Journal C'est à Dire 172 - Décembre 2011

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L A P A G E D U F R O N T A L I E R

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L’horlogerie investit par millions dans la Vallée de Joux Économie Alors que l’économie se développe principalement autour des grandes métropoles, la Vallée de Joux fait office d’exception. Ici, dans cette région somme toute enclavée, les grandes marques comme Breguet ou Vache- ron Constantin continuent d’investir.

A lors que l’activité écono- mique suisse lève le pied, l’horlogerie résiste. Non seulement elle tient bon (et tant mieux),mais elle continue de pros- pérer dans un contexte pourtant morose. Les grandes marques du luxe ont visiblement confiance en l’avenir si l’on en croit les inves- tissements vertigineux dans les- quelles elles s’engagent. Au printemps dernier, le grou- pe Swatch a annoncé qu’il inves- tirait cette année entre 200 et

francs suisses sont dédiés à la construction d’un bâtiment de 5 400 mètres carrés au Brassus qui permettra à la marque de luxe de doubler sa capacité de production (N.D.L.R. : Vacheron Constantin loue pour l’instant des locaux au Sentier). Dans le même temps, le nombre de salariés doit passer de 150 à 300. Décidément, la Vallée de Joux est un écrin pour l’horlogerie de luxe. Audemars Piguet, Jaeger LeCoultre, Patek Philippe ou

dus, dont 5 000 sont dénombrés dans le seul secteur horloger. Cette partie du canton de Vaud fait figure d’exception tant elle déjoue les tendances actuelles de migration de l’économie. Ce territoire somme toute encla- vé pourrait dissuader les marques d’y investir. Or, c’est tout le contraire qui se passe. “La Vallée de Joux est une excep- tion dans un système où l’on constate que le développement économique se fait surtout autour des grandes métropoles comme Genève, Zurich ou Bâle. Tout l’enjeu sera de maintenir cette dynamique dans la durée” pour- suit Éric Duruz. Un des rouages indispensables de cette mécanique est celui de la main-d’œuvre qu’il faut former. Pour faire face aux besoins des entreprises, l’école technique de la Vallée de Joux s’est elle aussi agrandie afin d’augmenter sa capacité de for- mation. Et puis il y a les fron- taliers qui n’ont pas beaucoup d’autres solutions que de prendre

Vacheron Constantin

investit 30 mil- lions de francs suisses dans un nouveau bâtiment. Le siège de la société à Plan- les-Ouates près de Genève doit lui aussi être étendu dans les pro- chaines années.

250 millions d’euros de francs suisses pour aug- menter sa capacité de production. Sur cette enveloppe, 66 millions sont réservés à la pres-

encore la manufacture La Pierrette se déve- loppent dans cette zone de montagne. “Il y a eu de très gros investisse- ments ces dernières

Maintenir cette dynamique.

leur voiture pour se rendre sur leur lieu de travail. Selon le pré- sident de l’A.D.A.E.V., la mobi- lité est une question essentiel- le à court terme, indissociable de l’évolution économique du secteur. Aujourd’hui, dans une région helvétique où le foncier com- mence à manquer, les entreprises ont davantage besoin de

construire des bâtiments pour y créer des emplois à haute valeur ajoutée, que des parkings. Cette question de la mobilité doit être envisagée sous un angle transfrontalier. Une première initiative a été mise en place pour éviter que tous les salariés ne viennent avec leur véhicule : le co-voiturage. Elle a du mal à faire ses preuves mais elle a

cependant le mérite d’exister. L’idéal serait d’aller au-delà en mettant en place des trans- ports en commun publics (y com- pris ferroviaires) entre la Fran- ce et la Suisse, entre la région pontissalienne et la Vallée de Joux. Un sujet auquel les col- lectivités territoriales françaises ont à réfléchir. T.C.

tigieuse manufacture Breguet de la Vallée de Joux. Cet été, c’est Vacheron Constantin, filia- le du groupe Richemont qui a indiqué être prête à investir près de 100 millions de francs suisses sur trois ans pour augmenter là encore l’outil de production, et dans la recherche et le déve- loppement. Ainsi, 30 millions de

années. Et d’autres sont encore à venir. La croissance vient prin- cipalement d’entreprises qui sont implantées là depuis longtemps” observe Éric Duruz, président de l’association pour le déve- loppement de la Vallée de Joux (A.D.A.E.V.). On recense aujour- d’hui sur ce territoire 6 600 emplois tous secteurs confon-

3 924 frontaliers travaillent dans l’horlogerie Canton de Neuchâtel Une récente étude de l’O.S.T.A.J. montre l’essor spectaculaire de l’industrie horlogère suisse entre 2005 et 2008, avec dans le même temps une progression tout aussi impres- sionnante du nombre de frontaliers travaillant pour ce secteur.

L’ Observatoire Statistique Transfrontalier de l’Arc Jurassien (O.S.T.A.J.) vient de confirmer par une étude chiffrée et précise, une tendance que beaucoup présentaient. “ L’horlogerie est le premier pourvoyeur d’emplois pour les travailleurs frontaliers” affir- me l’O.S.T.A.J. qui construit son ana-

veau site de production du groupe Swat- ch à Boncourt où 500 à 700 emplois seront créés à terme. Dans le Pays de Montbéliard, des entreprises redou- tent déjà que ce projet s’accompagne d’une fuite de la main-d’œuvre de la France vers la Suisse. Autre repère qui confirme ce dyna- misme : à l’échelle de l’Arc jurassien

créées dans l’horlogerie tous secteurs confondus (fabrication et à l’assemblage de montre, fabrication de fourniture d’horlogerie, ou fabrication et l’assemblage de mouvements). Résul- tat, aujourd’hui, l’horlogerie fournit un quart des emplois industriels de l’Arc jurassien suisse. Si ce secteur économique se dévelop- pe côté Suisse, c’est aussi parce que nos deux pays partagent la même cul- ture horlogère. Les rôles semblent répartis : les outils de formation sont côté France, et les usines côté Suis- se. Le tissu industriel helvétique dédié à l’horlogerie est d’une rare densité comparé à celui que l’on trouve en Franche-Comté. L’O.S.T.A.J. a recen- sé en 2008, dans notre région, 73 éta- blissements dans l’horlogerie contre 599 dans l’Arc jurassien suisse. 48 entreprises (dont 42 dans le Doubs) ont moins de 10 salariés, et 10 (toutes dans le Doubs) en ont entre 50 et 249. Par comparaison, le seul canton Neu- châtel héberge 277 établissements hor- logers, 13 ont moins de 10 salariés, 81 en ont entre 10 et 49, 47 en ont entre

lyse autour de données de 2008. Le canton de Neuchâ- tel est le plus marquant. On y recense 3 924 frontaliers qui travaillent dans l’horlogerie dont 1 928 au Locle, et 1 439 à La Chaux- de-Fonds. Le canton de Vaud

suisse, entre 2005 et 2008 les effectifs de l’industrie hor- logère croissent de 34 % contre seulement 8 % pour l’emploi total ! Sur la même période, les effectifs fronta- liers progressent de 60 %. L’O.S.T.A.J. estime que l’essor

277 établissements horlogers dans le canton.

arrive derrière avec 2 928 frontaliers, suivi par le canton du Jura (1 828) et en enfin, plus anecdotique, Berne Nord (274). L’étude montre la progression specta- culaire des emplois frontaliers dans l’horlogerie sur ces quatre territoires. Entre 2005 et 2008, leur part croît de 84,5 % dans le canton de Neuchâ- tel, de 45,9 % dans le canton de Vaud, et de 46,1 % dans le canton du Jura. Ce dernier accueillera bientôt le nou-

observé sur ces trois années “ a été faci- lité par les Accords de libre circulation des personnes qui ont élargi le bas- sin de recrutement des entreprises suisses.” Si les besoins de main-d’œuvre sont si importants, c’est aussi parce que l’horlogerie est un secteur qui a su se structurer pour asseoir sa noto- riété et son développement à l’export. Entre 2004 et 2009, l’O.S.T.A.J. a comp- té qu’en moyenne, sur l’Arc jurassien suisse, 24 entreprises par an ont été

Dans l’Arc jurassien suisse, entre 2005 et 2009, 142 entreprises horlogères ont été créées.

50 et 249, et 6 ont plus de 250 colla- borateurs. “ Cependant, la Franche- Comté connaît un certain renouveau de son industrie horlogère en se posi- tionnant sur la filière du luxe, prin-

cipalement sur la périphérie de Mor- teau et de Besançon” tempère l’O.S.T.A.J. Néanmoins avec de telles statistiques, il y aurait des raisons à faire un com- plexe d’infériorité.

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