Journal C'est à Dire 155 - Mai 2010

D O S S I E R

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Villers-le-Lac

La force de cette société réside en partie sur sa capacité à se renouveler par le simple jeu de la filiation. Quand la musique s’élève au rang de tradition familiale. L’Harmonie Union et Progrès a soufflé ses 150 bougies

particulièrement diversifié, reflé- tant en cela sa pyramide des âges. “On a accueilli de 2006 à 2008 une chorale des jeunes. Elle fonctionnait bien. Mais l’expérience n’a pu être recon- duite faute de candidats pour s’en occuper.” Le président tient à entretenir la dynamique du groupe en se fixant toujours des objectifs. Pour 2011, c’est l’organisation du festival des jeunes qu’il fau- dra assurer. Le poids des res- ponsabilités qui lui incombe est largement compensé par les apports de la pratique musica- le en harmonie. “Je suis un pré- sident comblé. Il n’y a pas de limite d’âge pour pratiquer la musique et c’est un vrai bonheur de voir ses propres enfants arri- vés sur les rangs.” F.C.

tien des jeunes au pays. Ce n’est plus forcément le cas quand on s’éloigne de la frontière.” Le pré- sident applaudit des deux mains le bien-fondé de l’école de musique où se forme en per- manence une trentaine de jeunes de l’Harmonie de Villers. “Cet outil nous permet de leur offrir des cours de qualité et de soulager les bénévoles. Il faut juste faire attention que cela ne devienne pas un service sans retour pour la société. L’une ne va pas sans l’autre.” L’orchestre principal de l’Harmonie Union et Progrès

L e “profil” de l’Harmonie Union et Progrès ne dépare pas des autres grosses unités musi- cales du Val de Morteau. Elle a vu le jour dans la seconde moi- tié du XIX ème siècle, plus préci- sément en 1860. 150 ans d’existence, célébrés comme il se doit en grande pompe du 28 au 30 mai dernier. Sans pour autant “manger la grenouille” comme ce fut apparemment le cas lors du centenaire. “On pré- parait ça depuis deux ans” , indique Jean Faivre-Pierret, le président de cette société qui compte une centaine d’adhérents avec les membres d’honneur. Villers-le-Lac a vécu une véri- table fête de la musique avant l’heure. L’harmonie locale a par- tagé le gâteau avec les sociétés

locales et celles avec lesquelles elle échange régulièrement. Un immense repas en présence de tous les anciens musiciens (250 convives) clôturait l’événement. Jean Faivre-Pierret avance plu- sieurs raisons pour expliquer la longévité et l’étonnante den- sité des sociétés musicales. “C’est une question

rassemble 50 musi- ciens de 13 à 74 ans. Ils sont 25 à se per- fectionner au sein de l’orchestre des jeunes. “On participe à toutes

d’ambiance, de répéti- tion et d’éducation” dit- il. À Villers comme ailleurs, l’ossature de la maison repose sur des

“Je suis un président comblé.”

noyaux familiaux qui baignent dans la musique depuis très longtemps. Exemple chez les Dodane représentés par trois générations de musiciens. “Grâ- ce à la Suisse, on bénéficie éga- lement dans le Val de Morteau de conditions propices au main-

les cérémonies patriotiques et les grands rassemblements musi- caux du secteur. On répond éga- lement toujours à quelques invi- tations extérieures qui s’ajoutent à nos traditionnels concerts du printemps et de l’automne.” Le répertoire de la société est

Villers-le-Lac

Si la distinction existe toujours entre la Fraternité et l’Harmonie de Villers, elle relève plus aujourd’hui d’une rivalité bon enfant et cela ne va pas plus loin. Paix musicale. Les “rouges” ont mis de l’eau dans leur musique

L a scission des sociétés musicales duHaut-Doubs s’opère sensiblement à la même période.Les causes sont similaires. Elles s’articulent autour du fossé grandissant entre les valeurs républicaines et les traditions catholiques. À Villers, la rupture se produit en 1877.Elle perdure toujours. La séparation entre les blancs et les rouges n’est pas seulement d’ordre idéologique. Elle oppose aussi le haut du bourg occupé principalement par les familles d’agriculteurs plutôt conservatrices et les quartiers ouvriers du bas de Villers. Ces tensions semanifestaient de mul- tiples manières. “On était par exemple complètement exclu du festival des musiques catholiques du Haut-Doubs organisé après la seconde guerre mondiale” , rappelle Thierry Munier. Le pré- sident de la Fraternité estime qu’aujourd’hui il s’agit plutôt “d’un semblant de rivalité avec un côté bon enfant qui a plus l’effet d’émulation.” Il précise aussi qu’Union et Progrès res- te l’orchestre d’harmonie contrai- rement à la Fraternité qu’on

range classiquement dans la catégorie des fanfares. Plus modeste en effectif avec une cinquantaine de musiciens, la Fraternité se porte aussi bien que les grandes sociétés du Val de Morteau. Elle participe régu- lièrement à des concours. Sa vitalité s’explique par une poli- tique très engagée en faveur de la jeunesse et par des actions à caractère plus récréatif. “On a besoin d’intégrer de la convi- vialité dans la vie de la musique. C’est des stages pour les jeunes ou des week-ends en refuge.” La Fraternité est partie pre- nante dans l’école de musique du Val de Morteau. Ce dispo- sitif a rapproché indirectement les deux sociétés villériennes dans le sens où les enfants apprennent la musique ensemble. Chose inconcevable auparavant. “On a conservé en interne la section d’éveil musi- cal accessible aux enfants à par- tir de 4 ans.” On peut avoir des idées répu- blicaines tout en conservant quelques bonnes habitudes. For- mé en 1900 par une poignée de

musiciens qui jouaient sans par- tition, le Petit Orchestre de la Fraternité est toujours bien vivant, gardien d’un patrimoi- ne oral qui ne manque pas d’originalité. En musique com- me ailleurs, les clichés ont la vie dure. L’image des harmonies et fanfares se réduit souvent à celles des défilés. “C’est peut- être ce qui nous déplaît le plus sur le plan musical. Quand les gens nous voient dans un autre contexte, ils sont toujours sur- pris par la diversité du réper- toire.” La nouvelle école de musique a également permis de poursuivre l’effort qualitatif engagé depuis une quinzaine d’années dans la plupart des sociétés du Val de Morteau. “Des sociétés qu’on croyait condamnées ont survé- cu grâce à ces améliorations” , poursuit Thierry Munier qui prêche aussi pour sa paroisse en évoquant ce projet de fusion avec la Démocrate de Char- quemont étudié en 1997 quand les deux sociétés traversaient une crise de vieillissement. F.C.

L’orchestre de l’Harmonie Union et Progrès à Villers-le-Lac compte 50 musiciens de 13 à 74 ans.

Les Fins L’Union Musicale des Fins suit une destinée sans rupture brutale, toujours en phase avec la dynamique musicale du Val de Morteau. La force tranquille. Tous unis par la même passion

L’ histoire débute avec 19 jeunes de la com- mune. Ils créent le groupe des Montagnards des Fins qui prend le nom d’Union musi- cale en 1873. “La société connaîtra aussi une scis- sion entre les rouges et les blancs mais elle fut courte. Les uns et les autres sont rapidement arri- vés à un consensus à l’issue d’une soirée parti- culièrement bien arrosée” , explique René Roland, le président.

nines. Les musiciennes ont commencé par occu- per les pupitres délaissés par les hommes com- me la flûte, le saxophone ou la clarinette. Elles sont aujourd’hui majoritaires. “L’Union comp- tait 65 musiciens en 1976. C’était déjà l’une des plus grosses sociétés du Doubs” , rappelle celui qui préside désormais un ensemble de 80 musi- ciens dont une trentaine forme l’orchestre des jeunes. Avec 25 concerts donnés chaque année, le rythme est assez soutenu. Il comprend les manifestations patriotiques ou reli- gieuses, les défilés dans les fêtes villa- geoises aux Fins ou dans les localités voisines comme pour la descente d’alpage de Montlebon. “On joue aussi à la Sainte-Céci- le avec la chorale l’Aurore et le club Accords des Monts.” L’Union musicale des Fins participera le 27 juin prochain au Festival des Musiques du Haut- Doubs à Montlebon. F.C.

Les deux guerres mondiales furent des épreuves forcément pénibles avec le départ des hommes au front. En 1937, la direction de l’Union musicale est confiée à l’abbé Chabod. Après l’Armistice, la société est relancée par

L’une des plus grosses sociétés du Doubs.

une dizaine de musiciens et notamment son pré- sident Alfred Maire. “On peut également citer Joseph Mamet, autre figure historique qui va remettre en place les cours de solfège et recru- ter des jeunes” , poursuit René Roland. L’Union musicale fête son centenaire en 1973. L’occasion de célébrer l’arrivée des premières recrues fémi-

De tout temps, la Fraternité de Villers a participé à des concours nationaux.

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