Journal C'est à Dire 154 - Avril 2010

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

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Le Locle Le prix de l’eau en chute libre La facture d’eau pourrait s’alléger jusqu’à 23 % dans le meilleur des cas pour les heureux Loclois. Cette baisse s’explique assez paradoxalement par une hausse de la consommation.

L a gestion de l’eau potable dans la plupart des communes fran- çaises ou suisses procède d’un budget annexe qui doit s’équilibrer. C’est également vrai au Locle. “On a confié en 2003 un man- dat de gestion générale sur l’eau potable à la société anonyme Viteos qui réunit trois villes : Le Locle, La Chaux-de- Fonds et Neuchâtel. Chaque commu- ne reste propriétaire de son réseau. Le budget eau est financé seulement par les consommateurs” , explique Charles Häsler, le vice-président du conseil communal. quences : les charges dépassent large- ment les recettes. “En 2008, on a donc décidé d’appliquer de nouveaux tarifs établis en supposant que la baisse allait se poursuivre.” Les répercussions de cette nouvelle grille tarifaire se tra- duisent par des augmentations variant de 15 à 70 % sur les factures annuelles. La différence s’expliquant en fonction du type de bâtiment individuel ou col- lectif alimenté par le réseau. La donne a radicalement changé depuis 2009 avec une consommation de nou- veau en progression et qui se stabili- se maintenant autour de 720 000 m 3 par an. “On ne comprend toujours pas cette inversion. Ce phénomène conju- gué à la nouvelle tarification nous a permis de combler rapidement le défi- cit. On a même pu dégager un excédent de plusieurs centaines de milliers de francs. Les usagers n’ont pas man- qué de réagir. Cette cagnotte n’étant pas nécessaire, on a décidé d’adopter La facture passera de 493 à 379 francs. La consommation d’eau potable n’a ces- sé de diminuer dans la ville du Locle de 1991 à 2007, passant de 1 million à 700 000 m 3 . Consé-

de nouveaux tarifs qui seront votés pro- chainement par le conseil général.” Par souci d’équité, cette baisse affec- te principalement la part fixe com- posant le prix de l’eau et définie selon le diamètre de la conduite d’alimentation. La part variable a quant à elle diminué de 20 centimes, passant de 4,10 à 3,90 francs/m 3 . L’habitant en maison individuelle est le grand béné- ficiaire. D’après les simulations, sa fac- ture annuelle passera de 493 francs suisses à 379 francs suisses en suppo- sant qu’il utilise 70 m 3 d’eau. Elle sera beaucoup moins sensible pour ceux qui résident dans les plus gros immeubles de la ville.

F.C.

Le personnel de l’agence de voyage Croisitour assure l’animation du nouveau point d’information touristique.

Zoom Le double effet Unesco Le classement au patrimoine mondial de l’Unesco incite les élus loclois à ouvrir un point d’informations touristiques au centre-ville et à améliorer la signalétique piétonnière.

cement en totalité. Les hôtesses de lʼagence ont reçu une formation spé- cifique. “Grâce à cette collaboration, le service est accessible 7 jours sur 7. Ce point d’information est placé sous la responsabilité du bureau promotion- nel et culturel de la Ville du Locle” , poursuit Bernard Vaucher en précisant quʼil sʼagit dʼune expérimenta- tion testée jusquʼen octobre 2010. Un premier bilan sera alors réalisé pour une éven- tuelle reconduction du dispositif. Lʼouverture de ce point dʼaccueil ne remet pas en cause lʼavenir de lʼoffice de tourisme du Col-des-Roches qui res- te toujours en activité. La cité locloi-

se vient également dʼinvestir dans une toute nouvelle signalétique piétonniè- re. Deux totems principaux, un sur la place du Marché, lʼautre à la Gare ain- si quʼune centaine dʼindicateurs per- mettent dès à présent aux visiteurs de

L a fréquentation a beaucoup pro- gressé dans les deux villes du haut depuis leur inscription en juin 2009 au patrimoine mondial de lʼhumanité. Cette nouvelle attractivi- té a également mis en évidence quelques insuffisances en termes dʼaccueil et dʼinformations touristiques. Ce manque de lisibilité nʼapparaissait pas comme un handicap majeur quand la cité cultivait uniquement sa voca- tion industrielle. Ce nʼest plus le cas

se rendre sans soucis aux endroits principaux de la Vil- le : musées dʼhorlogerie et des Beaux-Arts, centre spor- tif communal, gare… Ces panneaux se distinguent par

désormais. “Le conseil municipal a décidé de réagir en ouvrant au 1 er avril un point d’informations touristiques au centre-ville” , indique Bernard Vaucher, le chargé de promotion et de com- munication du Locle. Ce projet sʼappuie sur un partena- riat avec lʼagence de voyages Croi- sitour qui met à disposition une par- tie de ses locaux et son personnel pour animer ce point dʼinformation touris- tique. La Ville du Locle assure le finan-

Avec l’agence de voyages Croisitour.

une nouvelle charte graphique avec des inscriptions blanches sur fond bleu. Petit à petit, Le Locle rattrape son retard touristique. Une remise à lʼheure de cir- constance dans cette capitale horlogè- re.

Bilatérales Vers une meilleure prise en charge du chômage par le pays d’accueil

Ceux qui dénonçaient la fin de la rétrocession de l’indemnisation des frontaliers au chômage par la Suisse se réjouiront peut-être des dispositions qui entreront prochainement en vigueur.

Zoom Les bienfaits de la Suisse L es élus et chefs dʼentreprise locaux ont parfois tendance à stigmatiser la Suisse dans son se à définir en fonction des diplômes ?”

A u 1 er mai 2010, deux nouvelles directives euro- péennes réactua- liseront les modalités sociales portant sur la libre circulation des travailleurs, sur les assurances, les pres- tations familiales, la retrai- te sans oublier le chômage. Les directives auxquelles elles se substituent avaient plus de 30 ans, d’où ce toi- lettage. “L’un des articles introduit un nouveau pro- cédé sur l’indemnisation du chômage” , précise Valérie Pagnot, la juriste de l’Amicale des Frontaliers. L’article en question stipu- le que le pays d’accueil du travailleur sera obligé de prendre en charge les 3 pre- miers mois de l’indemnisation. Voire les 6 premiers mois si la pério- de de travail est supérieu- re à 12 mois. “Cela fonction- nera sous réserve que le pays de résidence en fasse la demande en respectant éga- lement les délais impartis, souligne la juriste. Cette mesure communautaire peut

entrepreneurs français se plaignent dʼavoir à supporter le coût de la for- mation professionnelle des futurs frontaliers. “On pourrait mettre en place une contractualisation entre l’entreprise et l’apprenti pour que celui-ci s’engage à travailler chez elle au moins deux ans après l’obtention de son diplôme. De même, pourquoi ne pas imaginer une contribution suis-

plus, négocier habilement dans cette affaire. Seraient- ils aussi avares que ça ? La réponse n’est pas aus- si évidente quand on sait qu’ils ont largement sup- porté et supportent enco- re l’impact de la crise. “Chaque mois, le chômage partiel coûte entre 5 et 6 mil- lions de francs suisses au canton de Neuchâtel. Ces mesures concernent près de 5 000 personnes, en grande majorité de frontaliers. Sans ce soutien financier, le nombre de frontaliers au chômage complet serait pro- bablement plus élevé” , modè- re Valérie Pagnot. La fin de la rétrocession n’est pour autant pas défi- nitive. Elle fait partie des points négociés dans le nou- vel accord fiscal entre la France et la Suisse. Accord pour l’instant en suspens suite à la fameuse liste des 3 000 évadés fiscaux fran- çais ayant un compte en Suisse. Cette manœuvre cavalière a gelé la renégo- ciation de l’accord. F.C.

être considérée comme une bonne avancée par rapport à la rétrocession bilatéra- le qu’elle n’a pas vocation à remplacer.” Un palliatif en quelque sorte. Dont l’impact financier ne compensera certainement pas les 80 à 100 millions d’euros annuels liés à la fin de la rétroces- sion. Cette échéance effec- tive depuis juin 2009 figu- rait déjà dans les accords bilatéraux établis entre la France et la Suisse en 2002. “L’Amicale des frontaliers n’avait pas manqué d’avertir les services de Bercy du changement. Mais sans pro- voquer aucune réaction du gouvernement français” , poursuit Valérie Pagnot sur un ton assez laconique. La Suisse économise donc 80 à 100 millions d’euros par an. Le montant varie en fonc- tion du nombre de fronta- liers et de la masse salaria- le globale. Et c’est la Fran- ce qui assume en totalité l’indemnisation des fronta- liers au chômage. Les Suisses ont su, une fois de

Sur la question de la fuite des employés, le président de lʼAmicale juge nécessaire de rétablir lʼobligation de résidence dans la zone frontaliè- re de 6 mois. Sans oublier de sug- gérer aux employeurs français de recruter davantage en C.D.I. et de mieux rémunérer leurs salariés.

rôle dʼaspirateur à main-dʼœuvre et de principale cause de la désindus- trialisation du Haut-Doubs. Un peu réducteur aux yeux dʼAlain Marguet. Le président de lʼAmicale des fron- taliers nʼa pas manqué de souligner les avantages dʼêtre frontalier avec la Suisse lors de lʼassemblée loca- le de lʼAmicale qui sʼest tenue le 14 avril dernier à Villers-le-Lac, devant un public très clairsemé. “Le travail frontalier en Franche-Comté, c’est une manne annuelle financière de 500 millions d’euros qui assure la prospérité du tertiaire et le déve- loppement des villes et des villages frontaliers. Il faut arrêter de stigma- tiser les 19 000 frontaliers qui ne représentent que 3 % de la popu- lation active franc-comtoise. De nom- breuses entreprises comtoises tra- vaillent pour la Suisse. Certaines réa- lisent plus de 80 % de leur chiffre d’affaires avec celle-ci.” Alain Marguet défend la Suisse mais propose aussi des solutions. Les

L’assemblée locale de l’Amicale et de la Mutuelle des frontaliers s’est tenue le 14 avril dernier à Villers-le-Lac.

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