Journal C'est à Dire 177 - Juin 2012

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V A L D E M O R T E A U

Environnement

Un grain de sciure : la mort après 30 minutes

Un film montre comment un grain de sciure traité suffit à anéantir la vie dans une bassine de trois litres d’eau. La vidéo de “S.O.S. Loue et rivières comtoises” fait polémique. La filière bois estime qu’elle date d’une autre époque. “Faux” répond le collectif.

L’expérience a été réalisée fin 2010. Elle a été rendue publique dernièrement.

L a vidéo est sans appel. Dans une bassine d’eau de 3 litres, des gam- mares (1) nagent tran- quillement jusqu’à ce que la main de l’homme jette un grain de sciure de bois traité ramas- sé dans une usine du Haut- Doubs. Dix minutes après avoir placé cet élément, une baisse de l’activité des gammares est séquence sans équivoque a été tournée par les membres du col- lectif “S.O.S. Loue et rivières comtoises” et diffusée sur un site de partage de vidéo. Elle a déjà été visualisée plus de 1 500 fois quelques jours après sa publication. Michaël Pro- chàzka, l’auteur du film, arrive à cette conclusion : “L’expérience met en évidence l’énorme toxi- cité des produits utilisés pour traiter le bois dans les scieries. Nous avons simplement voulu poser un constat” dit ce spé- cialiste du milieu aquatique aujourd’hui à la retraite. L’A.D.I.B., contactée par notre rédaction (Association régionale pour le Développement de la forêt et des Industries du Bois en Franche-Comté), met sérieu- sement en doute cette vidéo : “C’est une vidéo qui ressort des cartons alors que d’énormes pro- grès ont été réalisés depuis dans les scieries. Elle a plus de 7 ans” notée. Après 15 minutes, déjà une partie sont morts. Les autres mon- trent des signes d’agonie. Au bout de 27 minutes, tous sont morts. La

dit l’A.D.I.B. “Faux, rétorque “S.O.S. Loue et rivières com- toises”. Cette expérience a été réalisée fin 2010. Le grain de sciure a été ramassé dans une scierie du Haut-Doubs sur du bois traité et l’avons rendu publique dernièrement.” La pro- venance exacte du grain de sciu- re n’est pas communiquée. L’A.D.I.B. rappelle que la filiè-

re a fait de nombreux efforts et que toutes les scieries, environ 80, sont aux normes. “Après des aides d’investissement pour

“D’énormes progrès ont été réalisés.”

couvrir le bois traité, une sen- sibilisation des salariés mani- pulant les produits toxiques a été réalisée. Un travail de car- tographie des zones à risque a également été dressé. Si un acci- dent intervenait, nous pourrions intervenir rapidement” dit Chris- tian Dubois, de l’A.D.I.B. Si la filière bois est montrée du doigt, les particuliers utilisant des produits sanitaires sont éga- lement de grands pollueurs. Preuve en est, les services muni- cipaux de la Ville d’Ornans désherbaient il y a quelques années les ponts à l’aide de pro- duits toxiques. À bon enten- deur… E.Ch. (1) : Les gammares sont des invertébrés détriti- vores, considérés comme de bons marqueurs biolo- giques et bioindicateurs de qualité de l’eau

Après 30 minutes, les invertébrés sont morts.

Vidéo à voir sur : http://www.youtube.com/watch?v=Adrt0-SvVCQ

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