Journal C'est à Dire 165 - Avril 2011

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D O S S I E R

Ouverture en 2012 Breitling, nouvelle vitrine de l’horlogerie à Besançon

Installé à Besançon depuis 1995, le service après-ven- te français de Breitling entre dans une autre dimen- sion avec la construction d’un nouveau bâtiment.

B reitling a choisi la zone technologique de Témis à Besançon pour implan- ter son nouveau bâtiment. C’est dans une structure ultra-moder- ne que le service après-vente de la marque en charge du marché français et d’une partie de l’Europe emménagera fin 2012. Les 48 salariés devront donc patienter encore peu avant de quitter défi-

Le site répondra aux exigences du fabricant helvétique de montres chronographes qui manufacture désormais ses mou- vements. Le futur bâtiment entièrement vitré, s’inscrit donc dans la continuité des exigences de qualité que s’impose l’horloger suisse. “La fabrication de mou- vements s’accompagne d’une cul- ture qui nous tire vers le haut.

nitivement les locaux du chemin de Palente. En investissant à Besançon, Breit- ling qui est présent

Le S.A.V. doit suivre cette tendance. Les ate- liers répondent à des normes de contrôle et de propreté draco- niennes” ajoute le

“Une culture qui nous tire vers le haut.”

Jean Kallmann espère que l’investissement de Breitling à Besançon va encourager la prise d’initiatives.

dans la capitale régionale depuis 1995 (l’histoire a débuté avec sept personnes), envoie un signal fort et positif en direction de ceux qui émettent des doutes sur le potentiel de l’économie horlogère locale. “Ce nouvel ate- lier de Besançon sera une réfé- rence pour Breitling” annonce Jean Kallmann, directeur de Breitling Service.

directeur. Chaque mois, entre 1 000 et 1 200 montres transi- tent par le site bisontin pour être entièrement révisées. Elles proviennent de toute la France, mais également d’autres pays européens. L’atout du site franc-comtois dans le réseau Breitling est la qualification de sa main-d’œuvre. D’ailleurs, lorsque la marque

a choisi d’installer un S.A.V. à Besançon il y a plus de quinze ans, c’est aussi parce que la cul- ture horlogère était dans les gènes de cette ville. Jean Kall- mann est particulièrement atten- tif à la formation. Régulière- ment, il accueille dans les locaux des horlogers qui viennent se former aux produits Breitling. “Nous sommes une des seules

entreprises à avoir des appren- tis horlogers dont trois viennent du lycée de Morteau actuelle- ment. Je crois qu’il est impor- tant d’être acteur et partie pre- nante dans le domaine de la for- mation” dit-il. En l’écoutant, on peut regretter que Jules Haag ait perdu son “école d’horlo” qui a formé des générations de pro- fessionnels. En horlogerie, le fac- teur humain est une des clés de la réussite. Breitling devient la nouvelle vitrine de l’horlogerie à Besan- çon. “J’espère que ce projet va libérer d’autres initiatives” , annonce Jean Kallmann, convaincu que la région a une carte à jouer non pas dans la création de marques horlogères mais dans la sous-traitance. Selon lui, il y a l’opportunité à saisir d’une complémentarité avec l’industrie helvétique. “Ce que cherchent les grandes marques, ce sont des fournis- seurs. En Suisse, il manque des fabricants de cadrans ou d’aiguilles par exemple. Il y a un besoin de pièces. Besançon dis- pose d’un vrai tissu de compé- tences. Je pense que dans cette ville nous serions capables de produire des pièces pour

Les horlogers travaillent sur de nouveaux ateliers séquen- tiels qui permettent de réviser dix montres à la fois. Les normes de contrôle et de propreté sont draconiennes.

l’horlogerie.” Après l’automobile et le médical, les industriels qui cherchent à se diversifier ont

peut-être intérêt à explorer la piste horlogère. T.C.

48 personnes travailleront dans ce bâtiment ultra-moderne. Il n’est pas dit que le projet ne s’accompagne pas de nouvelles créations d’emplois.

Création Philippe Lebru

modernise l’horloge comtoise Il est la preuve de la diversité des savoir-faire horlogers qui subsistent dans notre région. Créateur, designer, Philippe Lebru est un des rares à croire à l’opportunité de vendre des produits sous un label français. Il travaille en lien étroit avec les fabricants de composants du Haut-Doubs.

P hilippe Lebru est un peu l’électron libre de l’horlogerie locale. Cela fait 18 ans qu’il a créé l’entreprise Weal’s Concept, plus connue sous le nom d’Utinam Besançon, samarque phare.Dans ce domaine d’activité, elle est sans doute la dernière née de la capi- tale régionale. Ce quadragénaire qui se considère comme un arti- san dépense son énergie à créer et à fabriquer des montres et des horloges comtoises contemporaines. Actuellement, il met au point l’horloge monumentale qui sera installée dans la future gareT.G.V. d’Auxon.Cet homme est un inven- teur, et il considère qu’il a voca-

tion à rester une petite entre- prise, même si ses produits ont un potentiel industriel. Philippe Lebru va également fabriquer une montre pour les 110 ans du Concours Lépine dont il fait désor- mais partie des administrateurs. De son atelier bisontin situé aux Prés-de-Vaux, l’entrepreneur observe avec satisfaction que s’amorce un nouveau dynamis- me horloger. “Leroy va devenir la locomotive du luxe. C’est ce qui manquait. Festina crée des emplois et c’est important. Breit- ling en investissant dans un bâti- ment va donner du crédit à la ville. C’est une caution néces- saire” explique-t-il.

Selon Philippe Lebru, c’est le bon moment pour redonner à la ville ses lettres de noblesse hor- logères. “Il faut qu’elle devien- ne l’écrin du temps. Ce que je souhaiterais, c’est que l’on puis- se mettre en place un super-label “Besançon France” protégé.” Ce garçon a toujours cru au poten- tiel du nom “Besançon” com- me vecteur de notoriété pour l’horlogerie française. Il a pu le vérifier à de nombreuses reprises. “Sur les salons, j’observe que les gens de 45 ans et plus associent le nom de Besançon à la montre. Ils font le lien. En revanche, les jeunes générations ne le font pas, car elles ne

Philippe Lebru a travaillé en collaboration avec les élèves du lycée de Morteau pour élaborer son mouvement.

accents industriels ne fera pas d’un claquement de doigts. “On voudrait construire une cathé- drale, mais nous avons les moyens de réaliser une chapel- le” résume-t-il. “Nous sommes au début d’une histoire” qui espé- rons-le, ne restera pas sans sui- te. T.C.

connaissent pas notre histoire horlogère. C’est pour cette rai- son que nous devons agir vite pour assurer une continuité” esti- me Philippe Lebru. La réussite du projet passerait par la conjonction de plusieurs facteurs dont une volonté poli- tique forte “qui est là” , et l’émergence de symboles “com-

me Leroy.” L’enjeu de tout cela est de géné- rer une dynamique suffisam- ment forte pour provoquer un regain d’intérêt pour Besançon et le label France. Philippe Lebru qui se bat depuis longtemps pour exister sur le marché n’est pas un doux rêveur. Il sait bien qu’une telle mutation aux

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