Journal C'est à Dire 172 - Décembre 2011

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M O N T B E N O Î T E T L E S A U G E A I S

Montbenoît Un trafic de champignons à grande échelle Les agents de l’O.N.F. ont pris plusieurs fois en flagrant délit des cueilleurs en train de ramasser en grande quantité des lactaires expédiés ensuite vers l’Espagne. Une filière très bien organisée.

L a première affaire remonte au 21 octobre dans la forêt domania- le de Ban située sur la commune de Montbenoît. “On a été informé par des ouvriers forestiers de la présence de cagettes remplies de champi- gnons. On a intercepté deux cueilleurs et seulement 10 kg de champignons. L’opération était menée avec l’appui de la gen- darmerie de Montbenoît qui est parvenue à remonter la filière

jusqu’au commanditaire” , explique Bernard Lachat, agent de l’O.N.F. sur l’unité territo- riale de Levier. La personne en question d’origine espagnole exerce l’activité de négociant en cham- pignons et en produits de sai- son. Elle louait un gîte à Bou- verans qui lui servait de plate- forme. Une dizaine de personnes l’accompagnait. Cinq d’entre eux travaillaient au condition- nement des champignons ache-

tés légalement dans les régions voisines. Les autres étaient dépo- sés le matin en forêt puis récu- pérés le soir avec un ramassa- ge de la “récolte” à mi-journée et en soirée. La tête de pont disposait d’un camion frigorifique qui repar- tait sur le sud de la France et l’Espagne. “Il a reconnu que le volume prélevé dans les forêts du Haut-Doubs s’approchait plu- tôt de 200 kg. On a dressé le pro- cès-verbal sur cette base.”

Deux fautes ont été constatées. Le prélèvement sans autori- sation en forêt domaniale relè- ve d’une infraction de 5 ème clas- se assortie d’une amende de 1 500 euros. “Les fautifs ont aus- si enfreint le code de l’environnement en lien avec l’arrêté préfectoral du 9 mars 1991 qui limite la cueillette de champignon à 2 kg par jour et par personne dans le Doubs. Dans ce cas, ils risquent jusqu’à 1 500 euros d’amende” , détaille Jean-Luc Felder, le responsable de l’unité territoriale O.N.F. de Levier. Après passage au tribunal de Pontarlier le 17 novembre, le coupable a été condamné à ver- ser 1 500 euros. Ce trafic por- te sur une seule espèce de cham- pignon, à savoir le lactaire de type sanguin. Sans grande valeur gustative, il peut se confondre avec le lactaire déli- cieux très recherché dans le sud de la France. Finaud. La série était loin d’être ter- minée. Le 2 novembre, nouvel-

Les cueilleurs d’origine roumaine étaient déposés le matin en forêt puis récupérés le soir. Version moderne mais tout aussi humiliante de l’exploitation de l’homme par l’homme.

prélever les amendes sur le ter- rain ont verbalisé 8 personnes qui ont réglé chacune 135 euros. Ce type d’intervention ne s’improvise pas. Elle nécessite des vraies filatures car les cueilleurs sont méfiants et très mobiles. Sans le sou et prati- quement livrés à eux-mêmes en forêt, ils sont plutôt les simples exécutants des basses œuvres et représentent certainement la tête de pont de filières très bien organisées. Les amendes

de se retourner vers le parquet habilité à lancer des investiga- tions plus approfondies. Nul doute qu’en creusant un peu, on rentrerait vite dans le com- merce illégal ou le travail clan- destin. Deux équipes de Rou- mains et d’Espagnols, jamais les mêmes, ont aussi être signa- lées les 5 et 10 novembre par des chasseurs. Des cagettes vides ont bien été repérées mais aucu- ne infraction n’a été constatée. “D’autres affaires similaires nous ont été signalées par nos col- lègues sur Nozeroy et Champa- gnole” , poursuit Jean-Luc Fel- der. Les agents craignent de voir ce genre de trafic se développer de plus en plus si aucune action forte n’est entreprise pour endi- guer le phénomène. F.C.

le interception organi- sée avec les gendarmes de Levier et de Salins dans la forêt domania- le de Levier. Bilan : 11 Roumains arrêtés et sai- sie de 116 kg de lactai-

payées pour l’occasion rubis sur l’ongle et en espèces semblent peu dissuasives. Elles déplacent tout au plus le problème sur une autre zone. Le

Elles nécessi- tent de vraies filatures.

re, soit 25 cagettes. Les gen- darmes qui ont la possibilité de

démantèlement de ce type de filières supposerait peut-être

Après cueillette, les champignons étaient transportés en camion frigorifique dans le sud de la France et l’Espagne.

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