un ermite s’installa dans la grotte.

L’intrigue des dames des Entreportes s’est nouée au château de Joux (photo Doubs Tourisme).

pérer les offrandes des pèlerins. Mais l’effet inverse se produisit : le miracle se stoppa. La légende affirme que, une nuit, la sta- tue reprit d’elle-même sa place dans la grotte. Les premières tracent de ce lieu de pèlerinage remonte au XII ème siècle.

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