Journal C'est à Dire 177 - Juin 2012

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D O S S I E R

d’un gag. Elle est bien réelle. C’est la quatrième fois qu’il se présente à une élection législa- tive sous l’étiquette du Trèfle, parti politique qui se dit éco- logiste indépendant, humanis- te, pragmatique, créé en 1993. C’est la première fois dans la Jean-Marie Piétoukhoff est-il l’as du Trèfle ? Non, ce n’est pas une candidature gag. Le Ver- cellois Jean-Marie Piétoukhoff se présente sous l’étiquette du Trèfle. Personnage atypique, il prô- ne la défense des animaux et dit reporter ses voix pour Genevard ou Bertin. Le trèfle - Jean-Marie Piétoukhoff “Le petit-fils suis employé comme agent de déchetterie et recyclerie. J’ai sié- gé pendant trois ans à Stras- bourg en tant que délégué du personnel Manpower. J’ai une passion : le cirque” dit-il. Sera- t-il le clown de cette élection ? “Je veux porter mes idées pour

À regarder la vidéo tour- nant sur Internet pré- sentant Jean-Marie Piétoukhoff, alors can- didat aux législatives en 1997, on croit à une blague. Devant la caméra, on découvre un hom- me habillé version Deschiens qui baragouine son programme politique dans sa salle à man- ger. Les phrases s’enchaînent

cinquième circonscrip- tion qu’il bataillera. À chaque fois, les élec- teurs ont été peu nom- breux à choisir son com- bat : il fait en deçà de

la défense de la natu- re et des animaux” argu- mente-t-il avant de rap- peler son origine russe. “Je suis le petit-fils d’un sous-lieutenant duTsar.”

mais les idées, elles, semblent confuses. On y voit même son père accompagné d’un acolyte vêtu d’un jogging fluo version années quatre-vingt lui poser des questions sur son pro- gramme, cette fois dans l’intimité de la cuisine. Voilà pour le décor. Pour le reste, la candidature de Jean-Marie Piétoukhoff n’a rien

d’un sous- lieutenant du Tsar.”

2 %… ce qui ne l’empêche de rêver à nouveau. Auparavant à Montbéliard, il habite désormais à Vercel. Âgé de 45 ans, Jean- Marie Piétoukhoff rappelle d’où il vient : “Je suis célibataire et

Ravi de le savoir. Atypique, le représentant du Trèfle l’est ! Il est le seul candidat à n’avoir pu nous répondre par mail . Il n’a pas internet… E.Ch.

Jean-Marie Piétoukhoff ici dans une vidéo, disons… décalée. À voir sur youtube.

Alliance écologiste indépendante - Gaëlle Wendlinger L’autre avocate de la cause écolo

“La défense des animaux” Le Vercellois parle des animaux, des transports et un peu d’économie. Il profite de cet écho médiatique pour “saluer” Miss France. Étonnant ?

Issue de l’Alliance écologiste indépendante, énième mouvement environnementaliste, Gaëlle Wendlinger prône une économie de proximité et le développement du tourisme vert.

C’ est à dire : Pourquoi avez-vous décidé de sol- liciter le suffrage des électeurs lors de ces législatives ? Jean-Marie Piétoukhoff : Mon but est la défense des animaux et la défense de la nature. Au niveau de l’homme, je veux du mieux vivre ensemble. Càd : Sur quels arguments prio- ritaires axerez-vous votre cam- pagne ? J.-M.P. : Pour la défense de l’animal, la sécurité et éviter la décadence sociale comme l’emploi, de solida- rité. Càd : Si vous êtes élu, quels dos- siers porterez-vous en priorité sur la circonscription ? J.-M.P. : Il y a beaucoup de thèmes comme remettre l’environnement plus propre en utilisant les moyens de l’insertion. Cela mettrait le pied à l’étrier à des gens. Il y a le pro- blème de la faune sauvage, le pro- blème du lynx, qu’il faut défendre. Les renards s’approchent trop des habitations : la nature est désé- quilibrée comme le climat. Ce n’est plus possible. Càd : Partant du constat que les citoyens attendent souvent tout de leur député, quel est selon vous le rôle sur sa terre d’élection, de cet élu dont la fonc- tion première est de voter les lois ? J.-M.P. : Il faut mettre en place un secrétariat à la défense de l’animal et à la pauvreté. Je fais d’ailleurs un coucou à Miss France car elle très partisane pour la défense des animaux. Elle veut créer un Samu social pour les animaux à Paris. Je suis pour. Càd : Un dossier sur lequel tous les élus du Haut-Doubs se cas- sent les dents : les infrastruc- tures routières, et notamment le contournement de Pontarlier. Quelle est votre position sur la question et comment comptez- vous peser ? J.-M.P. : Je suis sensible à un mou- vement de divers droite. Càd : Expliquez-nous, vous dites que vous reporterez vos voix à l’une des deux candidates, mais laquelle des deux ?

J.-M.P. : Je les connais les deux. Elles ont les mêmes idées. Mes élec- teurs décideront. Càd : Les désengagements finan- ciers de l’État sont souvent stig- matisés par les collectivités locales, sources de restrictions budgétaires. À quoi devrait res- sembler une bonne réforme de la décentralisation et des col- lectivités ? J.-M.P. : L’essentiel est d’avoir des subventions pour que les villages puissent vive et que les milieux ruraux ne partent pas en fumée. Quand on voit déjà les postes, les médecins et les petits magasins qui disparaissent, ce n’est plus possible. Càd : L’emploi est la grande prio- rité du prochain mandat. Le Haut-Doubs a la chance de compter sur la manne suisse. Comment doit-on appréhender la question industrielle pour le Haut-Doubs où des entreprises ferment leurs portes ? J.-M.P. : Il faut trouver le moyen financier pour que les entreprises puissent garder leurs employés. Res- tons Français. Ne délocalisons pas en Allemagne. Càd : Que manque-t-il au Haut- Doubs pour être une vraie terre de tourisme ? J.-M.P. : Il faut faire plus de publi- cité et revaloriser nos sites. Je pen- se à la source de la Loue… Càd : L’écologie a été très peu présente dans la campagne pré- sidentielle. Quels exemples concrets d’actions pourraient être menées dans la circons- cription ? J.-M.P. : Il y a le problème des trans- ports qui ne sont pas adaptés com- me à Pierrefontaine, Le Russey, Ver- cel. Il n’y a pas de moyen de trans- ports. Il faut redonner plus de valeur à l’agriculteur. Je ne veux pas reve- nir dans les siècles du Moyen-Âge mais il faut moins d’engrais. Càd : Le salaire des politiques est souvent stigmatisé. Le reve- nu des députés vous paraît-il juste ? J.-M.P. : Oui, c’est juste. Mais il ne faut pas plusieurs mandats.

C’ est à dire : Pourquoi avez- vous décidé de solliciter le suffrage des électeurs lors de ces législatives ? Gaëlle Wendlinger : J’ai décidé d’être candidate aux élections législatives pour offrir aux électeurs la possibilité de voter pour le projet de l’Alliance Éco- logiste Indépendante. Réunissant des citoyens de terrain et non des profes- sionnels de la politique, indépendant du clivage droite-gauche, ce projet glo- bal de société représente une alterna- tive cohérente aux discours conven- tionnels rebattus par les partis en pla- ce, qui se contentent de faire de la ges- tion afin de ne contrarier aucun lob- by ni vivier d’électeurs potentiel. Profondément attachée au pays du Haut- Doubs, je souhaiterais valoriser et pro- téger ses richesses exceptionnelles, humaines et naturelles. Càd : Sur quels arguments priori- taires axerez-vous votre campagne ? G.W. : Mes priorités nationales sont liées paysanne et biologique.La part de l’élevage en plein air doit augmenter de façon signi- ficative par rapport à celle de l’élevage industriel, qui a des conséquences dra- matiques sur la santé, l’environnement et l’animal. Càd : Si vous êtes élue, quels dossiers porterez-vous en priorité sur la cir- conscription ? G.W. : Sur la circonscription, le déve- loppement du tourisme vert et sportif et l’amélioration des transports me sem- blent deux dossiers incontournables. Càd : Quel est selon vous le rôle sur sa terre d’élection, du député, dont la fonction première est de voter les lois ? G.W. : Le député est un élu de la nation : il vote les lois qui s’appliqueront à tous les Français. Son rôle ne peut donc se ramener à celui d’un pourvoyeur de sub- ventions pour sa circonscription. Son élec- tion locale doit en faire le garant de la juste représentation de tous les territoires français, et il doit promouvoir les initia- tives locales au niveau national. Càd : Quelle est votre position sur la question du contournement de Pon- tarlier et comment comptez-vous au développement d’une éco- nomie de proximité. Je sou- haite promouvoir la rurali- té, la petite entreprise et l’artisanat, les agricultures

peser ? G.W. : La solution au problème d’engorgement du trafic sur la R.N. 57 ne me paraît pas résider dans la multiplication des voies de circulation, mais plutôt dans la promotion du fer- routage. La gare T.G.V. de Frasne, accom- pagnée d’une plateforme multimodale, devrait tenir un rôle central dans l’organisation des transports et la ges- tion des camions. Un dispositif per- mettant de fluidifier le passage de la douane est également souhaitable. Pour les véhicules légers, des solutions de covoiturage pourraient être promues localement. Càd : À quoi devrait ressembler une bonne réforme de la décentralisa- tion et des collectivités ? G.W. : Le rôle et les moyens du Conseil général et des cantons devraient être renforcés, car ils ont vocation à faire exister une véritable démocratie de proximité, à soutenir les initiatives citoyennes et à permettre le dévelop- Càd : Comment doit-on appréhen- der la question industrielle pour le Haut-Doubs où des entreprises fer- ment leurs portes ? G.W. : La cinquième circonscription dis- pose d’atouts évidents pour réussir dans l’économie verte, et il importe de les valo- riser : éco-construction pour la filière bois, développement du bio et des labels pour les produits du terroir, innova- tion et excellence dans les domaines tech- nologiques (horlogerie), tourisme vert… Càd : Que manque-t-il au Haut- Doubs pour être une vraie terre de tourisme ? G.W. : Le Haut-Doubs possède un patri- moine naturel et culturel extraordi- naire, mais ce dernier n’est pas assez connu, ou souffre de préjugés, par exemple d’ordre climatique. Il faut abso- lument communiquer sur nos atouts ! Il est important de mettre l’accent sur les possibilités offertes en matière de tourisme sportif, aussi bien en termes de pratique individuelle que de spec- tacle : le site de Chaux-Neuve est par exemple le seul en France qui soit habi- lité à accueillir les épreuves de coupe du monde de combiné nordique. Il serait souhaitable de développer et diversi- pement de l’économie sociale et solidaire. Ils doi- vent pouvoir répondre aux besoins spécifiques liés au contexte local.

fier notre offre d’hébergement touris- tique, et de veiller à ce que le Haut- Doubs s’affirme comme l’axe ferroviai- re privilégié vers la Suisse : les liaisons T.G.V. qui y passent ne doivent pas être délaissées par la S.N.C.F. au profit de trajets Bourg-en-Bresse-Genève… Càd : L’écologie a été très peu pré- sente dans la campagne présiden- tielle. Quels exemples concrets d’actions pourraient être menées dans la circonscription ? G.W. : Concernant les initiatives éco- logiques qui pourraient être mises en place dans le Haut-Doubs, j’ai déjà cité le développement de l’éco-habitat, du tourisme vert, de la labellisation en bio des terres agricoles et des produits régio- naux. Nos sites naturels et notre bio- diversité (tourbières, lynx, cheval com- tois…) doivent également faire l’objet d’une protection renforcée, tout en per- mettant le lien avec les activités humaines et un tourisme responsable. Càd : Le salaire des politiques est souvent stigmatisé. Le revenu des députés vous paraît-il juste ? G.W. : Je suis tout à fait favorable à une réduction du revenu des députés lié à leur mandat. Je souhaiterais éga- lement qu’une partie de ces revenus aille au suppléant, qui travaillerait en partenariat avec l’élu, notamment au niveau local, et n’aurait donc plus seulement un rôle de remplaçant éven- tuel. Je souhaite une représentation réelle des citoyens à l’Assemblée natio- nale grâce à la proportionnelle, ainsi que le non-cumul des mandats. Propos recueillis par J.-F.H. sur la R.N. 57 ne me paraît pas résider dans la multiplication des voies de circulation.” Gaëlle Wendlinger : “La solution au problème d’engorgement du trafic

“La labellisation en bio des terres agricoles.”

Recueilli par E.Ch.

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