Journal C'est à Dire 155 - Mai 2010

D O S S I E R

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LES SOCIÉTÉS DE MUSIQUE

Plateau de Maîche Quatre musiques pour la même école Le paysage harmonie du plateau de Maîche s’apprête à vivre une petite révolution avec la création de l’école inter-sociétés qui devrait ouvrir à la rentrée prochaine.

Zoom “Sans école, plus de musique” La communauté de communes du pays de Maîche est partie pre- nante dans ce dossier d’école inter-sociétés. Questions à François Vil- lemain, le vice-président en charge de la vie associative et culturelle. C’est à dire : Ce type de projet relève-t-il du champ de compétences intercommunales ? François Villemain : Bien entendu. C’est un outil qui va permettre de pal- lier l’essoufflement du bénévolat. On pourrait même dire qu’il s’agit d’une nécessité en terme de formation et de survie des harmonies. Sans école, plus de musiques. Càd : Combien d’enfants seraient concernés ? F.V. : Une bonne centaine en regroupant les quatre harmonies. Cette éco- le de musique communautaire permettra également de fournir du travail aux professeurs sur une journée entière. Cela renforce l’attractivité du plateau vis-à-vis des enseignants. Càd : Comment la communauté de communes compte apporter son soutien ? F.V. : Les dirigeants des quatre sociétés sont venus présenter le projet aux élus qui l’ont validé en se basant sur le principe de ne pas allouer une aide globale mais par élève. Tout le monde va participer au fonctionnement : les parents, les harmonies ainsi que le Conseil général au titre de l’aide asso- ciative culturelle. L’effort collectif participe aussi d’une volonté sociale de rendre l’école accessible au plus grand nombre. On travaille dans l’objectif d’une ouverture à la prochaine rentrée scolaire. Puisqu’on est dans le domai- ne associatif, on peut également signaler le projet communautaire qui consis- tera à mettre en place un animateur sportif au service des associations de la Communauté du plateau maîchois. Laquelle s’étend sur 19 communes, soit un territoire de 12 500 habitants. Propos recueillis par F.C.

Même si l’Harmonie Avenir Damprichard compte encore 45 musiciens sur les rangs, elle est aussi concernée par le problème du renouvellement des formateurs et le recrutement des jeunes.

“L e Val de Morteau nous a fortement aiguillés dans ce projet d’école inter-sociétés”, explique Frédéric Pierre, le président de l’Harmonie Avenir à Damprichard. Laquelle société est impli- quée au même titre que celles de Char- quemont, Maîche et Fournet-Blan- cheroche. “Il faut être réaliste. Une har- monie qui a encore la possibilité de se former en interne fait presque figu- re d’extraterrestre. Mais la question du renouvellement des formateurs va se poser inévitablement. D’où l’obligation de réagir sans attendre, même si c’est toujours très difficile de faire évoluer les mentalités. En 10 ans, j’ai totale- ment changé mon fusil d’épaule. Les anciens ne voient toujours pas l’intérêt de fonctionner en commun” , poursuit Frédéric Pierre qui reconnaît qu’il s’agit

d’une petite révolution. Le fonctionnement de l’école du pla- teau maîchois sera sensiblement le même qu’à Morteau. Pas question d’une structure centralisée. Les cours seront

être différents mais l’objectif est iden- tique. Pour certaines, il s’agit de pal- lier assez rapidement de gros soucis de recrutement les obligeant à solli- citer des musiciens d’autres sociétés

François Villemain,

dispensés dans les locaux de chaque harmonie. “Ce projet d’école devrait for- cément permettre de remonter le niveau musi-

pour assurer les concerts. Ce problème est suscep- tible de se propager à l’ensemble du plateau maî- chois.

vice-président de la commu- nauté de communes (photo archive Càd).

C’est une petite révolution.

Les dirigeants de l’Harmonie de Dam- prichard sont également engagés sur un second projet. “On voudrait avoir des locaux à nous avec des salles pour recevoir les professeurs.” Cette école pourrait fonctionner en symbiose avec celle de Morteau en offrant par exemple la possibilité de mettre en place des collaborations sur des instruments rares. Frédéric Pierre y voit aussi l’opportunité pour Damprichard de se

cal des jeunes et conforter l’avenir des sociétés. Prenez l’exemple de Gran- d’Combe-Châteleu. Cette harmonie a été complètement métamorphosée grâ- ce à l’école de musique du Val de Mor- teau. Je pense que sur Maîche, il y a certainement matière à faire la même chose” , apprécie Frédéric Pierre, ravi de voir les quatre harmonies avancer dans le même sens. Les motivations, les besoins sont peut-

rapprocher de Maîche et Charquemont. “On se côtoie assez peu car on ne fait pas partie de l’Amicale des Musiques du Haut-Doubs.” Avec 65 musiciens dont 45 sur les rangs, l’Harmonie Avenir de Damprichard n’est pas encore en situation critique.

Le souci de renouvellement plane tou- jours même si une vingtaine d’enfants suivaient encore les cours de solfège en 2009. “Dans ces conditions, autant essayer d’anticiper” conclut le prési- dent. F.C.

Charquemont Boires et déboires de la culture musicale horlogère Entre scission, fusion et engagement dans le projet d’école intercommunale, l’histoire de la Philharmonique de Charquemont est symptomatique des enjeux idéologiques et démographiques auxquels sont confrontées les sociétés musicales.

L a création d’une fanfare à Charquemont s’inscrit dans le contexte politique de la Révolution de juillet 1830.Après plusieurs décen-

ze dissidents refusent alors d’obtempérer et fondent une socié- té rivale, la Démocrate. Cette rébellion est à l’origine du traditionnel conflit entre les

réflexe de se regarder de tra- vers. Mais cela ne va pas plus loin. En revanche, les deux sociétés souffraient du même mal, à savoir une réduction chronique d’effectif. “Avec l’évolution de la société, les jeunes ne restaient pas au village.” Elles prennent également l’habitude d’organiser quelques concerts en commun. En 2000, le projet d’une fusion est soumis au vote et accepté à l’unanimité lors des assem- blées générales de chaque socié-

nies sans tensions majeures, les choses se compliquent au moment ou le 14 juillet devient la

“blancs” catholiques et les “rouges” répu- blicains anticléri- caux. La durée de la scission est très

Cette école, c’est vital et indispensable.

La Philharmonique est toujours dirigée par Pierre Vuillemin.

té. “Cette décision donne nais- sance à l’Orchestre d’Harmonie de Charquemont” , observe Michel Sandoz, le président. L’orchestre rassemble aujour- d’hui 50 musiciens dont beau- coup de “têtes blanches” concè-

de le président. Il se produit trois fois par an. Tôt ou tard se pose- ra la question de trouver un suc- cesseur au directeur Pierre Vuillemin. La seule alternative au souci de recrutement repose selon Michel Sandoz sur la créa-

tion de l’école de musique “inter- sociétés” si l’on peut dire. “Pour nous, cette école, c’est vital et indispensable si l’on veut qu’une musique perdure à Charque- mont” , conclut-il. F.C.

fête nationale en 1879. Peu avant le 14 juillet 1882, le curé du vil- lage de Charquemont interdit aux musiciens de la fanfare d’interpréter laMarseillaise.Trei-

variable d’une commune à l’autre. À Charquemont, elle per- durera jusqu’en 2000. Au fil du temps, les rivalités s’estompent. Seule subsiste parfois ce fâcheux

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