Journal C'est à Dire 177 - Juin 2012

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D O S S I E R

Droite - Nathalie Bertin Nathalie Bertin veut être une députée à 100 %

Favorable au non-cumul, la suppléante de Jean- Marie Binétruy et adjointe au maire de Pontarlier a décidé de défier les instances officielles de l’U.M.P. en comptant sur sa connaissance du terrain.

Càd : Un dossier sur lequel tous les élus du Haut-Doubs se cassent les dents : les infra- structures routières, et notam- ment le contournement de Pontarlier. Quelle est votre position sur la question et comment comptez vous peser ? N.B. : Les infrastructures rou- tières sont absolument néces- saires, n’oublions pas le T.G.V. ou Internet à très haut débit. Le contournement de Pontarlier est d’une double complexité : technique (moyenne montagne) et donc financière. D’autres amé- nagements de la R.N. 57 sont passés avant Pontarlier-Vallor- be. Je veillerai à ce que les études ensuite débloquer les finance- ments. Je me réjouis de pouvoir appuyer ce dossier, en étroite collaboration avec Patrick Gen- re, maire de Pontarlier, et les autres maires concernés. Càd : Les désengagements financiers de l’État sont sou- vent stigmatisés par les col- lectivités locales, sources de restrictions budgétaires. À quoi devrait ressembler une bonne réforme de la décen- tralisation et des collectivi- tés ? des classes populaires et s’oppose aux intérêts des privilégiés. Le député est aussi l’élu d’une circonscription. Il doit être à l’écoute, faire remonter les avis des gens de terrain, être le relais des élus locaux pour faire avan- cer les dossiers. Càd : Quelle est votre posi- tion sur le contournement de Pontarlier et comment comp- tez-vous peser ? C.F. : La R.N. 57, avec le contour- nement de Pontarlier et jusqu’à la frontière, ainsi que l’axe Mont- béliard-Pontarlier doivent être améliorés. Le désengorgement de Morteau devra être réglé. Cela implique un engagement financier fort et durable de l’État, en complément de celui du Conseil général. Il importe de réfléchir sur les modes de transports : en finir avec le tout-automobile au pro- fit des transports collectifs, dont le train moins polluant : moder- nisation des lignes, augmenta- tion des fréquences, prix attrac- tifs, voire gratuité. Càd : À quoi devrait ressem- bler une bonne réforme de la décentralisation et des col- lectivités ? C.F. : Je suis pour une nouvel- le Constitution. Elle devra redé- finir les collectivités locales : nombre, compétences respec- tives, financements, rapports avec le pouvoir central. En attendant, il est nécessaire de revenir sur la réforme de 2010 et notamment sur le volet finan- de ce projet soient ins- crites en tête de liste du futur P.D.M.I. (pro- gramme de dévelop- pement et de moder- nisation des itiné- raires), il faudra

N.B. : L’État ne se désengage pas, il agit autrement, il doit déléguer plutôt que transférer pour garantir l’égalité républi- caine et conserver un rôle de co- pilotage et d’animation des poli- tiques publiques. Les collectivi- tés locales doivent faire preuve d’exemplarité en termes de rigueur budgétaire, dans le cadre de la clarification nécessaire de leurs compétences. Càd : L’emploi est la plus grande priorité du prochain mandat. Le Haut-Doubs a la chance de compter sur la manne suisse. Comment doit- on appréhender la question industrielle pour le Haut- et la formation professionnelle des salariés, imaginer des solu- tions contemporaines comme le télétravail et être conscients que l’écart de compétitivité impose la poursuite de la réforme de la fiscalité des entreprises. Càd : Que manque-t-il au Haut-Doubs pour être une vraie terre de tourisme ? N.B. : Le Haut-Doubs est une vraie terre de tourisme, avec des atouts pour chaque saison, qui draine un tourisme familial à la recherche d’un cadre naturel cier et fiscal, avec une indexa- tion des dotations de l’État sur le coût réel des compétences transférées, et la préservation de leur autonomie financière grâce à une fiscalité propre et suffisante, avec contribution des entreprises. Càd : Comment doit-on appré- hender la question indus- trielle pour le Haut-Doubs ? C.F. : Pour une partie du patro- nat local et de la droite, la Suis- se sert de bouc émissaire, alors que sa proximité sauve le sec- teur. En vérité, le Haut-Doubs, comme tout le pays, est victime de capitalistes qui délocalisent sans scrupule ou font de l’argent facile en spéculant plutôt que d’investir dans l’industrie. La désindustrialisation n’étant pas une “spécialité” locale, les réponses ne peuvent être que globales : réduire le coût du capi- tal au profit de l’investissement et du pouvoir d’achat des sala- riés ce qui relancerait la deman- de, taxer les importations en provenance de pays qui surex- ploitent leur main-d’œuvre et se moquent de l’environnement, aider les P.M.E.-P.M.I., favori- ser les relocalisations, déve- lopper la formation, la recherche et l’innovation, investir dans les énergies nouvelles porteuses d’emplois, partager le travail… Des solutions antilibérales ! Càd : Que manque-t-il au Haut-Doubs pour être une vraie terre de tourisme ? C.F. : Des touristes ! Mais quel type de tourisme devons-nous promouvoir ? Pas un tourisme de masse, pour lequel nous n’avons pas les atouts et qui Doubs où des entre- prises ferment leurs portes ? N.B. : Il faut encou- rager la structuration de nos filières phares, soutenir l’innovation

C’ est à dire : Pourquoi avez-vous décidé de solliciter le suffrage des électeurs lors de ces légis- latives ? Nathalie Bertin : Suppléan- te depuis 10 ans du député sor- tant, ayant contribué efficace- ment à ses deux réussites élec- torales, je suis engagée depuis 17 ans dans la vie publique, et donc expérimentée. Mes enfants sont autonomes, je peux m’impliquer totalement. Des élus, des chefs d’entreprise, des bénévoles associatifs, de nom- breux habitants m’ont sollicitée à travers l’ensemble du terri- toire. Càd : Sur quels arguments prioritaires axerez-vous votre campagne ? N.B. : Disponible, accessible, à l’écoute, je serai une députée à 100 % au service de l’ensemble de la circonscription que je connais parfaitement, avec un suppléant compétent et actif qui sera mis à contribution. Cet engagement à plein-temps sup- pose de ne pas être accaparée par d’autres mandats. Càd : Si vous êtes élue, quels dossiers porterez-vous en prio- C’ est à dire : Pourquoi avez-vous décidé de solliciter le suffrage des électeurs lors de ces légis- latives ? Claude Faivre : Je fais par- tie des indignés, qui ne sup- portent ni les inégalités, ni le déni de démocratie, ni le sacca- ge de l’environnement. Au-delà de l’indignation, il faut résister socialement et proposer des solu- tions politiques. Favorable à l’unité, j’ai accepté d’être le can- didat de rassemblement de la Gauche radicale et écologiste autour du Front de Gauche. Càd : Sur quels arguments prioritaires axerez-vous votre campagne ? C.F. : La gauche rassemblée a chassé Sarkozy. Ensemble, on battra la droite aux législatives ! Le but n’est pas seulement de changer de dirigeants, mais de changer de politique : plus d’emplois, des salaires corrects, des retraites décentes, des loyers accessibles, un avenir pour les jeunes sur une planète préser- vée. Pour cela, il faut qu’il y ait à côté du parti socialiste, mais s’opposant à lui s’il déra- pe à droite, une gauche de résis- tance et de propositions. Une force qui se mobilisera contre toutes les politiques d’austérité de droite comme de gauche et qui a des solutions pour sortir

rité sur la campagne ? N.B. : Mon action s’articulera sur 4 axes majeurs : le déve- loppement économique créateur de richesses et d’emploi, le sou- tien aux filières agriculture, bois et agroalimentaire, la particu- larité transfrontalière et la défen- se d’une politique résolument solidaire et familiale. sur un axe transversal : la place fonda- mentale des infrastructures. Càd : Partant du constat que les citoyens attendent sou- vent tout de leur député, quel est selon vous le rôle sur sa terre d’élection, de cet élu dont la fonction première est de voter la loi ? N.B. : Le vote de la loi est la par- tie visible et médiatisée, il y a un travail préalable d’enquête, d’audition, contrôle du gouver- nement. Ce que le député incar- ne au niveau national lui don- ne la légitimité sur son terri- toire, notamment pour mettre en relation les acteurs locaux avec les ministères et les ser- vices centraux de l’administration. Pour assumer cette mission, le député doit s’engager à temps plein. C’est la raison pour laquelle je suis contre le cumul des mandats. de la crise sans faire payer les classes populaires. Càd : Si vous êtes élu, quels dossiers porterez-vous en prio- rité sur la circonscription ? C.F. : L’emploi et les services publics sont deux des préoccu- pations de nos concitoyens. L’emploi, c’est d’abord un tissu de P.M.E. La “frilosité” des banques à s’engager à leur côté est un obstacle à leur dévelop- pement. La création d’un pôle public bancaire au service de l’emploi et de la population constituerait une aide efficace. Quant aux services publics, vic- times de la folie anti-fonction- naire de Sarkozy, ils sont en mauvais état ! Pourtant, ils conditionnent les autres activi- tés et la possibilité même de vivre et travailler dans nos com- munes. Je bataillerai pour obte- nir des moyens pour l’école, l’hôpital, l’ensemble des services publics et le retour dans le giron public de tous ceux qui ont été privatisés. Càd : Quel est selon vous le rôle d’un député sur sa terre d'élection, de cet élu dont la fonction première est de voter les lois ? C.F. : Le député est l’élu du peuple tout entier. Il doit avoir le souci de l’intérêt général qui, pour moi, se confond avec celui

Nathalie Bertin : “ L’image du Haut-Doubs doit être valorisée.”

préservé. Hélas menacée, cet- te richesse des paysages doit être activement protégée. Ensui- te, l’image du Haut-Doubs doit être valorisée, en concertation avec les habitants. Càd : L’écologie a été très peu présente dans la campagne présidentielle. Quels exemples concrets d’action pourraient être menés dans la circons- cription ? N.B. : Préserver la ressource capitale qu’est l’eau, protéger nos rivières et nos zones humides, gérer l’équilibre en impliquant chasseurs et pêcheurs. Lutter contre la pollution lumi- neuse, encourager le chauffa- ge aux granulés, le tri sélectif, inciter le co-voiturage et les constructions à faible bilan éner- gétique, voilà d’autres exemples concrets en faveur du dévelop-

pement durable. Et si chacun donnait l’exemple ! C àd : Le salaire des politiques est souvent stigmatisé. Le revenu des députés vous parait-il juste ? N.B. : Le revenu couvre l’indemnité du député et les frais liés à l’organisation de son tra- vail pour produire des analyses, proposer un texte de loi, ins- truire les dossiers collectifs et individuels. Ce revenu corres- pond donc à la rémunération d’une activité professionnelle de cabinet de conseil dans le sec- teur privé. Mais je suis favorable à réduire son montant pour par- ticiper à l’effort général de dimi- nution des dépenses publiques, indispensable pour que la Fran- ce retrouve le chemin de la com- pétitivité et de la croissance.

“Encourager la structuration de nos filières phares.”

Propos recueillis par J.-F.H.

Front de gauche - Claude Faivre Claude Faivre, l’indigné de la politique

Claude Faivre :

Ce militant altermondialiste de 64 ans n’en est pas à sa pre- mière élection. Des salaires corrects, des retraites décentes, des loyers accessibles… comptent parmi ses priorités.

“Le désen- gorgement de Morteau devra aussi être réglé.”

dégraderait notre cadre de vie qui est, à bien y réfléchir, notre argument touristique. Mettons en avant nos paysages, nos sites naturels et architec- turaux, la tranquillité de nos villages et faisons correspondre nos équipements à cette offre touristique. Donc, plutôt des gîtes ruraux, des campings à la fer- me, des petits hôtels, des points d’accueil pour les randonneurs, les pêcheurs, bref, de petites structures plutôt que des équi- pements surdimensionnés rui- neux et néfastes pour l’environnement. Càd : Quels exemples concrets d'actions pourraient être menées en matière d’environnement dans la cir- conscription ? C.F. : Deux dossiers sont urgents : celui dit des “gaz de schiste”, en fait, dans le Haut- Doubs, du pétrole convention- nel, et la pollution des rivières. Pour l’exploitation pétrolière, une solution : revenir sur les autorisations données aux pétro- liers. Il est inadmissible, pour quelques barils, de risquer de polluer les nappes phréatiques et dégrader nos paysages. La réponse à la pénurie de pétrole est de promouvoir d’autres éner- gies, renouvelables et sans impact

sur le climat. Pour les rivières, il faut identi- fier chaque pollution, puis la trai- ter. Bien sûr, il importe d’appliquer le principe “pollueur- payeur”, avec détermination pour les gros pollueurs, avec pédago- gie pour les petits agriculteurs. Investi dans la défense d’un marais, je serai aussi très atten- tif à la protection des zones humides et des tourbières. Càd : Le salaire des politiques est souvent stigmatisé. Le reve- nu des députés vous paraît- il juste ? C.F. : 5 189 euros nets mensuels, plus 6 412 euros d’indemnité de frais de mandat : comparé au revenu moyen du peuple qu’il représente, celui d’un député est plus que confortable ! Fait aggra- vant : le cumul des indemni- tés, qui va de pair avec celui inad- missible des mandats. Sans par- ler d’une retraite peu touchée par les dernières réformes ! On est loin des millions d’euros encaissés par les grands patrons et les actionnaires du C.A.C. 40, mais il faut réduire ces indem- nités, d’autant que les députés doivent être exemplaires. Les élus doivent revenir parmi nous, y compris financièrement. Propos recueillis par J.-F.H.

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