Journal C'est à Dire 165 - Avril 2011

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D O S S I E R

se. “Le Made in France a de l’avenir” C’est notamment avec lui que souffle le vent du renouveau pour l’horlogerie à Besançon. Guillau- me Tripet est le directeur général de Leroy. Com- ment voit-il l’avenir de l’horlogerie française ? Le directeur général de Leroy

France” horloger alors que le “Swiss made” est la réfé- rence suprême ? G.T. : Bien sûr, et nous y croyons plus que tout. Notre première démarche a été de recontacter l’observatoire de Besançon en leur demandant s’ils étaient prêts à certifier des produits mécaniques. La démarche sui-

Càd : Combien de montres Leroy seront assemblées à Besançon ? G.T. : Cette année entre 200 et 300. On va essayer de doubler ce chiffre dès l’an prochain. Leroy va ouvrir en septembre une vitri- ne place Vendôme, là où se joue

C’ est à dire : Pour- quoi misez-vous tant sur le nom “Besançon - France” pour faire prospé- rer la marque Louis Leroy ? Guillaume Tripet : Plus que sur le nom, nous misons sur la localisation de Besançon. Nous avons une histoire commune avec cette ville, plus particuliè- rement encore avec son obser- vatoire. N’oublions pas non plus que Besançon concentrait à la “grande “époque” 15 % de la pro- duction mondiale de montres.

Notre implantation à Besançon, c’est un retour aux racines puisque les ateliers Leroy étaient installés au square Saint-Amour dès 1892. La marque est tom- bée aux oubliettes avec l’avènement du quartz, une époque où les montres méca- niques de qualité n’intéressaient plus personne. À partir de 1954, on a fermé nos ateliers bison- tins. Ce retour à Besançon suit une logique parfaite. Càd : Seraient-ce les prémices du retour d’un “Made in

vante sera de mettre en route un poinçon “Besançon” qui dépasse le simple aspect chronomé- trique. Quant au

le haut de gamme français. On refuse déjà des clients. Càd : Vos locaux bisontins vont vite

“Le Swiss Made est largement galvaudé.”

devenir exigus ! G.T. : Pour notre installation, nous avons pris ces locaux que le Grand Besançon nous a pro- posés, ils sont très adaptés à notre activité actuelle mais pas “présentables” par rapport au niveau de produits que l’on fait.

Swiss Made, il est largement galvaudé. Ce n’est pas un secret de dire que les composants de certaines montres qui ont le label Swiss Made sont fabriqués à 100 % en Asie et que seuls l’assemblage, le réglage et le contrôle sont assurés en Suis-

Guillaume Tripet : “Je ne fais aucune promesse, mais je crois à l’horlogerie à Besançon.”

employant des centaines de personnes ? G.T. : Mais la démarche est bien plus ambitieuse que cela ! Le résultat d’un travail bien fait sur dix ans peut avoir beaucoup plus d’impact. Le jour où Car- tier décide d’investir 50 millions d’euros à Besançon dans une base de production de 1 200 per- sonnes, comme ils l’ont fait à La Chaux-de-Fonds, ce ne sera plus du rêve. Je ne fais aucune pro- messe, je dis simplement que Leroy est la marque d’horlogerie commence à regrouper le savoir- faire existant, ça va amener d’autres choses, c’est certain. Quand un grand groupe du luxe français comme L.V.M.H. met toute sa production horlogère chez Tag-Heuer en Suisse, là, cela me paraît scandaleux. Qu’il le fasse à Besançon ! Càd : Mais l’image de l’horlogerie reste toujours intimement liée à la Suisse ! G.T. : C’est justement pourquoi il est nécessaire de créer pour ces grands groupes un envi- ronnement réceptif à ces ques- tions-là. Et il est vrai qu’à quelques exceptions près, peu de politiques en ont pris conscience ici. Cette démarche, si tout le monde y croit, peut vraiment avoir de grosses consé- quences. Propos recueillis par J.-F.H. le plus haut de gam- me qui n’ait jamais existé en France. Et si on veut être cohé- rent, il faut donc qu’on redémarre tout de Besançon. Si on

Il est clair que très vite, d’ici trois ans, il faudra travailler avec la Ville et la Région pour trouver un lieu suffisamment chargé d’histoire. D’ici la fin de l’année, nous serons entre 5 et 10 de plus. Càd : Pour l’instant, l’atelier Leroy à Besançon, ce n’est “que” de l’assemblage. Peut- on se prendre à rêver et ima- giner un jour le retour de manufactures horlogères à Besançon ? ce a de l’avenir, il a un potentiel que beaucoup de gens sous-esti- ment. Quand je dis ça, on a pu me prendre pour un prétentieux, voire un fou. Les mentalités com- mencent à changer. À Bâle, on a présenté un film en 3D sur L.Leroy et Besançon, qui a été vu par des milliers de visiteurs. Parmi eux, Thierry Stern, le pré- sident de la marque Patek-Phi- lippe. Je ne saurais vous répé- ter les mots qu’il m’a dits, notre démarche a été parfaitement comprise par lui. Avec un poinçon bisontin, l’idée est de remettre en place des paramètres identifiables et après, de donner des mandats de pro- duction et de développement à des entreprises locales déjà en place. Càd : On n’imagine pas le retour de grandes entreprises G.T. : Ce n’est pas de l’ordre du rêve. Je suis persuadé qu’à un horizon de 10 à 20 ans, on refera des mouvements à Besan- çon. Le Made in Fran-

Une base de production de 1 200 personnes.”

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