Journal C'est à Dire 177 - Juin 2012

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É C O N O M I E

La décision récente prise par les pompiers du Doubs de ne plus assurer gratuite- ment les interventions pour destruction de nids de guêpes est compréhensible tant elle mobilise de temps aux soldats du feu au détriment de leurs missions pre- mières. Seulement, cette mesure cache aussi un véritable souci pour le service dépar- temental d’incendie et de secours (S.D.I.S.) de faire des économies. Le budget des pompiers ne cesse d’augmenter, notamment à cause de l’ambitieux plan de modernisation des casernes entrepris il y a quelques années. Ce plan se traduit en ce moment à Besançon par la mise en service quasi-simultanée des deux nou- veaux centres de secours, l’un à Chalezeule qui sera inauguré le 20 juin, l’autre à la Grette qui entrera en service au cours de l’été. Dans le Haut-Doubs, les projets de nouvelles casernes suivent également leurs cours. Le point sur un service plébisci- té par les habitants du Doubs mais dont l’utilité première ne doit pas justifier des dépenses excessives. Ses dirigeants en sont conscients et serrent la vis. POMPIERS : Y A-T-IL LE FEU À LA MAISON S.D.I.S. ?

Finances Les pompiers au régime sec ?

Les pompiers du Doubs ont décidé de ne plus inter- venir gratuitement pour la destruction des nids de guêpe. Une mesure symbole qui marque la volon- té du S.D.I.S. de maîtriser ses dépenses. Le point.

lons…). “Nous avions réalisé 1 845 interventions en 2010 dans le Doubs, nous en avons fait 6 100 l’an dernier. Le cœur de métier des pompiers, c’est l’urgence, les secours à personne, les accidents, les incendies. On continuera à faire ces prestations dans cer- taines conditions, mais on les fac- turera. Nous invitons les per- sonnes concernées à faire appel à des prestataires privés” indique le patron du S.D.I.S. La destruc- tion des nids a représenté en 2011 près de 23 % de l’activité totale des pompiers. En quatre ans, ces sorties pour nids de guêpes ont augmenté de 85 %. Désormais, après évaluation de la situation,

la prestation sera facturée 75 euros par le S.D.I.S., un tarif volontairement supérieur à celui pratiqué par les quelques socié- tés qui proposent ce service, entre 55 et 65 euros (voir ci-dessous). Seules les situations d’urgence ou mettant en péril des publics fragiles (enfants, personnes âgées…) justifient désormais l’intervention gratuite des hommes du feu. “Dans les écoles, les crèches, les centres de vacances. Ou alors les maisons de retraite, les centres d’accueil de handica- pés” illustre le colonel Benke- moun. Les interventions dites de confort sont désormais termi- nées. Le coût de ces missions anti-

L e service départemental d’incendie et de secours du Doubs connaît “une situation financière ten- due.” Le constat est fait par le colonel André Benkemoun, le directeur départemental du S.D.I.S. et par Léon Bessot, son président. Un réexamen complet des missions du service est en cours et d’ores et déjà les respon- sables des pompiers ont décidé

de “consacrer les ressources du S.D.I.S. aux interventions de son cœur de métier.” Alors tout ce qui pourra alléger ses dépenses est bon à prendre. Parmi les premières mesures annoncées par les pompiers du Doubs, l’abandon d’un service jusque-là gratuit qui a été par- ticulièrement sollicité l’an der- nier : la destruction des nids d’hyménoptères (guêpes, fre-

nids de guêpe a été évalué “entre 150 000 et 200 000 euros” pour l’an dernier. Une paille par rap- port au budget global du S.D.I.S. qui avoisine cette année les 42 millions d’euros, mais un sym- bole d’économies. Le gain, il se mesure surtout en termes de moyens humains. Pour ces 6 100 interventions de l’an dernier, c’est 12 000 pompiers en cumulé, mobi- lisés pendant 1 h 30 à chaque fois. “La stratégie n’est pas de dire on se crée une recette supplémen-

pompiers professionnels et mobi- lise 2 200 pompiers volontaires. Des réajustements sont aussi programmés pour “avoir des pom- piers volontaires là où on n’en a pas assez.” Pour assurer ses investissements futurs, la direction du S.D.I.S. est à la recherche de finance- ments. “On rencontre quelques difficultés en ce moment pour trouver des banques qui finan- cent nos projets. Hélas, le S.D.I.S. n’échappe pas au contexte actuel”

reconnaît Léon Bessot. Y a-t-il pour autant le feu à la maison S.D.I.S. ? Non assurent les respon- sables départementaux. “Sur les 80 millions d’euros de plan immobi-

taire en facturant la pres- tation, mais de réaliser une économie.” L’année 2012 sera donc celle des “ajustements budgétaires” pour les pompiers du Doubs.Ajus-

3,5 millions d’euros dans un nouveau système de radio.

tements qui annoncent d’autres mesures de restrictions, notam- ment en moyens humains. “À par- tir de 2013, on va voir pour bais- ser nos effectifs. Sur un certain nombre de centres de secours, il y aura besoin de moins d’activité” avance le colonel Benkemoun. Le S.D.I.S. du Doubs emploie 400

lier que nous avions voté en 2006, nous avons déjà réalisé 55 mil- lions, notamment avec les deux casernes de Besançon. Mais les investissements 2012 ne seront engagés que si on a les finance- ments.” Sur 19 millions d’euros d’investissement votés dans le budget 2012, il en manque enco-

Le colonel André Benkemoun fait tout pour optimiser le coût des pompiers, une force d’intervention très chère à toute la population.

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