Journal C'est à Dire 178 - Juin 2012

D O S S I E R

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D’Avoudrey à Mouthe La Vouivre, la créature mythique Mi-femme, mi-serpent, quiconque s’empare de son bijou attachée au cou obtient bonheur et richesse. La plus connue est celle de Mouthe, à la source du Doubs.

d’Avoudrey par sa beauté, et cel- le de Mouthe par son esprit far- ceur. On a la retrouve aussi à Mouthier-Haute-Pierre repré- sentée comme un serpent volant à un œil. “Beaucoup de vieilles gens de Mouthier l’ont vu pas- ser à travers la double casca- de de Siratu” note Charles Beau- quier, folkloriste du début du XX ème siècle. La Vouivre de Mouthe est facé- tieuse : elle joua un bon tour à celui qui réussit à s’emparer de son escarboucle : “On conte qu’un homme de Mouthe qui n’avait peur de rien put, sur les conseils d’un sorcier, prendre l’escarboucle de la vouivre quand elle buvait au Cul-du-Bief, mais comme il ne voulut rien parta- ger, le sorcier changea la pierre en crottin de cheval” , écrit Charles Beauquier dans Faune et Flore populaires de la Franche-Comté. Alors, si entre chien et loup vous apercevez une ombre de femme avec une queue de serpent et une lumière sur le front, pru- dence, c’est peut-être la Vouivre qui vous guette… La Vouivre, selon s’il est apparaît à Avoudrey ou à Mouthe, n’a pas la même apparence.

T out Franc-Comtois qui se respecte a déjà entendu parler de la Vouivre. Cette fée est sans doute la figure la plus emblématique de la région, immortalisée par Mar- cel Aymé. Cette créature hybri-

le doubienne, on retrouve cer- tains points communs. La créa- ture a pour habitat de prédi- lection tous types de refuges : grottes, cavernes, ruines des châteaux… Elle est souvent décrite comme gardienne des trésors. Elle affectionne les milieux aquatiques : rivières, sources, marais…Avant chaque bain, le rituel sur la rive. Tous ceux qui ont tenté de s’emparer du joyau à ce moment ont trouvé le même sort, déchiquetés ou calcinés. On trouve de nombreuses formes de la Vouivre dans le Doubs, mais deux se distinguent, celle immuable veut qu’elle dépose son escarboucle

de, mi-femme, mi-ser- pent, beaucoup de paysans disent l’avoir rencontrée. Son ima- ge de femme fatale et séductrice hante tou-

Des vieilles gens de Mouthier l’ont vu passer.”

jours les rives des étangs du Doubs. La légende voudrait que quiconque s’empare de ce bijou obtienne en échange richesse et bonheur pour l’éternité. Parmi les nombreuses versions existantes dans la tradition ora-

Montbenoît La tragique histoire d’amour de Berthe de Joux

Montécheroux Le cavalier noir

hante les nuits

L a bouleversante histoire d’amour de Berthe de Joux s’écrit entre mythe et réa- lité. Berthe est devenue une figu- re emblématique des femmes de la région. Sa triste destinée fut celle d’une épouse infidèle enferméedans un donjon dumajestueux château

décès de son époux. Après le cha- grin, Berthe succombe aux charmes de son nouvel hôte. Mais une semaine plus tard, Amaury de Joux revient au château. Fou de rage, il enferme son épouse infidèle dans un cachot d’1,30 m, où elle ne peut ni rester debout,

L es histoires de fantômes interpellent, comme à Montécheroux, entre Saint-Hippolyte et Maîche. Cette croyance en des

la pénombre un cavalier noir, le visage ensanglanté, avec un bandeau sur le front, qui dis- paraîtrait dans un précipice en poussant des hurlements

de Joux.Cette jeune fille fut mariée à l’âge de 17 ans au seigneur du châ- teau, le sire Amaury de Joux. Ce fut un maria-

ni s’allonger. L’amant fut pendu. Et pour ajouter à sa souffran- ce, Berthe était condamnée à sortir

défunts qui revien- draient hanter les vivants a la peau dure, en attestent les nom- breux mythes sur les

d’épouvante. Il serait le revenant d’un ancien intendant de la seigneurie de Clé- mont, ancien comté

L’amant fut pendu…

Un cavalier noir, le visage ensanglanté.

ge d’amour.Quand le seigneur dut partir en croisade, son épouse l’attendit recluse des années, espé- rant le retour de son bien-aimé. Quatre ans plus tard,unautre sei- gneur se présente,Aimé de Mont- faucon, ayant participé auxmêmes croisades qu’Amaury de Joux. Le sire annonce à la dame le

deux fois par jour pour voir le corps de son amant par une fenêtre. Après douze années d’enfermement, Amaury de Joux mourut, et Berthe fut libérée. Elle se retira jusqu’à la fin de ses jours dans l’abbaye de Montbe- noît.

spectres et revenants dans le Doubs. La nuit est un lieu pro- pice pour le retour de ces ombres du passé, comme celle du che- valier de Clémont. On raconte que le voyageur qui arpente la nuit la route de Mon- técheroux peut apercevoir dans

de Montbéliard. Ayant commis des crimes et abusé de son autorité sur ses sujets, ce dernier aurait été condamné à cette course déses- pérée, au terme de laquelle il se fracasse à chaque fois le crâ- ne contre un rocher.

Berthe de Joux a été enfermée au château de Joux avant de se retirer à l’abbaye de Montbenoît.

Courtefontaine Des menhirs dignes de Carnac ?

C’ est non loin de Belleherbe, à Péseux, qu’une étrange découverte au mois de juin 1839 a été réalisée par des employés travaillant sur un chantier. En extra- yant du gravier sur un terrain, 80 à 100 cadavres gisaient dans l’espace de 12 mètres carrés. Péseux Le mystère des soldats romains

“L aurel et Hardy”, c’est ainsi que se présentent aux yeux de tous les deux menhirs qui se dressent dans un pré à gauche de la route, juste avant d’arriver àCourtefontaine sur le PlateaudeMaîche : un grand et un petit ; le grand étant situé aumilieu du pré, le petit au bord de la route. L’un fait 1,20 m de hauteur, 40 cm de large

Ils avaient été inhumés dans des fosses séparées, les pieds tournés du côté du levant à 45 cm du sol. Des pierres plates et larges entouraient les têtes de certains cadavres. Des sabres, écailles de cuis- sard en cuivre, des boucles, des agrafes de fer et des bra-

et 20 cm d’épaisseur, les faces tournées vers le nord-est et le sud. Le plus petit a lui une hau- teur de 60 centimètres. Beaucoup de pierres sont uti- lisées aujourd’hui comme poteaux de portail ou pierres de

Les pieds tournés du

L’un fait 1,20 m de hauteur.

côté du levant.

bornage, alors qu’elles devaient ressembler à des champs similaires à ceux de Carnac ? Cet- te hypothèse est émise par des spécialistes qui n’ont toutefois pu faire de lien entre un rite ou une croyance. La plupart de ces pierres ont été déplacées pour permettre aux agriculteurs de passer avec leurs engins ou pour construi- re des murs.

celets en bronze. Les objets témoignent que ce sont des Romains ou Gallo-Romains. Les spécialistes ignorent la symbolique de cette inhumation. Est-ce une manière d’honorer l’astre solaire, un cul- te païen en l’honneur du soleil ?

Les deux pierres à l’entrée de Courtefontaine font aujourd’hui office de bornage. À l’époque, ces pierres étaient-elles dressées pour vénérer un dieu ?

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