Journal C'est à Dire 177 - Juin 2012

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É C O N O M I E

Léon Bessot “Il faudra trouver d’autres sources d’économies”

Nid de guêpes Les pompiers deviennent auto-entreprenneurs Sachant que la destruction de nid de guêpe est payante, des pompiers volontaires ont créé leur société. C’est le cas de deux Valdahonnais qui inter- viennent jusqu’à Besançon. Le coût : environ 50 euros. M ichaël Billod et Stéphane Perrey sont pompiers volon- taires à la caserne deValdahon.Depuis plusieurs années, ils interviennent pour le compte du S.D.I.S. pour détrui- re les nids de guêpes et de frelons. Cette année, ils sont déjà intervenus deux fois, dont une à Besançon, pour détruire l’habitation de ces insectes nuisibles. Non pas en tant que pompiers volontairesmais en tant qu’autoentrepreneurs. “Nous savions depuis deux ans que le S.D.I.S. allait faire payer la destruction. C’est tout naturellement que nous nous sommes posé la question d’intervenir en tant que privé” dit Michaël Billod. Après l’achat de matériel, de produit insecticide, ils sont opé- rationnels. Reste à savoir si 2012 sera une année à guêpes. En 2011, plus de 6 000 interventions ont été réalisées par les pompiers du Doubs. Leur rayon d’action va du Plateau (Saône-Mamirolle), le Haut- Doubs et Besançon. Le prix est de 50 euros et 60 euros pour une intervention à Besançon.

Le président du S.D.I.S. reconnaît les nécessaires économies à réaliser. Le budget du S.D.I.S. est ten- du mais les pompiers assureront toujours un service de qualité promet-il.

C’ est à dire : Pourquoi le budget des pom- piers est-il si tendu ? Léon Bessot : Nous avons deux bailleurs de fonds que sont les communes et les E.P.C.I., et le Conseil général. Et c’est le Conseil général qui apporte les “rallonges” quand c’est néces-

ce sujet. Le dossier est entre les mains de l’A.R.S. Càd : La rénovation des casernes va-t-elle pouvoir se poursuivre ? L.B. : Nous sommes au pic des investissements. Sur les 80 mil- lions d’euros d’investissement

saire. Le vote du bud- get du S.D.I.S. a été voté à l’unanimité malgré les réticences de certains élus. Mais il y a une recette sur laquelle nous sommes

dans les casernes, nous en avons déjà engagé plus de 50. Logiquement, tout cela entraîne de gros intérêts d’emprunt. Nous allons pour-

“On va aussi être obligés

d’acheter moins d’équipements.”

toujours confrontés à une diffi- culté, c’est le monde de la san- té, le transport de personnes, qui ne veut toujours pas com- prendre qu’on doit leur faire payer nos prestations. Une convention entre le S.D.I.S. et le S.A.M.U. est prête depuis 2009, elle n’est toujours pas signée. J’ai relancé le préfet à

suivre plan d’investissement. D’autres charges pèsent sur le S.D.I.S. Nous avons par exemple beau- coup insisté sur le volontariat ces dernières années. Nous n’avons pas plus de volontaires mais ils sont beaucoup plus inté- grés. Avant, quand on avait besoin de 100 pompiers, on en notre

Léon Bessot, président du S.D.I.S. : “Il y aura besoin d’un vrai acte III de la décentralisation.”

avait 60 de disponibles. Aujour- d’hui, on en a 87, la présence s’est fortement accrue, et forcé- ment, cela a un coût : 5 millions d’euros par an. Pour l’ouverture des deux nouvelles casernes à Besançon, on a dû créer 6 postes supplémentaires, c’était le mini- mum. Le Conseil général nous incite à faire des économies, c’est très difficile, sauf à modifier le schéma départemental d’organisation des secours et accepter que le temps d’intervention des pompiers s’allonge ou que moins de pom- piers ne se mobilisent. D’autres charges nouvelles pèsent sur le budget comme le coût du nouveau système d’alerte A.N.T.A.R.E.S. qu’on nous demande d’amortir sur moins de 7 ans. On va deman- der une dérogation pour l’étaler dans le temps. On va aussi être obligés d’acheter moins d’équipements (tenues,

casques…) que prévu. Seule- ment, c’est le ministère de l’Intérieur qui nous impose des nouvelles tenues et ensuite, c’est au Conseil général de payer ! Il y aura besoin d’un vrai acte III de la décentralisation. Càd : Faudra-t-il tailler dans les effectifs et les secours ris- quent-ils d’être moins effi- caces à cause des économies annoncées ? L.B. : Déjà un certain nombre de S.D.I.S. ne remplacent plus les départs. Ici, les réductions d’effectifs ne sont pas encore à l’ordre du jour. Nous avons aussi fait passer le nombre de véhicules de 730 à 680. Mais même si le S.D.I.S. a du mal à joindre les deux bouts et qu’il faudra trouver d’autres sources d’économies, on apporte un ser- vice plus efficace qu’il y a cinq ans. Propos recueillis par J.-F.H.

Michaël Billod a investi dans une tenue pour déloger guêpes et frelons chez vous pour environ 50 euros. Renseignements : M.B. guêpes : 07 87 66 51 92 ou S.O.S. guêpes : 06 12 64 67 90

Il faudra désormais payer pour une intervention contre un nid de guêpes (photo S.D.I.S. 25).

re 7 que les instances départementales tentent de décrocher auprès des banques. “On n’en a trouvé que 3 pour l’instant” avoue Léon Bessot. Les travaux prévus cette année dans les casernes des Hôpi- taux-Vieux et de Saint-Maurice-Colombier ne seraient pourtant pas remis en cause. La situation financière du S.D.I.S. pourrait relancer le débat sur son coût, débat qui avait déjà créé quelques tensions au sein du Conseil général du Doubs (principal financeur des pompiers) en fin d’année dernière. Le leader de l’opposition Jean-François Lon- geo avait lancé : “Il semble que nous donnions beaucoup plus au S.D.I.S. que pour l’amélioration des routes, cela peut paraître para- doxal. Le S.D.I.S. doit également être mobilisé dans la démarche d’économie et de fonctionnement et revoir sa demande départemen- tale et communale.” D’autres grosses dépenses ont récemment plombé le budget des pompiers ces derniers temps : “Nous subissons des décisions natio- nales par rapport au volontariat, par rapport à la prestation de fidélisation pour les anciens pompiers, par rapport à la réforme de la filière : près d’1 million d’euros supplémentaire de charges sala- riales que nous avons à assumer” note Léon Bessot. 3,5 millions d’euros ont été investis dans un nouveau système de radio avec un coût de fonctionnement de 100 000 euros par an, contre 40 000 dans l’ancien système. Sans parler du changement récent de toutes les tenues des pompiers, jugé superflu par certains. À l’heure des vaches maigres, le débat sur le coût des pompiers risque de surgir à nouveau sur le plan politique. J.-F.H.

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