Journal C'est à Dire 177 - Juin 2012

D O S S I E R

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Législatives : la bataille du Haut-Doubs

Un mois à peine après la présidentielle qui a vu la gauche l’emporter, les électeurs sont à nouveau appelés aux urnes pour élire leurs députés les 10 et 17 juin. Dans cette course à l’Assemblée Nationale, le Haut-Doubs est concer- né essentiellement par une circonscription, la cinquième du Doubs, qui s’étale de Mouthe au Russey, en passant par Pierrefontaine et Amancey. La partie Ouest du Haut-Doubs, le plateau de Maîche, est, elle, étrangement englobée dans la troisième circonscription du Doubs, avec Montbéliard (nous la traite- rons en fin de dossier). Ces deux circonscriptions “haut-doubistes” sont déte- nues par la droite. Depuis plusieurs décennies pour la cinquième, depuis 2002 pour la troisième. Dans la cinquième, le député sortant Jean-Marie Binétruy a décidé de ne pas se représenter, laissant la place à douze candidats qui bataille- ront dur pour conquérir ce siège laissé vacant. Pour échafauder ce dossier, le journal C’est à dire a voulu respecter la plus stricte équité entre tous les candidats déclarés. C’est pourquoi nous avons sou- mis le même questionnaire à tous, en imposant à chaque candidat un même nombre de signes. Seule une candidate, Chantal Charles (Debout la République) n’a pas répondu dans les délais impartis. Législatives 2012, la bataille du Haut-Doubs. C’est le dossier - équitable - de ce numéro.

Élections La campagne marquée par une guerre fratricide à droite La division de la droite sur le Haut-Doubs aurait sans doute pu être évitée si l’U.M.P. avait organisé des primaires sur la cinquième circonscription comme le demandaient des militants. Aujourd’hui, deux camps s’affrontent avec d’un côté les partisans de Nathalie Bertin (Parti Radical) et de l’autre ceux d’Annie Genevard (U.M.P.)

J ean-Marie Binétruy tente de minimiser la portée de “l’autre” candidature de droite sur la cinquième cir- conscription, celle de Nathalie Bertin qui est investie par le Par- ti Radical de Jean-Louis Borloo, composante de l’U.M.P. “J’ai le sentiment que l’on donne beau- coup d’importance à peut-être 1 % des adhérents qui ne sont pas d’accord” disait-il dans notre précédente édition. Le député sortant et patron de l’U.M.P. du Doubs, garant de la cohésion du mouvement, ne peut pas dire

autre chose. Il est dans son rôle lorsqu’il appelle au rassemble- ment derrière Annie Genevard, la candidate investie par l’U.M.P. En réalité, il y a bien une frac- ture qui se creuse à droite. Elle n’est pas aussi anodine que Jean- Marie Binétruy veut bien le dire. En effet, Nathalie Bertin a, à ses côtés, des soutiens de poids, dont beaucoup d’U.M.P., qui s’engagent dans sa campagne. Parmi eux on retrouve évidem- ment Alain Marguet, conseiller général du canton de Montbe- noît qui a affiché depuis long-

temps la couleur. Il y a aussi Albert Rognon, conseiller géné- ral du canton de Morteau et Jean-Marie Pobelle son homo- logue du canton de Pierrefon- taine. Christine Bouquin, pré- sidente de l’association des maires du Doubs apporte elle aussi son soutien à Nathalie Ber- tin “car c’est une femme de convic- tion et d’action” juge-t-elle. Pour les mêmes raisons, Daniel Defras- ne, adjoint au maire de Pon- tarlier est également à ses côtés. La dynamique qui se crée autour de Nathalie Bertin fait dire à ses

Nathalie Bertin, adjointe au maire de Pontarlier, lors de la présentation de son équipe de campagne. Elle annonce que si elle est élue, député sera son seul mandat.

partisans qu’elle est la candi- date du rassemblement et pas de la division comme le clament ses adversaires. “Nous ne sommes pas des dissidents” insiste Chris- tian Coutal, son suppléant, qui est également président de la communauté de communes du canton de Montbenoît. “Nous sommes d’une même et grande famille à droite qui a en son sein des sensibilités différentes. De notre côté, avec Nathalie Bertin, la cinquième circonscription est marquée par cette bataille fra- tricide à droite. Elle oppose donc Nathalie Bertin à Annie Gene- vard qui a dans son équipe Patrick Genre, le maire de Pon- tarlier qui estime qu’elle est la plus compétente pour défendre les intérêts du territoire (N.D.L.R. : nous avons présen- nous avons décidé de construire un projet à partir du terrain.” La campagne des légis- latives qui démarre sur

té le comité de soutien de la can- didate U.M.P. dans le numé- ro 176 du Journal C’est à dire). Mais à droite, beaucoup s’accordent à dire que tout cela aurait pu être évité si des pri- maires avaient été organisées sur la cinquième circonscription afin de laisser le choix aux mili- tants de désigner le ou la meilleure candidate pour suc- céder à Jean-Marie Binétruy. Ils sont nombreux à n’avoir pas des instances parisiennes de l’U.M.P. suivant une logique d’appareil sans même que la base ait eu son mot à dire. D’autant qu’à leurs yeux, Mada- me Genevard qui assume déjà plusieurs mandats dont celui de maire de Morteau, de conseillè- re régionale, de présidente du Pays Horloger ou de vice-prési- digéré l’investiture d’Annie Genevard, d’où la fracture. Des militants regrettent encore qu’elle ait reçu la bénédiction

dente de l’U.M.P. du Doubs, n’était peut-être pas la meilleu- re candidate pour défendre les chances du parti sur cette cir- conscription malgré les recom- mandations de Paris. “Nous ne contestons pas Annie Genevard mais on pense qu’on lui a don- né l’investiture un peu trop vite sans qu’elle ait eu à faire ses preuves. Elle est un peu une can- didate de salon” juge sévère- ment un militant de Besançon. Ce n’est d’ailleurs pas la pre- mière fois que la candidature d’Annie Genevard crée un cla- sh à l’U.M.P. En 2008, lors des sénatoriales, la décision de l’investir à la place de Jean-Fran- çois Humbert avait piqué au vif ce ténor du parti qui s’est déso- lidarisé pour se présenter sans étiquette à cette élection, et fina- lement enlever le mandat. Res- te à savoir maintenant à qui pro- fitera cette division de la droi- te locale. Verdict le 17 juin au plus tard. T.C.

“Une candidate de salon.”

Annie Genevard la candidate investie par l’U.M.P. a à ses côtés Patrick Genre, le maire de Pontarlier et Éric Liégeon son suppléant.

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