Journal C'est à Dire 177 - Juin 2012

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

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Viande rouge : le grand écart des prix Consommation Le prix d’une côte de bœuf varie au moins du simple au double de part et d’autre de la frontière. Comment expliquer une telle dif- férence ? Éléments de réponse.

plus strictes en Suisse, donc plus coûteuses. Les normes sont plus contraignantes. Elles vont dans le sens du bien-être animal. On privilégie aussi l’élevage bovin extensif avec une alimentation à base de fourrage et d’herbe. Les vaches doivent être sorties au moins 90 jours par an dont 30 en hiver. pays. “Car en Suisse, on est trop haut. De plus, le renchérissement du franc suisse par rapport à l’euro incite encore davantage la clientèle suisse à s’approvisionner en France” , sou- ligne celui qui préside aussi l’association des bouchers-char- cutiers vaudois. Les habitudes alimentaires ne sont pas tout à fait identiques en France et en Suisse. “On prépare la vian- de différemment. En France, À tous ces paramètres, José Naef, boucher à Sainte-Croix n’oublie pas d’ajouter les différences de salaires entre les deux

vous consommez encore les abats contrairement en Suisse où les consommateurs veulent de la viande maigre.” Dans ce contexte, comment les artisans bouchers établis près de la frontière résistent à ces tensions sur les prix ? “On n’a pas d’autres choix que de s’adapter. Sur le marché inté- nie pas les difficultés d’une pro- fession qui peine à recruter et qui doit aussi affronter la gran- de distribution. “Nos métiers ont été trop longtemps dénigrés même si on constate un léger mieux. On est aussi confronté à la difficulté de pérenniser les petites boucheries. Leur nombre a diminué de moitié en 10 ans sur l’ensemble de la Suisse mais la France n’a rien à voir dans ce problème.” rieur, on ne subit heu- reusement pas le pro- blème du change. Ici la viande est au prix de marché.” José Naef ne

L a Suisse défend encore une politique très pro- tectrice vis-à-vis de ses agriculteurs en limitant fortement l’importation de vian- de. Seulement 15%de bœuf pro- vient de l’étranger alors qu’en France, la viande bovine impor- tée représente plus de 25 % de la consommation indigène.Des taxes de douanes particulièrement éle- vées découragent toute tentative d’importation.Un accord de libre- échange agricole avec la France par exemple dynamiserait for- cément la concurrence sur les prix proposés au consommateur suis- se. Il sonnerait aussi le glas d’une bonne partie de l’élevage helvé- tique. “Les coûts de production sont beaucoup élevés en Suisse.

Ici tout est plus cher : le bâti- ment, le terrain, le matériel. Il faut y ajouter des prescriptions légales qui renchérissent le prix de l’aliment ou du fourrage” , indique Aline Claire de la Fédé- ration Romande des consom- mateurs. Certains dénoncent les effets du “duopole” Coop et Migros, qui réaliseraient, là aussi fau- te de concurrence, de confor- tables marges sur la viande. Les deux distributeurs maîtrise- raient 66 % des parts de mar- ché sur la viande fraîche et congelée. La part de Leclerc, le plus gros distributeur fran- çais avoisine tout au plus 15 % sur tous les produits. Les conditions d’élevage sont

“Ici, tout est plus cher.”

Le coût de la vie, les salaires, les contraintes de production, la préparation de la viande : tous ces paramètres expliquent les différences de prix sur la viande selon José Naef, le président des bouchers-charcutiers vaudois

Soupçons de trafic de viande L es douaniers des Verrières ont interpellé le 29 mars un véhicule contenant 130 kg de viande importée. “On entre dans le domaine de la contrebande professionnelle” , indique-t- on au service neuchâtelois des douanes. “La der- nière fois quʼon a intercepté une telle quantité de viande remonte à 6 ou 7 ans. Ce genre de prises varie habituellement entre 10 et 20 kg. Les trois quarts des amendes quʼon dresse sur les pro- duits de consommation, cʼest sur la viande” , com- plète Daniel Glaster, le chef de poste aux douanes

des Verrières. Que risque le fautif ? Sʼil est pris en défaut, il réglera deux fois le dédouanement qui sʼélève à 20 francs suisses le kg. En sachant que lʼamende minimale est de 50 francs suisses. Pour 130 kg passés en fraude, il vous faudra régler 2 600 francs suisses. En principe, les voyageurs passant la frontière suisse peuvent importer sans frais de douane des marchandises à usage privé valant 300 francs. Certaines marchandises telles que lʼalcool, le tabac ou la viande sont soumises à des règles spécifiques. Pour la viande de bœuf, de veau, de porc ou de mouton, la quantité maxi- male est limitée à 500 g par personne et par jour. Le seuil monte à 1,5 kg pour du jambon et à 3,5 kg pour la volaille et le gibier.

L’interception d’une telle quantité de viande est très rare mais les douaniers suisses admettent aussi que le trafic de vian- de puisse être d’une tout autre ampleur.

Swatch reprend les anciens locaux d’Energizer Pour accompagner la croissance de sa filiale Universo, le géant horloger a racheté les bâtiments et le terrain d’Energizer à La Chaux-de-Fonds. La Chaux-de-Fonds

S i la bonne santé d’une entre- prise se mesure aussi à ses investissements immobi- liers, alors le groupe Swatch est en forme. En novembre 2011, le géant horloger a racheté à La Chaux-de-Fonds les bâtiments et le terrain de l’ancienne usine Energizer qui a cessé son acti- vité. Ce site est une opportuni- té pour Swatch qui est à la recherche d’espaces supplémen- taires en raison de sa croissan- ce. Le groupe a prévu de réserver une partie de ces nouveaux locaux à sa filiale chaux-de-fon- nière Universo S.A. qui est trop

à l’étroit dans ses murs. Spé- cialisée dans la fabrication d’aiguilles, elle va se déployer sur le site l’année prochaine, une fois que les travaux d’aménagement seront termi- nés. Universo ne sera pas la seu- le entreprise à s’implanter là. La surface est suffisamment vas- te pour y installer à terme d’autres unités de production du groupe Swatch qui reprend une quarantaine d’anciens col- laborateurs d’Energizer. Par cet investissement, le groupe hel- vétique témoigne de sa volon- té de “renforcer le tissu indus- triel de la Suisse et, dans le cas

précis, du canton de Neuchâtel” déclare-t-il. Le projet va s’accompagner de nouvelles créations d’emplois, sachant que l’année dernière la firme horlogère qui emploie 28 000 personnes à travers le monde a augmenté de 2 800 le nombre de ses collaborateurs. Ce n’est pas tout. Le groupe Swatch a engagé la construction d’une usine à Boncourt (canton du Jura) à quelques kilomètres de Delle. Le rez-de-chaussée du nouveau site sera occupé début 2013. 150 à 200 emplois vont être créés pour commencer, 500 à 700 à terme.

Universo S.A., filiale du groupe Swatch s’installera dans les bâtiments d’Energizer tout en conservant ses locaux actuels (photo archive Càd).

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