Journal C'est à Dire 170 - Octobre 2011

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É C O N O M I E

Industrie

Gilles Cassotti attentif à Klaus et aux autres À 38 ans, Gilles Cassotti, commissaire à la réindustrialisation de la Franche- Comté est à la fois connaisseur des arcanes de l’administration d’État et du tissu industriel régional. Il active ses réseaux pour aider les entre- prises industrielles à faire face à la crise ou a se développer. Souvent pré- sent à Morteau, il suit de près des entreprises comme Klaus.

S on bureau à la préfectu- re ? Il ne fait qu’y pas- ser. Gilles Cassotti est un courant d’air. En réalité, c’est un homme de terrain dont l’agenda le conduit aux quatre coins de la Franche-Comté, là où le devoir l’appelle. Son rôle n’est pas d’être assis sur une chaise derrière un ordinateur,mais d’agir aux côtés des chefs d’entreprises et de leurs salariés. À 38 ans, le commissaire à la réindustrialisation de la Franche-Comté est resté fidè- le aux principes de la mission pour laquelle le gouvernement l’a investi il y a bientôt trois ans. “Votre rôle consistera à tout fai- re pour anticiper et éviter les plans sociaux massifs et les dépôts de bilan. Je vous deman- de de vous donner à fond pour soutenir les projets de reprise et de réindustrialisation des sites. À vous de lever tous les blocages administratifs. À vous de cibler les investisseurs” disait Nicolas Sarkozy le 4 mai 2009 aux dix commissaires réunis à l’Élysée avant de les envoyer chacun muni de cette feuille de route dans des régions économique-

ment sensibles (Lorraine, Bre- tagne, Haute-Normandie, Rhô- ne-Alpes, Picardie…). Que reste-t-il aujourd’hui de ces “super-préfets industriels” sans véritables pouvoirs, censés voler au chevet des entreprises embar- quées dans le tumulte de la cri- se ? Alors que la portée de l’action des commissaires à la réindus- trialisation a fait l’objet de cri- tiques (certains ne sont d’ailleurs te pas utile pour la Franche-Com- té, les entreprises et les emplois. C’est mon meilleur carburant.” Toutefois, il n’est pas le bon samaritain délégué par l’État pour signer des chèques qui sau- veront à court terme du nau- frage financier des entreprises en rade. “Je n’ai pas un sou à moi rappelle Gilles Cassotti. Mon rôle est de tricoter des solu- tions sur mesure y compris finan- cières pour des sociétés qui en ont besoin en mobilisant un ensemble d’outils. Je suis un coor- plus en place), Gilles Cassotti qui agit sous l’autorité du préfet le dit tout net : “Il n’y a pas un seul jour où je ne me sen-

dinateur.” Seul, il ne peut rien. L’intervention de cet homme de réseau qui connaît les arcanes de l’administration d’État, qui sait de quoi est fait le tissu indus- triel régional, qui sait enfin frap- per aux bonnes portes, est effi- cace si le travail est collectif. Il doit recueillir au minimum l’adhésion des chefs d’entreprises industrielles “dont personne ne dit qu’ils sont exemplaires réussites, Gilles Cassotti cite Peugeot Japy, un équipementier automobile du pays de Mont- béliard. L’usine (plus de 1 000 salariés) est passée dans le creux de la vague. Elle a été tirée d’affaire par une mobilisation de l’État et des collectivités locales pour commencer, avant de venir s’adosser au groupe Maike Automotive. “Pour la société S.I.S. à Avoudrey qui est en plein développement, je suis allé chercher les premières aides à la réindustrialisation de dans un contexte où ils manœuvrent avec une visibilité à 15 jours ou trois semaines.” Depuis sa nomination, parmi les plus belles Aujourd’hui, quelqu’un qui a un brevet d’État de golf trouvera un travail immédiatement.” Des emplois se créent dans les sec- teurs marchands et non mar- chands du sport. Une enquête nationale réalisée par le Comité Olympique révè- le que 62 % des salariés de la branche sont employés en C.D.I. Ce type de contrat a vu sa part augmenter de 6 points entre 2006 et 2010. L’étude pré- cise encore que 61 % des effec- tifs du secteur travaillent à temps partiel et 39 % à temps complet. La part des temps par- tiels inférieurs à trois heures hebdomadaires qui atteint les 34 % est en progression de 7 points par rapport à 2006. Le temps partiel concerne princi- palement les femmes. Le sport est un vecteur de déve- loppement économique. Le sujet a fait débat à Besançon les 20 et 21 octobre lors des sixièmes Rencontres Nationales de l’Emploi Sportif et de Loisirs. Ce congrès tentait de répondre à huit grands questionnements comme “quelle est la place du sport et des loisirs dans l’économie sociale et solidaire ?” ou “l’emploi associatif, un impact socioéconomique sous-estimé ?

Gilles Cassotti : “Klaus ne sera pas un échec dans la durée.”

“No, I close.” Et c’est tout. Vous ne pouvez rien faire. Quand une situation est inexorable, on fait de la revitalisation de site et des plans sociaux dignes de ce nom.” Le volontarisme a ses limites. Prudent, Gilles Cassotti ne consi- dère jamais qu’une entreprise aidée est définitivement tirée d’affaire. La preuve avec Klaus à Morteau, une société qui a été recapitalisée à hauteur de 350 000 euros dans le cadre du dispositif Défi 2010 et qui mal- gré tout a été placée en redres- sement judiciaire. “C’est un demi- échec” reconnaît le commissai- re à la réindustrialisation qui est intervenu sur ce dossier. “Mais ce ne sera pas un échec dans la durée.” Car Klaus inté- resse de nombreux investisseurs prêts à reprendre l’entreprise. Gilles Cassotti veille à ce que le

malade ne rechute pas. Le contexte économique actuel de la Franche-Comté a tendance à le rassurer. “Nous ne sommes pas revenus aux chiffres du début de l’année 2008 qui étaient excep- tionnels. Cependant, les entre- prises travaillent. Le souci, c’est que la reprise constatée en 2010 jusqu’en juin 2011 marque le pas. Oui, nous avons le moral dans la limite des perspectives que nous avons devant nous. Je rappelle qu’aujourd’hui enco- re, tous les outils mis en place par l’État pour accompagner les entreprises dans la crise sont encore en vigueur, y compris le médiateur du crédit.” Le plus grand risque serait que le mon- de de la finance s’écroule. Mais nous n’en sommes encore pas là. T.C.

Franche-Comté.” En 2010, Gilles Cassotti s’est impliqué dans une centaine de dossiers. Certains se règlent sur un coup de fil, d’autres deman- dent plus de temps. Au besoin, il ouvre son carnet d’adresses pour faciliter le reclassement des salariés d’une entreprise à l’autre. Actuellement, il est atten- tif au devenir des employés de la société Tricotage et Confec- tion d’Ornans (T.C.O.) où 33 emplois (sur 44) doivent être supprimés dans le cadre du plan de restructuration. “La vie éco- nomique est comparable à la vie normale. On a besoin de média- teurs” souligne-t-il. Cette vie-là n’est pas un long fleuve tran- quille. Au bilan, il y a hélas des échecs. “Mon pire souvenir, c’est la fin de Sermed (28 salariés). L’actionnaire américain a dit V ous avez peut-être remar- qué que de nouvelles enseignes ont fait leur apparition dans les rues de la vil- le. Quelques magasins arborent le label “Original by Morteau”. Ils ne sont que neuf, triés sur le volet, à avoir été invités par la municipalité à accrocher cette bannière. Ce sont des commerces qui ont la particularité de vendre des produits artisanaux, tech- niques ou alimentaires, dont cer- tains sont estampillés “Made inMorteau”.Aussi, dans la cour- te liste, on retrouve les salaisons Bouhéret, la boucherie Chapuis, La Fruitière, Rième Boissons, Klaus, Fonderie Jean Obertino, les bijouteries À Votre Image et Création Or ainsi que le Chalet Neuf commerces arbo- rent, en plus de leur enseigne, la nouvelle ban- nière “Original by Mor- teau”. Ce sont ceux qui fabriquent et vendent des produits Made in Morteau.

“On a besoin de médiateurs.”

Entraîneur, animateur, éducateur Le sport est un vecteur d’emploi Les 20 et 21 octobre se sont tenues à Besançon les 6èmes Rencontres Nationales de l’Emploi Sportif et de Loisirs. Elles avaient pour thème “des emplois pour faire vivre nos territoires”.

Morteau Le coup de com’ “Original by Morteau”

L e sport est générateur d’emplois en Franche- Comté. Il y a le secteur privé à côté duquel se tient le secteur nonmarchand. Ce dernier regroupe les entraîneurs, les éducateurs, les animateurs, qui interviennent dans différentes structures souvent associatives telles que les clubs sportifs. “Sur la région, ces emplois du sport représentent 823 équivalents temps plein, soit environ 1 300 personnes” observe Jean-Marc Faivre, directeur général de Pro- fession Sport 25 à Besançon. Cet organisme spécialisé dans le sou- tien à la gestion et à la promo- tion des emplois d’éducateurs,

d’entraîneurs, d’animateurs édi- te chaque mois, à lui seul, 480 bulletins de salaires soit 136 équi- valents temps plein. Le secteur est porteur. Dans cer- tains sports, il est même devenu difficile de trouver des person- nels qualifiés pour répondre à la demande des structures qui cher- chent un professionnel pour enca- drer une activité sportive, y com- pris associative. C’est le cas par exemple dans le tennis, le ski ou la natation. “Huit maîtres-nageurs sont sortis du centre de forma- tion en juin. Ils ont tous trouvé un travail en C.D.I. Nous avions également 18 personnes en fit- ness, toutes ont été embauchées.

Le label “Orignal by Morteau” affiché sur la devanture de certains magasins.

Lejeune de la bijouterie Créa- tion Or qui trouve l’initiative plutôt intéressante. La ville de Morteau a investi environ 15 000 euros dans cet- te opération dont la réalisation

dépliant indiquant la situation géographique de chaque entre- prise participante sera dispo- nible dans ces boutiques comme à l’Office de Tourisme de Mor- teau afin de permettre aux tou- ristes comme aux consomma- teurs locaux de les identifier” pré- cisent les services de la ville. Toute la difficulté dans cette opération est de ne pas froisser les autres commerçants qui font vivre Morteau même si les pro- duits qui figurent dans leurs vitrines ne sont pas fabriqués ici.

Jacquet. “C’est une for- me de mini-recon- naissance. J’ai un poinçon de maître. Je suis fabricant de

a été confiée à une agen- ce de communication de Besançon. Il est prévu que les commerçants retenus financent une

“Un petit côté protec- tionniste.”

partie du projet. Pour l’instant, la portée de cette action est limi- tée tant qu’elle n’est pas accom- pagnée d’une campagne de com- munication. “La réalisation d’un

bijoux. Il me semble intéressant de démarquer les gens qui ven- dent et fabriquent des produits Morteau. L’idée a un petit côté protectionniste” souligne Marc

Les associations sportives sont nombreuses à s’attacher les services d’un professionnel qualifié qu’elles rémunèrent pour encadrer une activité.

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