Journal C'est à Dire 170 - Octobre 2011

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P L A T E A U D E M A Î C H E

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Mont-de-Laval L’Atelier du Grand Tétras : un oiseau littéraire rare Mont-de-Laval abrite une maison d’édition unique en France. Elle imprime sur du “beau” papier des textes qui sont assemblés sur des cahiers cousus à l’ancienne. Un travail d’artiste.

Le livre de Marianne K. Leroux “MKL - ou le visible pense l’invisible - en cours de finition

Daniel Leroux et “La Folle saison”, livre qu’il a écrit et édité.

Les livres sont cousus avec du fil de soie.

L es fermes du Haut-Doubs cachent des trésors. Celui- ci est un joyau différent des autres : il est culturel. L’Atelier du Grand Tétras couvre la chaîne du livre, de l’écriture à la fabrication artisanale en éditant des livres cousus à la main dont les textes chantent “notre” terroir. Ici, les machines et l’atelier gravure ont remplacé l’endroit où était stocké le foin ou le grain. “Notre force, c’est notre bibliographie très diffé- rente” indique Daniel Leroux, le président fondateur. À Mont-de-Laval, à deux pas deux pas du chêne plusieurs fois centenaire trônant au centre du village, la grange fourmille d’activités. Au premier étage, trois personnes préparent et assemblent les derniers livres qui seront présentés au salon littéraire de Salins-les-Bains. Un événement que l’Atelier du Grand Tétras, nom de la mai- son d’édition, ne manquera pas.

Il s’y déplace pour vendre ses productions, reconnues au niveau national. Pour les avoir ouverts, les “bou- quins”, plutôt ces œuvres d’art, renvoient des décennies en arriè- re. Au toucher, les feuilles sont épaisses. Le papier légèrement granuleux. Et les dessins, à l’encre de chine, détaillés, pré- cis. Un régal demandant des dizaines d’heures de travail. Unie autant par la littérature

l’échelon national. Pour choisir ses auteurs, l’association réunit deux fois par an un comité qui statue sur chaque manuscrit. “Cette année, 12 livres ont été édités alors que nous recevons en moyenne deux manuscrits par semaine”, calcule Daniel Leroux. Bref, le choix est essen- tiel pour un domaine fortement concurrentiel. L’Atelier semble avoir trouvé une niche en se spécialisant dans ce livre

que par la confection du livre, l’équipe s’acharne avec pas- sion à produire des livres dans la tradi- tion artisanale de l’imprimerie. L’association, qui édi-

“authentique high-tech”. Il se consacre à la poé- sie contemporaine avec la collection Glyphes et à la littérature de créa- tion avec la collection Écriture à travers le roman, le récit et la nou-

“De 12 à 14 livres édités par an.”

te la Racontotte, cahier d’écologie rurale, a investi dans un nou- vel équipement mais a préser- vé ses anciennes machines pour continuer à “coudre” à la main. L’institution emploie une per- sonne. Les auteurs désirant être édi- tés par l’Atelier sont toujours plus nombreux. Mais pour cela, il faut montrer patte blanche : “Nous sommes une vraie mai- son d’édition car nous ne deman- dons pas à l’auteur de payer pour être imprimé” indique le responsable de cette maison d’édition locale, distribuée à

velle. Marianne, l’épouse de Daniel Leroux, est également de l’aventure. Artiste, elle réalise des aquarelles ou dessine les illustrations de la Racontotte. Pour la première fois, ses aqua- relles sont éditées par l’Atelier à 275 exemplaires numérotés. “Marginal avec complaisance, délibérément non commercial, L’Atelier du Grand Tétras s’acharne encore à croire, avec la passion de créer des livres, aux espérances de la bouteille à la mer.” Une belle philosophie. E.Ch.

Daniel Leroux et “La Folle saison”, livre qu’il a écrit et édité.

Faillite de ML2D et inquiétudes LʼAtelier du Grand Tétras - comme dʼautres maisons dʼéditions régionales - a subi la liquidation judiciaire de la Maison du Livre Diffusion Distribution (ML2D). Cette instance diffusait au niveau national les livres créés dans le Haut-Doubs. Le Grand Tétras aurait perdu plusieurs dizaines de milliers dʼeuros et a dû diminuer sa production. La reprise est maintenant assurée. Avec dʼautres éditeurs, porteurs dʼune stratégie éditoriale profes- sionnelle, une association a été créée, sous le nom de G.I.D.D.E. (Groupement indépendant de diffusion-distribution pour éditeurs) dont la vocation sera la diffusion. Daniel Leroux en est le pré- sident depuis le 1 er octobre. “La triste expérience que nous avons vécue avec la faillite de la ML2D oblige à la solidarité entre les acteurs de la chaîne du livre pour maintenir la diversité littéraire et privilégier le réseau dʼamis-libraires” dit Daniel Leroux, qui ne craint pas Internet. Lʼassociation est aidée par le comité régional du Livre et la Région Franche-Comté.