Journal C'est à Dire 170 - Octobre 2011

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V A L D E M O R T E A U

Morteau De la pollution malgré la nouvelle station Morteau a investi 3,9 millions d’euros dans une nouvelle station d’épuration. Problème, les eaux lors de fortes pluies ne sont pas toutes traitées et rejoi- gnent directement le Doubs. La mairie promet d’y remédier.

À la sortie des trois conduites, une eau brunâtre transpor- tant des serviettes hygiéniques coule.Le

jus peu ragoûtant se jette vingt mètres plus loin dans l’eau du Doubs nettement plus limpide. Drôle de scène qui se déroule mer- credi 19 octobre entre la station

d’épuration de Morteau - située derrière le parking de la gare - et les terrains d’entraînement de football, après un épisode de

fortes pluies. Cela voudrait dire qu’il y a des connexions entre le réseau séparatif et le réseau d’eau pluvial. Le phénomène que nous avons constaté a été relevé par la com- mission de protection des eaux (C.P.E.P.E.S.C.). Il gêne la mai- rie de Morteau qui achève la création de sa station d’épuration 5 fois cette année, seulement lors de fortes pluies car notre bassin d’orage est en réfection. Nous sommes obligés de résoudre les problèmes les uns après les autres.” En période d’étiage (basses eaux), ce phénomène condamne les poissons qui reçoi- vent une eau fortement polluée et peu oxygénée. entamée il y a un an, dont le coût avoisine les 3,8 millions d’euros. La ville s’explique : “Ce pro- blème n’est intervenu que

Concrètement, la station récu- père et traite les eaux usées équi- valents à 14 000 habitants. Lors- qu’il ne pleut pas, la S.T.E.P. joue parfaitement son rôle en trai- tant le réseau séparatif en direct. Lors de pluies modérées, le bas- sin d’orage stocke l’eau. C’est “uniquement” lors des orages ou fortes pluies que les eaux plu- problème, la municipalité va changer les clapets des tuyaux menant au bassin d’orage, sachant que ceux-ci s’ouvrent trop facilement lors des fortes eaux. Des devis ont été deman- dés. Construite dans les années soixante-dix pour 14 000 équi- valents habitants, la S.T.E.P. a viales non traitées rejoi- gnent le Doubs sans traitement. Le bassin serait-il sous-dimen- sionné ? Consciente du

vu sa capacité de traitement chuter à 9 000 équivalents habi- tants du fait des travaux en, cours. Pour compenser ce défi- cit et faire face au développe- ment urbain du Val de Morteau, la Communauté de communes du Val de Morteau (C.C.V.M.) qui a la compétence assainisse- ment a décidé de reconstruire la station obsolète de Gran- d’Combe-Chateleu. Le chantier d’environ 4 millions d’euros doit démarreren2012 (1). E.Ch. (1) : Il est prévu que la future station de Grand’Combe-Cha- teleu dimensionnée pour 9 000 équivalents habitants traite aussi les eaux usées des habitations situées sur la partie ouest de Morteau d’ici 2012.

Changement de clapets.

Le bassin d’orage déborde et l’eau (de pluie) non traitée arrive directement dans le Doubs.

Nature Champignons : un grand cru 2011 Les cueilleurs de champignons s’en sont donné à cœur joie depuis les premières pousses observées en juin. Quand précocité et abon- dance riment avec aussi prudence et rareté.

L es séchoirs à champignons sont bien gar- nis depuis quelques mois. 2011 reste- ra une année particulièrement avenan- te sur le plan mycologique. C’est d’abord le facteur précocité qui retient l’attention. Des gris ont été repérés fin juin vers Frasne. Appe- lé aussi gris de sapin, petit gris d’automne, le clitocybe nébuleux est une véritable institution dans le Haut-Doubs. “Ce champignon peut faci- lement se confondre avec l’entolome livide ou

le faux gris qui ne pousse pas encore dans le Haut-Doubs” , explique Claude Page de la Socié- té d’histoire naturelle du Haut-Doubs. La conjugaison pluie et soleil déclenche souvent les pousses de champignons, comme ce fut enco- re le cas chez nous début août et en octobre. On peut aussi ajouter parmi les facteurs favorables la phase lunaire, à savoir la lune noire. Le cham- pignon tel qu’on se le représente avec son pied et son chapeau correspond à l’étape de fructi-

Les amateurs de gris n’ont pas été déçus cette année (photo Philippe Parriaux).

fication, celle qui permet la propagation et la survie de l’espèce. “Les champignons forment un règne à part dans la classification des êtres vivants et beaucoup de mystères entourent encore leur reproduction” , poursuit le mycologue. Si le petit-gris était particulièrement prolifique cette année, que dire des bolets ? Les amateurs ont fait des récoltes records au mois d’août notam- ment. La relative sécheresse de septembre a

sont souvent de bon conseil. C’est différent chez nos voisins suisses qui disposent de vérificateurs mandatés expressément pour cette fonction de contrôle. Toujours sur le volet réglementai- re, la cueillette des champignons dans le Doubs fait l’objet d’un arrêté préfectoral qui limite le ramassage à 2 kg par jour et par personne. Pas sûr qu’il soit respecté à la lettre… Si le Haut-Doubs échappe à l’amanite phalloï- de, il abrite néanmoins d’autres espèces mortelles, notamment dans les tourbières. Exemple avec le cortinaire très joli et l’amanite vireuse. Comme pour certaines fleurs, il existe des espèces de champi- gnons particulièrement rares. “Du côté de Labergement-Sainte-Marie se trouve une sta- tion de l’eucopaxyle blanc et rose unique en Franche-Comté” , indique Claude Page qui regret- te qu’on ne prenne pas toujours en compte cet intérêt patrimonial. Comme quoi on peut aus- si faire œuvre de biodiversité dans le Haut- Doubs.

annihilé toute velléité fongique avant l’ultime sursaut d’octobre. L’arrivée des “bleus” ou pieds bleus annonce généra- lement la fin de la saison des champi- gnons. C’est aussi l’époque des premières gelées.

Des gris repérés fin juin vers Frasne.

Pour beaucoup, le monde des champignons se restreint à une vingtaine d’espèces comestibles. On relève chaque automne des cas d’intoxication plus ou moins graves. Mieux vaut donc au moindre doute faire contrôler sa cueillette sans oublier d’y joindre le pied complet pour faciliter la détermination. En France, les pharmaciens

On trouve des espèces mortelles dans les tourbières comme le cortinaire très joli et l’amanite vireuse (photo Claude Page).

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