Journal C'est à Dire 173 - Janvier 2012

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L A P A G E D U F R O N T A L I E R

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Les Chinois intéressés par les fabriques d’horlogerie suisse Horlogerie Ils sont en train de franchir un nouveau cap : ne plus seulement être clients, mais devenir également propriétaires. Aperçues en Vallée de Joux, des délégations chinoises donne lieu des spéculations.

O n savait les Chinois amateurs de montres suisses. Mais on igno- rait que l’Empire du Milieu s’intéressait de près, de très près même, aux manu- factures horlogères et à leur outil de production. En novembre, puis en décembre, des délégations chinoises ont été aperçues dans la Vallée de Joux et à Plan-des-Ouates vers Genè- ve rapporte le site Internet suis-

Économiques de la Vallée de Joux (A.D.A.E.V.E.). Les Chinois n’ont en effet pas besoin de l’A.D.A.E.V.E. pour aller à la rencontre des presti- gieuses manufactures implan- tées au Sentier ou ailleurs. D’ailleurs, c’est un secret de poli- chinelle : les entreprises ne sou- haitent pas parler des éventuels liens qu’elles établissent avec les Asiatiques. Il existe des avantages néan-

Au salon de l’horlogerie à Bâle, les Chinois viennent acheter les montres. Aujour- d’hui, ils investissent dans les entreprises suisses.

“Si l’achat est spéculatif, il faudra s’inquiéter” Le président de la fédération horlogère suisse

Jean-Daniel Pasche ne voit pas la Chine comme un adversaire mais comme un par- tenaire. À certaines conditions. C’ est à dire : Des délégations chi- noises ont été aperçues en Val- lée de Joux ou dans le canton de Genève récemment. En avez-vous eu connaissance ? Jean-Daniel Pasche : Nous savons que des délégations chinoises viennent régu- lièrement en Suisse et plus particulière- ment dans nos régions horlogères avec des motifs divers : simples visites, business, missions officielles, etc. Certaines nous rendent visite à la fédération horlogère à Bienne. Certes, nous ne sommes pas infor- més de toutes les délégations. Càd : Clients devenus fidèles, les Chi- nois veulent-ils devenir propriétaires et ainsi s’accaparer votre outil de pro- duction ? La F.H.S. a-t-elle un rôle à jouer ? J.-D.P. : Il est vrai que des milieux d’affaires

chinois investissent dans des entreprises horlogères suisses. Le fait que des hommes d’affaires asiatiques investissent dans notre branche n’est pas nouveau en soi. Ce phé- nomène existe depuis longtemps : Japon, Chine, Hong-Kong, Taïwan, Singapour, etc. La fédération n’a pas à intervenir dans les transactions qui mettent aux prises un vendeur et un acheteur. Nous vivons sous le régime de la liberté du commerce, et les investissements à l’étranger en font par- tie. Des Suisses investissent à l’étranger et des étrangers investissent en Suisse, ce qui est normal. Notre pays négocie régulière- ment des accords de libre-échange et des accords sur la protection des investisse- ments pour ainsi favoriser le commerce. Càd : Les fabriques suisses s’en inquiè- tent-elles ? J.-D.P. : Ce n’est pas l’achat en soi qui est problématique mais la motivation de l’acquéreur. Si celui-ci veut investir sur le long terme pour développer la marque et les produits afin d’assurer l’avenir de

notre branche, nous ne sommes pas inquiets. Si l’achat est spéculatif et vise le court ter- me, il y a de quoi s’inquiéter. Càd : Existe-t-il un espionnage indus- triel ? J.-D.P. : Je ne peux pas répondre à cette question. Je ne connais pas de cas concret. Ce qui existe à coup sûr dans notre branche, ce sont les copies de modèles ou de marques qui alimentent la contrefaçon. Càd : Le groupe China Haidan est déjà propriétaire de la marque Éterna. Les fabriques devront-elles ouvrir leur capital pour pénétrer mieux encore cet immense marché de l’Empire du Milieu ? J.-D.P. : Je ne pense pas qu’il faille ouvrir son capital pour pénétrer le marché chi- nois mais il faut trouver les bons parte- naires pour établir un réseau de distri- bution efficace. Recueilli par E.Ch.

se “Business Montres”. Cette arrivée donne lieu aux plus folles spécu- lations de l’autre côté de la frontière d’autant que la marque Chro- noswiss gérée par Gerd Rüdiger Lang pourrait répondre aux sirènes

moins des avantages à “coopérer”. Pour l’horloger suisse - qui se vendra partielle- ment, ou intégrale- ment - c’est la garan- tie d’un accès illimi- té à un marché de plus de 400 millions de Chi-

Les entreprises ne souhaitent

pas en parler.

de Haidian, groupe chinois déjà propriétaire de la marque Éter- na et de Porsche Design. Par ailleurs, le groupe Isa Swiss, qui possède une unité de pro- duction à Villers-le-Lac, appar- tient déjà à la famille chinoise Chong, preuve que les liens sont établis. Cette famille investit régulièrement et croit au poten- tiel industriel. “Pour l’instant, je n’ai jamais reçu de Chinois dans mon bureau” commente ironiquement Éric Duruz, direc- teur de l’Association pour le Développement des Activités

nois au pouvoir d’achat suffi- sant. L’exemple de la reprise, en juillet dernier, de la manufac- ture Éterna, pour 23 millions de francs suisses (18,86 millions d’euros) par le groupe China Haidian, a permis d’augmenter ses points de vente en Asie de 40 %. Quant au départ de la qualité Swiss made à Hong-Kong, il semble peu probable. Faisons confiance à nos voisins, habiles négociateurs qu’ils sont pour ne pas laisser disparaître leur savoir-faire.

Les contribuables réagissent à un impôt de 20 % sur les successions Suisse L’initiative est défendue par le Parti Évangélique qui souhaite la création d’un impôt de 20 % sur la succession. Les Suisses réagissent en se précipitant chez leur notai- re pour régler leurs affaires de peur que cette mesure fiscale ne soit adoptée.

A lors que tous les can- tons suisses ont abo- li l’impôt sur la suc- cession à l’exception de trois dont ceux de Vaud et de Neuchâtel, le projet de le rétablir a semé la panique avant les fêtes chez nos voisins hel- vètes. L’idée est venue du Par- ti Évangélique, relayée par le Parti Socialiste. Elle prévoit d’imposer à hauteur de 20 % les successions, à partir, toutefois, de 2 millions de francs suisses ! Cette mesure n’est qu’embryonnaire. Mais son effet rétroactif au 1 er janvier 2012 si elle est acceptée, a précipité les propriétaires chez les notaires. Dans beaucoup de cantons, les parents se sont empressés de léguer leurs biens à leurs enfants. Ainsi dans le canton de Zurich par exemple, le mon- tant des donations effectué ces dernières semaines s’élèverait à 10 milliards de francs suisses !

La Chambre des Notaires Zuri- choise a enregistré 5 300 requêtes entre septembre et décembre, contre 930 l’année précédente à pareille époque. “Certaines grosses fortunes ont pris les devants” commente un cabinet notarial de Lausanne qui

à 20 %, sur des montants de 0 à 552 324 euros (au-delà, la fis- calité est spécifique). Vaud et Neuchâtel ont choisi de conser- ver cet impôt au nom d’une cer- taine solidarité. Les deux tiers ont au financement de l’A.V.S. (assurance vieillesse et survivants).

remarque que le phé- nomène a été beaucoup plus modéré dans le canton de Vaud. La raison est qu’avec Neuchâtel, ce canton a

En Suisse, beaucoup de notaires dans les cantons francophones où cet impôt est en vigueur, ne compren- nent pas la vague sou-

10 milliards de francs suisses.

conservé un impôt sur les suc- cessions. “Le plafond est de 7 % dont 3,5 % vont au canton et 3,5 % pour les communes. Cet- te fiscalité s’applique à partir d’une donation de 250 000 francs suisses.” Par comparaison, en France, l’impôt sur les succes- sions s’applique après un abat- tement de 159 325 euros par enfant. À partir de cette som- me, par tranche, il varie de 5 %

levée par ce projet fiscal fédé- ral. Rappelons qu’il ne s’agit que d’une initiative. Pour que cette mesure entre en vigueur, il faudrait qu’elle soit ratifiée par le peuple, et ensuite par chaque canton. Ses chances d’aboutir sont donc relative- ment minces, puisqu’une fois encore, la majorité des cantons suisses ont délibérément tiré un trait sur cet impôt.

Les cantons de Neuchâtel et de Vaud font partie des derniers cantons à appliquer encore un impôt sur les successions, alors que tous les autres l’ont déjà abandonné.

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