Journal C'est à Dire 173 - Janvier 2012

36

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

À qui profitent les fonds Interreg ? 26 millions d’euros de financement ont soutenu 79 pro- jets transfrontaliers. Témoignage de l’Observatoire de Franche-Comté qui a créé le prototype de l’horloge la plus stable au monde avec l’appui d’un industriel de Neuchâtel. Avis aux amateurs. Économie

L’ Europe vacille sur les marchés financiersmais elle subventionnera, au moins jusqu’en 2013, des projets entre France et Suis- se. Pontarlier via la route de l’absinthe a bénéficié (lire par ailleurs) de cet outil de dévelop- pement visant à renforcer la dyna- mique de coopération transfron- talière. Sous la responsabilité de la entre un laboratoire universi- taire bisontin et une entreprise neuchâteloise. Dans ce laboratoire, l’équipe du professeur François Vernotte a le sourire. Elle vient de réa- liser le prototype d’une horloge composite présentée comme la plus stable au monde. Sur le plan technique, c’est une véri- table innovation. Elle n’aurait pu voir le jour sans ces fonds. Grâce à l’appui de la dotation Région Franche-Com- té, Interreg fédère des acteurs économiques. Dernier exemple en date, la collaboration

européenne à hauteur de 748 342 euros (236 667 de sub- ventions publiques, 170 000 de F.E.D.E.R. et 40 000 francs suisses de fonds fédéraux), le laboratoire a mené à bien ce pro- jet avec la collaboration de la société suisse Oscilloquartz basée à Neuchâtel. Preuve qu’entre Français et Suisses, le courant peut passer d’un point de vue économique. Grâce à cette inven- permettra “la synchronisation des téléphonies de dernière géné- ration” explique Patrick Bert- houd, directeur technique de la société suisse. Si la commercia- lisation venait à fonctionner durablement, le laboratoire récu- pérera des royalties. Les fonds Interreg jouent leur mission : favoriser la mise en réseau des acteurs et des struc- tures, augmenter la compétiti- vité, aménager un territoire, ou tion, la société helvète va industrialiser puis commercialiser sur le marché des télécommu- nications cet outil, qui

Grâce aux fonds européens, le laboratoire de François Vernotte a créé une horloge révolutionnaire, présentée ici à une délégation européenne, de la Région Franche-Comté et de Suisse.

plus largement, favoriser l’offre de transports publics. Jeudi 15 décembre, la représen- tante de l’Europe a réaffirmé que les fonds pour financer les projets étaient bien là. Reste à trouver les candidats. “C’est assez lourd de monter un dossier de financement” admet le profes- seur du laboratoire. Réponse de l’élue de la commission euro- péenne Miriam Burajova : “Ce sont des fonds publics. Nous nous devons de contrôler nos subven- tions. Les conditions ne seront pas facilitées à l’avenir.” Si les dossiers sont compliqués à fina- liser, le jeu en vaut la chandel- le… E.Ch.

Le mécénat est dans la culture suisse Aide aux associations E n France, pour trouver des financements,le pre- mier réflexe de beau- coup d’associations est encourage les entreprises pri- vées à soutenir le monde cultu- rel, associatif et sportif. De l’autre côté de la frontière, les associations n’hésitent pas à solliciter les entre- prises pour qu’elles apportent une contribution financière à l’organisation d’une manifestation. Une pratique bien plus marquée qu’en France.

Dossiers compliqués à monter.

enseigne comme Migros consacre 1 % de son chiffre d’affaires au financement de projets cultu- rels. Aussi, le secteur privé est un partenaire majeur de la cul- ture au même titre que les col- lectivités. D’autres ressources proviennent aussi de la Loterie Romande qui reverse l’intégralité de ses bénéfices (ils atteignent chaque année près de 180 mil- ral de la Statistique a mené l’enquête auprès de 7 500 entre- prises. L’O.F.S. a conclu que moins d’une entreprise sur huit participe au financement de la culture en Suisse. Elles ont dépensé 230 millions d’euros en un an dans ce domaine, un mon- tant cependant “six fois inférieur à la somme investie pour la cul- ture par l’ensemble des collec- tivités publiques” stipule le rap- port. En outre, l’enquête préci- se que le secteur public contri- bue moins au financement de la culture en Suisse qu’en France. Comparé à nos voisins helvé- tiques ou aux pays anglo-saxons, la France est en effet à la traî- ne en matière de mécénat. La situation change grâce à l’évolution de la législation qui lions de francs suisses) aux organisations cul- turelles, associatives et sportives. En 2004, l’Office Fédé-

“Petit à petit, on s’ouvre à la cul- ture du mécénat” estime Gilles Jeannin, président de l’aéroclub de Pontarlier. Pour sa derniè- re manifestation aéronautique, l’aéroclub a réuni 60 % de finan- cements privés sur un budget global de 6 000 euros, et 40 % de fonds publics. Les clubs locaux de foot, de rug- by, de handball, de cyclisme ont compris que le recours au pri- vé était nécessaire pour faire fonctionner leur structure, d’où l’existence des clubs affaires qui fonctionnent avec plus ou moins de réussite. Dans le Haut-Doubs, beaucoup d’enseignes de gran- de distribution apportent éga- lement leur concours à l’organisation de manifestations. “Les partenariats avec le privé donnent aux associations un bal- lon d’oxygène” observe Gilles Jeannin. Dans un contexte où l’argent public se raréfie, il est probable que le recours au mécénat s’intensifie. Le secteur privé sera-t-il disposé à jouer les pre- miers rôles dans un partenariat avec le monde culturel dans son ensemble ? En aura-t-il les moyens ? Cela reste à prouver. T.C.

d’aller frapper à la porte des col- lectivités locales (commune, Département, Région). L’approche est différente en Suisse. Dans ce pays, les associations démarchent en priorité les entreprises pour qu’elles apportent leur contri-

bution financière, sous forme de mécénat ou de sponsoring , à l’organisation d’une manifestation, quelles

“Un ballon d’oxygène.”

que soit son importance et sa nature (N.D.L.R.: le mécénat se distingue du sponsoring par le fait qu’il n’y a normalement pas de contreparties publici- taires au soutien du mécène qui apparaît de manière discrète autour de l’événement). Une méthode éprouvée qui por- te ses fruits. “Le plus gros tra- vail est de trouver des gens qui iront solliciter les entreprises” observe Pierre-Éric Rey, tenan- cier de l’hôtel Les Cernets aux Verrières. L’ancien sportif de haut niveau qui a présidé le ski- club local participe aussi à l’organisation de la course de ski de fond la Franco-Suisse dont la prochaine édition aura lieu le 12 février. 80 sociétés privées apportent leur concours financier à l’organisation de cette épreu- ve sportive qui réunit 300 skieurs. Sans leur contribution, la manifestation ne pourrait pas avoir lieu. “Les financements privés couvrent entre 60 et 70 % du budget. En complément, nous sommes soutenus principale- ment par le Service Cantonal des Sports. Mais pour faire une demande de subvention auprès de la collectivité, nous devons attester de l’existence des contri- butions du secteur privé. Si défi- cit il y a, il ne sera pas couvert pas la collectivité” annonce Pier- re-Éric Rey. Le mécénat comme le sponso- ring sont dans la culture des entreprises helvétiques. Elles sont attentives, pour la plupart, à soutenir le tissu associatif et sportif local. Par exemple, une

Présent du Conseil général du Doubs le 15 décembre dernier, le comité de programmation Interreg a confirmé son soutien financier.

Zoom Projets financés par Interreg en Franche-Comté - Route de lʼabsinthe à Pontarlier (129 750 euros) : objectif de mise en réseau de la filière absinthe franco-suisse et la mise en valeur touristique de cette route. Porteur du projet : Ville de Pontar- lier, Association du pays de lʼabsinthe (suisse). - Minnovarc (1 million dʼeuros) : le projet vise à renforcer le croisement, le métissage et lʼexpansion des réseaux de compétences technologiques et des contacts commerciaux pour que les entre- prises et les laboratoires de lʼArc jurassien puissent accroître leurs options en matière dʼinnovation, marketing, et accès à des marchés proches ou lointains. Porteur du projet : Chambre de com- merce et dʼindustrie du Doubs, Arc jurassien.ch - Plateforme transfrontalière de formation professionnelle (167 476 euros) : lʼobjectif final sʼarticule autour de la reconnaissance de diplômes et de la valorisation des parcours transfrontaliers. Il est porté par le G.R.E.T.A. du Haut-Doubs et le centre interprofessionnel de formation des mon- tagnes neuchâteloises. - Restauration du Pont de Biaufond (781 432 euros). - Les autres territoires directement éligibles sont le Territoire-de-Belfort, Jura, Ain, Haute-Savoie. Pour la Suisse, sont concernés : le Jura suisse, le canton de Vaud, de Neuchâtel, de Berne et du Valais

Les entreprises suisses participent largement au financement des épreuves sportives transfrontalières.

Made with FlippingBook Online newsletter