Journal C'est à Dire 173 - Janvier 2012

35

É C O N O M I E

Le Haut-Doubs, terre bénie pour les supermarchés Villers-le-Lac

Depuis six mois, les enseignes du Val de Morteau vendent autant de produits que lors d’une semaine de Noël. Face à cette euphorie, comment s’adaptent-elles ? Parviennent-elles à recruter ? Font-elles profiter leurs salariés ? Éléments de réponse.

C orinne remplit son chariot de produits d’entretien, de confiseries, viennoiseries, gâteaux apéritifs. Elle n’a pas acheté de viande à l’inverse de nombre de ses compatriotes. Cet- te Suissesse de La Chaux-de- Fonds termine ses courses au magasinATAC de Villers-le-Lac. Elle n’est pas la seule. Sur le par- king, les voitures immatriculées dans le canton de Neuchâtel représentent un quart du parc.

ATAC. Derrière cette bonne nouvelle se cache une autre facette. La difficulté du recrutement : “ J’ai embauché dix salariés mais j’ai un turn-over important, dit le directeur. Je recherche encore un boucher.” Impossible en effet pour ces enseignes de concur- rencer le salaire suisse mis à part pour des postes à respon- sabilité. Malgré cela, les sala- riés ont profité de primes : c’est

“ Je ne viens pas seule- ment pour le prix, dit- elle, mais surtout par- ce que nous trouvons beaucoup de produits chez vous que nous n’avons pas à la Coop”

le cas dans un supermar- ché de Morteau (qui a tenu à garder l’anonymat), lequel a offert une prime équiva- lente à un 14 ème mois de salaire. Beaucoup ont

Une prime équivalente à un 14 ème mois.

poursuit la Suissesse. Ce constat fait bien évidemment le jeu de nos enseignes commer- ciales. Monde plutôt discret, la grande distribution a bien voulu nous ouvrir ses portes. “ Depuis le 25 juillet, nous réa- lisons chaque semaine les chiffres de Noël. Notre activité a évo- lué de 30 à 50 % en raison du franc suisse” explique Stépha- ne Pelletier, directeur de l’enseigne qui a été propulsée la meilleure du Doubs en terme de progression des magasins

eu recours aux heures supplé- mentaires, d’autres ont tenté de recruter des étudiants. Dans cette euphorie, les enseignes demeurent prudentes. Un recul de la Suisse pourrait rapidement enrayer une machi- ne bien huilée. Au Russey, l’enseigne Super U profite moins de la venue des Suisses mais plus du revenu des frontaliers. En terme de panier d’achat moyen, le Super U du Russey réalise le meilleur score du Doubs. L’entreprise est ici aty-

Venue de La Chaux-de-Fonds, cette Suissesse remplit son caddie au magasin ATAC de Villers-le-Lac.

pique avec très peu de turn-over : sur 62 salariés, 3 seulement sont partis en Suisse ces cinq der- nières années. À chacune de leurs réunions de groupes, les directeurs des maga- sins de Pontarlier, Morteau,

Maîche, Villers-le-Lac font donc saliver leurs collègues du reste du département ou de la Fran- ce entière. Peu ne peuvent en effet se targuer d’afficher une progression à deux chiffres. E.Ch.

Made with FlippingBook Online newsletter