Journal C'est à Dire 177 - Juin 2012

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D O S S I E R

Front National - Claude Vernier “Quand on veut, on peut” Le candidat étiqueté Marine Le Pen veut en finir avec le système actuel qui selon lui n’ont fait que dilapi- der l’argent public. Il se dit non raciste

réindustrialiser le territoire, il faut faire pression sur les pays émergents qui ne s’embarrassent pas des ques- tions sociales, des normes de sécuri- té et des normes environnementales. Et surtout, surtout, il faut des infra- structures ferroviaires, routières et des voies de communication modernes. Càd : Partant du constat que les citoyens attendent souvent tout de leur député, quel est selon vous le rôle sur sa terre d’élection, de cet élu dont la fonction première est de voter la loi ? C.V. : Je ne suis pas pour la décen- tralisation, je suis pour un Etat fort. Mais c’est fait, alors mettons en pla- ce une simplification administrative (suppression de tions vertigineuses des impôts locaux que certaines personnes ont du mal à honorer. Ces seigneurs souvent socia- listes qui pleuraient que l’État U.M.P. ne leur serve autant d’argent qu’ils voulaient, maintenant avec Hollan- de, ils vont être servis. Càd : L’écologie a été très peu pré- sente dans la campagne prési- dentielle. Quels exemples concrets d’action pourraient être menés dans la circonscription ? C.V. : Pour l’écologie il y a urgence si on veut préserver la nature, il en va de notre santé. Nous avons de belles l’intercommunalité, etc.). La décentralisation a vu apparaître de nouveaux sei- gneurs qui dilapident l’argent public à vitesse grand V, d’où augmenta-

C’ est à dire : Pourquoi avez- vous décidé de solliciter le suffrage des électeurs lors de ces législatives ? Claude Vernier : Je sollicite le suf- frage des électeurs parce que la véri- table opposition aux socialistes, ce sont les députés du mouvement de Marine Le Pen qui l’incarneront le mieux puisque les dirigeants de l’U.M.P. appel- lent à voter socialiste si leurs candi- dats ne sont pas au deuxième tour. Il faut une majorité d’élus de notre mouvement à l’assemblée car avec l’élection de François Hollande, la bureaucratie sera de plus en plus pesante. Les charges et les impôts vont augmenter au point de finir par tota- lement décourager toute initiative. Càd : Sur quels arguments prio- ritaires axerez-vous votre cam- pagne ? C.V. : Ma campagne sera axée prin- cipalement sur la réduction de cer- taines dépenses publiques, la réduc- tion des coûts exorbitants de la décen- tralisation et la remise à plat du sys- tème fiscal qui pénalise lourdement nos P.M.E.

siers porterez-vous en priorité sur la campagne ? C.V. : Edgar Faure doit se retourner dans sa tombe, cela fait depuis 1965 que la question de la R.N. 57 n’est pas réglée. Il faut agir vite et bien pour la sécurité de tous (3 villages et 1 ville traversés, plus de 1 000 camions et 25 000 voitures par jour), pour le déve-

Claude Vernier : “La décen- tralisation a vu appa- raître de nouveaux seigneurs qui dilapi- dent l’argent public.”

loppement économique et le développement touristique. Quand on veut, on peut. Tout d’abord, on le doit aux fron- taliers qui perdent plus d’une heure tous les soirs dans les bouchons. Le gou-

“Edgar Faure doit se retourner dans sa tombe.”

rivières (Doubs, Drugeon, Loue, Des- soubre), nous avons le devoir de les préserver de toutes pollutions. Cela peut-être bon pour le tourisme. Sachez que la terre ne nous appartient pas, on l’emprunte aux générations futures. Càd : Le salaire des politiques est souvent stigmatisé. Le revenu des députés vous parait-il juste ? C.V. : Les hommes politiques doivent se comporter en soldats, donc se battre pour le bien de la nation et non pour leur compte en banque. Monsieur Binétruy se gardera bien de parler rémunération, car l’assemblée a voté à l’unanimité d’attribuer de gros émo- luments à chaque député non réélu. Où est la fin des privilèges de 1789 ? Je pense qu’il faut revoir à la bais-

se les indemnités des députés qui ne sont pas justifiées car 80 % des lois sont votées à Bruxelles. Je lance cet appel aux artisans, aux paysans, aux ouvriers, à tous ceux qui votaient pour le MoDem, U.M.P. : Votez Claude Vernier car les deux candi- dates de l’U.M.P. sont du même aca- bit que le député sortant, c’est-à-dire invisible mais surtout iront dans le sens opposé au sens qu’elles vous expo- seront dans leur profession de foi. Un dernier mot pour ceux qui hésitent ou qui croient aux préjugés : je ne suis pas raciste, pas fasciste mais tout sim- plement réaliste. Propos recueillis par J.-F.H.

vernement est fort pour les ponctionner avec les impôts donc il est de son devoir qu’ils circulent dans les meilleures conditions. Et il en est de même pour la route des microtechniques de Fuans à la douane suisse. On peut trouver l’argent nécessaire en faisant des éco- nomies ailleurs (cesser les plans de renflouement de la dette grecque, lut- ter contre la fraude sociale qui ne coû- te pas moins de 20 milliards d’euros par an…). De nombreuses études ont déjà été effectuées, donc il manque la volonté politique, peut-être pour punir les Suisses de leur refus d’entrée dans l’union soviétique européenne. Pour

Càd : Si vous êtes élu, quels dos-

Lutte Ouvrière - Odile Humbert La candidate “révolutionnaire”

notamment le contournement de Pontarlier. Quelle est votre position sur la question et comment comptez vous peser ? O.H. : L’utilité et le coût du contournement de Pontarlier doivent être appréciés par la population elle-même. Grâce au secret des affaires, les grandes entreprises de travaux publics se partagent le marché des routes et des grands aména- gements dans le pays. Il faut que la population puisse savoir combien les entreprises empo- cheront si un tel chantier voit le jour. Càd : Les désengagements financiers de l’État sont sou- vent stigmatisés par les col- lectivités locales, sources de restrictions budgétaires.Àquoi devrait ressembler une bonne réforme de la décentralisation et des collectivités ? O.H. : Il est vrai que l’État se désengage financièrement depuis des années au détriment des collectivités locales. À tous les niveaux, celui de l’État com- me des collectivités locales, l’argent public doit aller aux services publics. Il faut suppri- mer les aides aux grandes entre- prises et consacrer ces sommes à créer directement des emplois dans des domaines utiles à la population. Càd : L’emploi est la plus grande priorité du prochain mandat. Le Haut-Doubs a la chance de compter sur la manne suisse. Comment doit- on appréhender la question industrielle pour le Haut- Doubs où des entreprises fer- ment leurs portes ? O.H. : Le patronat comme les élus nous disent qu’il faut aider les entreprises pour qu’elles ne déménagent pas de l’autre côté

Odile Humbert souhaite appliquer à la lettre, quit- te à ne pas coller spécifiquement aux réalités du Haut-Doubs, les préconisations de Nathalie Artaud. Le communisme revisité.

l’encontre des intérêts des tra- vailleurs. Mais ceux qui voteront pour moi, sont conscients qu’il ne suffira pas d’un bulletin de vote, ni d’une présence à l’Assemblée pour les imposer. Seules des luttes de grande envergure, déterminées et conscientes, le permettront. Je défends donc un programme pour les luttes à venir, autour desquelles tous les travailleurs, des petites entreprises comme des grandes, du privé comme du public pourront se regrouper. Et que tous ceux qui subissent la crise pourront aussi rejoindre. Ce programme sera donc un objectif pour les mouvements sociaux qui ne manqueront pas de se déclencher avec l’aggravation de la crise. Càd : Partant du constat que les citoyens atten- dent souvent tout de leur député, quel est selon vous le rôle sur sa terre d’élection, de cet élu dont la fonction première est de voter la loi ? O.H. : Les uns et les autres nous présentent ces élections comme décisives, mais l’Assemblée nationale est surtout une chambre d’enregistrement. Si je suis élue, je me ferai le por- te-voix de toutes les luttes, de toutes les résistances, celles contre les fermetures d’écoles, contre les suppressions de pos- te dans les hôpitaux, contre les licenciements… Càd : Un dossier sur lequel tous les élus du Haut-Doubs se cassent les dents : les infra- structures routières, et

C’ est à dire : Pourquoi avez-vous décidé de solliciter le suffra- ge des électeurs lors de ces législatives ? Odile Humbert : Je me pré- sente pour continuer à faire connaître les idées défendues par Nathalie Arthaud pendant la campagne pour les présiden- tielles. Ceux qui ont approuvé ce programme pourront mani- fester leur accord à nouveau en votant pour ma candidature. D’autres qui, tout en approu- vant les idées défendues par Nathalie Arthaud, ont préféré “voter utile”, ont ainsi une occa- sion d’exprimer vraiment leurs idées. En votant pour ma candidatu- re, les électeurs diront qu’ils ne font aucune confiance à Hol- lande pour protéger les tra- vailleurs des attaques patro- nales et de la crise du capita- lisme. Ils diront qu’il existe une opposition à l’austérité de gauche, qui se situe dans le camp des travailleurs, pour que la droi- te et l’extrême droite ne puis- sent pas prétendre être la seu- le opposition à la gauche au pou- voir. Enfin, ils diront que les tra- vailleurs ne peuvent compter que sur leurs propres luttes pour se défendre et pour changer la société. Ma candidature sert aussi à affir- mer l’existence d’un courant com- muniste : je défends une orga- nisation rationnelle de l’économie

où l’on produit pour satisfaire les besoins de tous les hommes en mettant fin à l’exploitation, à la misère et au chômage. Càd : Sur quels arguments prioritaires axerez-vous votre campagne ? O.H. : Ma campagne portera sur les mesures qu’il sera nécessaire d’imposer au patronat et au gou- vernement. L’interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous sans per- te de salaire : les travailleurs n’ont que leur emploi pour vivre, ils doivent pouvoir le conserver nets par mois et la garantie du pouvoir d’achat par leur indexa- tion automatique sur le coût de la vie, c’est-à-dire l’échelle mobi- le des salaires. L’abolition du secret des affaires : il faut rendre légal le contrôle et la diffusion par les travailleurs eux-mêmes de ce qui se passe dans les cou- lisses des entreprises et touche toute la population. Càd : Si vous êtes élue, quels dossiers porterez-vous en priorité sur la campagne ? O.H. : Si je suis élue, je défen- drai ces mesures indispensables à l’Assemblée et je m’opposerai à toutes les lois qui vont à quitte à prendre sur les profits des entreprises. Une augmentation géné- rale de tous les salaires, retraites et pensions, avec un salaire mini- mum de 1 700 euros

Odile Humbert : “Si je suis élue, je reverserai l’intégralité de mon indemnité parlementai- re à mon parti.”

O.H. : Pour les questions d’environnement comme pour le reste, la population doit s’occuper elle-même de son sort. L’État n’a pas pris à temps les décisions nécessaires sur les décharges sauvages ou l’état des eaux dans le Haut-Doubs. Pour achever l’installation ou la modernisation de centrales d’épuration, les travaux doivent être faits à prix coûtant sous le contrôle de la population. Càd : Le salaire des poli- tiques est souvent stigmati- sé. Le revenu des députés vous parait-il juste ? O.H. : Les députés devraient être révocables à tout moment durant leur mandat et bénéfi- cier d’un salaire équivalent au niveau moyen d’un salarié. Si je suis élue, je reverserai l’intégralité de mon indemni- té parlementaire à mon parti.

de la frontière ou pour qu’elles ne ferment pas. Mais ce qu’ils font, c’est de l’assistanat à gran- de échelle. Chaque année, ce sont des centaines de milliards que l’État verse au patronat, sous couvert “d’aide aux entreprises” : les vrais assistés, ce sont les patrons. C’est par des luttes de chaque côté de la frontière, ensemble, que les travailleurs se défendront. Càd : Que manque-t-il au Haut-Doubs pour être une vraie terre de tourisme ? O.H. : Pour partir en vacances, pour que des touristes d’autres régions se déplacent, il faut des salaires corrects pour tous : pas de salaires inférieurs à 1 700 euros nets par mois ! Càd : L’écologie a été très peu présente dans la campagne présidentielle. Quels exemples concrets d’action pourraient être menés dans la circonscription ?

“Les vrais assistés, ce sont les patrons.”

Propos recueillis par J.-F.H.

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