Journal C'est à Dire 177 - Juin 2012

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É C O N O M I E

Industrie Tic-Tac flop Acculée à des difficultés financières, l’entreprise Péquignet a déposé le bilan. Le tribunal de commerce doit examiner rapidement les offres de reprise.

marques. Le tribunal de com- merce doit examiner ces offres, apprécier leur crédibilité avant de se prononcer. Une décision devrait tomber d’ici la mi-juin apprend-on de source judiciai- re. Il y aurait en tout cas urgen- ce à agir, car Péquignet se trou- verait dans une situation très précaire. Il faut maintenant s’attendre

30 000 montres par an sur le marché du luxe. Au début du printemps, un des représentants de la société assurait encore, avec aplomb sur une radio régio- nale que Péquignet allait créer 250 emplois (il y en a une qua- rantaine aujourd’hui), alors qu’il avait déjà le feu à la boutique. Comment a-t-on pu arriver à une telle dérive ?

Christian Jouillerot et toute son équipe vous souhaitent une bonne année 2011 18 €

au pire, alors que Didier Leibundgut, son direc- teur promettait depuis longtemps le meilleur, décrit dans beaucoup de médias comme l’homme

L’argumentaire de Péqui- gnet reposait entièrement sur la mise en place d’une manufacture haut de gamme, où devait être fabriqué le mouvement

Le retour du Made in France.

S ale temps pour l’économie dans le Val deMorteau,aussi pour- ri que lamétéo dumois de mai. Après Altitude qui a fermé ses portes laissant sur le carreau une vingtaine de sala- riés, desmenaces sérieuses pèsent maintenant sur l’avenir de l’entreprise horlogère Péquignet. Acculée àdes difficultés financières, elle a déposé le bilan le 26 avril. Les rumeurs qui couraient depuis

plusieurs mois sur la mauvaise santé de la société se vérifient donc. Pour espérer poursuivre son acti- vité, Péquignet doit trouver d’urgence un repreneur qui ait les reins suffisamment solides pour redresser la barre, éponger les dettes,et donner denouvelles pers- pectives, pérennes cette fois, à l’entreprise mortuacienne. Selon nos informations, plusieurs offres de reprise ont été dépo- sées. Il n’y aurait pas de grandes

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qui allait incarner le renouveau de l’horlogerie française. Du luxe et des emplois, voilà la promesse, nous étions prévenus. Il y a un an et demi, on appre- nait qu’une usine sortirait de terre à Morteau. La direction prétendait même qu’à l’horizon 2015-2020 elle emploierait jus- qu’à 500 personnes ! L’objectif annoncé : fabriquer et vendre

100 % maison : le calibre royal. Ce mouvement mécanique, tech- niquement abouti, devait incar- ner le retour du Made in Fran- ce sur les marchés horlogers où le Swiss made règne en maître. Un projet ambitieux, relevant du tour de force qui ne pouvait prendre son sens qu’à coup de millions d’euros. Dans le petit monde de l’horlogerie, on pen- sait depuis longtemps que le pari, aussi louable soit-il, était impossible à relever, tant les investissements sont lourds pour parvenir à développer, produi- re, et commercialiser des montres mécaniques. Cela demande du temps et de l’argent. Les dirigeants de Péquignet en ont manqué, tout comme ils ont sans doute manqué de réalisme industriel et de discrétion dans cette affaire. Espérons main- tenant qu’il y aura une suite heureuse à cette histoire. T.C.

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Communication Péquignet était la pépite à faire découvrir aux ministres La visite de représentants de l’État et d’élus locaux n’aura pas permis de sauver l’entreprise Péquignet lourdement endettée.

laissés emporter par le convain- quant Didier Leibundgut dont le talent de communicant est indéniable. La manufacture, Annie Gene- vard et Jean-Marie Binétruy la voyaient déjà à Morteau, la ville où devait renaître l’horlogerie française de luxe (ce n’est peut-être pas terminé espérons-le). Tout un symbole,

E n septembre 2009, la rédaction du journal C’est à dire avait osé mettre en doute la crédibilité du pro- jet de manufacture de Péqui- gnet pour de multiples raisons, y compris financières. À l’époque, des discussions avaient été enga- gées avec l’État pour qu’il appor- te 3 millions d’euros au capital de l’entreprise horlogère par l’intermédiaire du Fonds stra- tégique d’investissement. Alain Joyandet, alors secrétaire d’État,

avait même fait le déplacement à Morteau. Finalement, le par- tenariat n’aboutira pas et le redressement judi- ciaire dont fait l’objet la société nous laisse dire que nos interrogations n’étaient pas totalement infon- dées… Pourtant, lors de la parution de cet article, notre journal avait fait l’objet d’un certain nombre de critiques de la part d’élus locaux notamment, qui se sont

qui allait trouver un écho jusqu’à Paris. La plupart des ministres qui sont venus en dépla- cement dans le Haut-

Dans un genre très bling-bling.

Doubs (et il y en a eu) ont eu droit à une visite de la manu- facture. Dans un genre très bling-bling , l’entreprise Péqui- gnet était devenue la pépite à faire découvrir. Cela ne l’aura pas sauvée.

Annie Genevard en compagnie d’Alain Joyandet et de Didier Leibundgut lors d’une visite de l’entreprise en 2009. (photo archive Càd).

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