Journal C'est à Dire 175 - Mars 2012

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É C O N O M I E

Législatives “Les lignes bougent dans le Haut-Doubs” Liliane Lucchesi a été investie par le P.S. Pour la première fois, elle défendra les couleurs de son parti aux prochaines élections législatives sur la 5ème circonscription. Elle fera face, notam- ment, à l’U.M.P. Annie Genevard qui s’était expri- mée dans notre précédente édition.

C’ est à dire : Vous aviez été pressen- tie pour être can- didate en 2002. ette fois-ci vous êtes investie par le P.S. Votre candidature a-t-elle fait débat au parti socialiste ?

faire campagne ? L.L. : Je voudrais rappeler que la particularité de ces élections législatives est qu’elles collent à l’élection présidentielle. Pour nous, au Parti Socialiste, la pre- mière échéance est la prési-

dentielle et la victoire de François Hollande. C’est la priorité. Nous avons un devoir de victoire vis- à-vis de nos concitoyens. Sur la 5 ème , comme sur

“Nous avons un devoir de victoire.”

Liliane Lucchesi : Non. J’étais la candida- te légitime et naturelle. Je l’étais d’autant plus que dans le cadre de la

les autres circonscriptions, la campagne présidentielle sera menée en lien avec les législa- tives. Càd : Le profil sociologique de la 5 ème circonscription se modifie. Ce territoire ancré à droite peut-il basculer à

loi sur la parité deux circons- criptions étaient réservées à des femmes : la 5 ème et la 1 ère (Besan- çon) où Barbara Romagnan est candidate. Càd : C’est la première fois que vous briguez un mandat de député. Êtes-vous prête à

Liliane Lucchesi siège au conseil municipal de Pontarlier, dans l’opposition.

gauche comme ce fut le cas du canton du Russey au prin- temps dernier ? L.L. : C’est très difficile de répondre à cette question. La réponse, ce sont les électeurs qui

tences. Ne redoutez-vous pas que cela vous porte préju- dice à Pontarlier ? L.L. : Tout le monde à Pontar- lier n’est pas attentif à ce que peut dire la majorité munici- pale. Les gens qui me connais- sent savent que quand je m’engage, je vais au bout des choses et que je suis compéten- te. Les personnes que je vais rencontrer pendant la campagne en jugeront pas elles-mêmes. Et puis, Patrick Genre, le maire de Pontarlier qui s’est toujours déclaré apolitique, sera peut- être heureux de voir qu’une de ses conseillères municipales est candidates aux législatives (sou- rire). Càd : Que pensez-vous des tensions à gauche sur la deuxième circonscription où des socialistes contestent l’accord P.S.-Les Verts, qui désigne Éric Alauzet (Les Verts) candidat de l’union aux législatives ? qu’ils ont obtenues. Nous sommes alliés, mais je com- prends que cela puisse être dif- ficile à admettre pour des mili- tants socialistes. À deux mois de la présidentielle, nous ne pou- vons pas revenir sur cet accord et nous disperser. Il faut y aller ensemble pour se donner les chances de la victoire. Càd : Le paradoxe est que vous aurez à composer sur la 5 ème circonscription avec un candidat des Verts qui va se présenter ? P.S. : Je sais. C’est assez dur à comprendre. À mon sens, ce gen- re de situation crée l’incompréhension dans les rangs des militants socialistes. Propos recueillis par T.C. L.L. : Pour moi la prio- rité est l’élection de François Hollande, même si elle passe par l’accord P.S.-E.E.L.V. Europe Écologie-Les Verts ont revendiqué des circonscriptions

L.L. : Le député n’est pas “un guichet” où l’on vient chercher des solutions dès que l’on a une demande. C’est un élu national qui doit avoir une vision plus large que celle de son territoi- re. Il peut néanmoins orienter les lois, les amender, en fonction des enjeux de sa région. C’est un mandat prenant qui méri- te de s’y consacrer pleinement. Càd : Quel regard portez-vous sur le mandat du député U.M.P. sortant Jean-Marie Binétruy, et sur Annie Gene- vard qui est candidate à sa succession ? L.L. : Jean-Marie Binétruy est passé avec beaucoup de discré- tion. Annie Genevard est une collègue puisque nous sommes toutes les deux enseignantes. Je l’ai croisé au Conseil régional. Je dirais que dans les inter- ventions qu’elle a faites dans ce cadre-là, elle siégeait surtout en tant que maire de Morteau. Elle Càd : Si vous étiez élue, quel genre de député seriez-vous : plutôt parisienne, pontissa- lienne ou les deux à la fois ? L.L. : Paris est incontournable. Il faut siéger à l’Assemblée Nationale, travailler dans la plus grande transparence. Mais il faut être aussi proche des gens et attentif aux répercussions des lois sur leur vie quotidienne. Càd : Avez-vous déjà choisi votre suppléant, ou votre sup- pléante d’ailleurs ? L.L. : Non, c’est en cours. Il pour- ra être homme ou femme. Càd : Vous êtes conseillère municipale d’opposition. La majorité vous mène la vie dure, critique vos compé- a du mal à se détacher d’une réflexion com- munale. Or, pour être député sur la 5 ème cir- conscription qui comp- te 174 communes, il faut être capable de prendre de la hauteur.

la donneront. Je n’anticiperai pas des résultats dans une cir- conscription qui est difficile pour la gauche. Il y a cependant des circonstances comme la réélec- tion de Christian Bouday, ou la victoire de Gilles Robert au Russey, des alliances, qui génè- rent des énergies et aboutissent à des victoires. Je ne fais pas de plans sur la comète. L’important, d’abord, est que les gens aillent voter. Il n’y a pas de fatalité. Je fais confiance à la capacité de réflexion de mes concitoyens qui voient ce qui se passe depuis cinq ans. Càd : Honnêtement, la 5 ème est “gagnable” pour la gauche ? L.L. : En tout cas je trouve qu’il y a du panache à relever le gant dans une circonscription diffi- cile, marquée à droite. Je res- te modeste quant aux résultats possibles. Mais les lignes bou- gent. Càd : Où placez-vous la ques- tion transfrontalière dans votre campagne ? L.L. : L’enjeu transfrontalier est important. Mais il est important pour créer une dynamique de coopération, afin de tirer parti des effets positifs de cette fron- tière. Nous devons travailler pour un développement équili- bré de nos territoires. Il faut envisager cette coopération de proximité pour se donner aussi les moyens de réagir si demain la situation économique en Suis- se était moins favorable. La mobilité est une question cen- trale, tout comme la formation et l’industrialisation. Il faut s’interroger également sur l’attractivité résidentielle et ses conséquences, les zones rurales, et le tourisme qui peut deve- nir une entreprise pérenne et non délocalisable sur notre ter- ritoire. Il y a des spécificités avec lesquelles il faut composer. Càd : Selon vous, quel rôle doit jouer le député face aux enjeux d’un territoire ?

“Jean-Marie Binétruy est passé avec beaucoup de discrétion.”

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