Journal C'est à Dire 154 - Avril 2010

S O C I É T É

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L’archevêque de Besançon Pédophilie : “Pas de surenchère, mais de la vigilance” L’archevêque de Besançon condamne fermement les actes de pédophile. “Après l’hiver vécu par l’église catholique”, Monseigneur André Lacrampe annonce “le printemps.” Il appelle à encore plus de vigilance.

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C’ est à dire : L’église catholique vit-elle sa plus forte tempête sui- te aux affaires de pédophilie révélées en Allemagne, en Irlande et suite au discrédit porté à l’encontre du Pape ? Monseigneur André Lacram- pe : Le christianisme a 2 000 ans d’âge et nous sommes sous les feux de la rampe depuis 2 000 ans ! Nous avons traversé des épreuves, des turbulences, nous avons l’habitude… Càd : Ces épreuves sont-elles plus sournoises aujourd’hui avec l’emballement média- tique ? A.L. : Certes, elles sont diffé- rentes. Tous ces actes de pédo- philie sont extrêmement graves et entraînent honte et regret. Ces actes abominables défigurent notre église. Notre pensée va aux victimes qui ont à repenser leur personnalité et qui doivent se reconstruire. Ces actes ne doi- vent toutefois pas entraîner un discrédit ou de la suspicion sur les 400 000 membres du clergé (249 dans le diocèse dont 133 en activité) qui servent à longueur d’année les mouvements d’adultes et de jeunes. Càd : Avez-vous ressenti lors des fêtes de Pâques une inquiétude de la part des fidèles ? Et étaient-ils moins

Au milieu de tout ce tohu-bohu, de plus en plus de personnes cher- chent des repères. Le message du Christ est un message qui apporte de la lumière. Càd : L’église allemande amis un numéro de téléphone à dis- position des croyants pour répondre à leurs interroga- tions sur la pédophilie. Elle a été submergée d’appels et contrainte de couper la ligne. Qu’est-il envisagé en France ? A.L. : En 2000, au niveau de l’église de France, nous avons engagé une réflexion à partir de situations devant lesquelles nous nous trouvions. Cela a entraî- né la parution d’un texte qui s’intitule “Lutter contre la pédo- philie, repères pour les éduca- teurs”. Ce document demeure d’une grande actualité. Ce tex- te, nous l’avons travaillé avec les éducateurs et dans la période que nous vivons, je m’engage à redonner vie à ce document pour vérifier nos comportements, notre “agir chrétien”, en sachant que ce domaine de la pédophilie touche non seulement des céli- bataires mais aussi des hommes mariés. Càd : Cela veut-il dire que la pédophilie ne remet pas au goût du jour la question du célibat des prêtres. A.L. : Il n’y a aucune corrélation

entre célibat et pédophilie. Cet- te déviance pathologique dépas- se le problème du clergé. Ce que nous vivons dans notre église française appelle toutefois la séré- nité. Il ne faut pas s’emballer, ne pas faire de la surenchère mais être encore plus vigilant ! Càd : La pratique religieuse en Franche-Comté est-elle tou- chée ? A.L. : Non. 550 jeunes à Valda- hon seront confirmés : ce n’est pas rien que des jeunes de 17 à 20 ans fassent cette démarche en plein milieu de leurs études ! Je dois ajouter également la confirmation des adultes qui se tiendra le jour de Pentecôte. Le nombre d’adultes demandant le sacre de confirmation est en aug- mentation, ce qui me fait dire que tous ces visages constituent un réel printemps de l’Église. L’Église est de toutes les sai- sons… Nous avons vécu l’hiver. Place au printemps. On lie sou- vent la pratique religieuse à la pratique dominicale (se rendre à la messe) mais il n’y a pas que cela : il y a le baptême, le maria- ge, les communions, les funé-

railles. C’est aussi la prière que l’on peut formuler dans sa voi- ture, chez soi… ou dans les mou- vements. Càd : Justement, les Musul- mans veulent des espaces de prière. Êtes-vous pour ou contre l’implantation de minarets ? A.L. : Je suis pour que chacun vive sa foi. L’heure n’est pas au choc des civilisations mais à la rencontre des cultures. Il ne faut pas creuser des fossés entre les peuples mais établir des passe- relles. C’est dans la connaissan- ce de l’autre que nous allons bâtir une terre fraternelle. Càd : Les catholiques sont-ils aussi ouverts que nous vou- lons bien le croire ? Comment accueillent-ils ces nouveaux prêtres venus d’Afrique notam- ment ? A.L. : Actuellement, un Père mal- gache et Père polonais sont à Besançon. À Pontarlier, il y a un prêtre de Centrafrique.ÀVesoul, on retrouve un prêtre du Congo et à Ronchamp un Polonais. J’observe que les communau-

tés chrétiennes accueillent avec bienveillance cette présence. La catholicité, c’est l’ouverture aux autres ! Il y a 100 ans, nous sommes partis de Franche-Com- té en Asie ou en Afrique. Aujour- d’hui, il y a 121 missionnaires francs-comtois dans d’autres pays. Pourquoi il n’y aurait-il pas la réciprocité ? Je me rends quinze jours au Vietnam en septembre pour fêter les 150 ans âge de cet- te église vietnamienne. Nous avons à partager. Càd : Dernière question : quel avenir pour le site de Consola- tion situé dans la vallée du Des- soubre ? Est-ce vrai que le dio- cèse ne veut pas le céder malgré le déficit économique ? A.L. : Des gens ont la mémoire courte : il faut rappeler que le Val de Consolation est une fon- dation depuis 1978 qui regrou- pe 4 partenaires (État, Conseil général, communauté de com- munes, archevêché). Nous ne sommes pas les seuls à décider. Propos recueillis par E.Ch.

nombreux ? A.L. : Au contraire, les fêtes de Pâques ont été largement sui- vies. Dans la tempête que nous traversons, il y a eu ce souffle de la foi puisque nous avons célé- bré 353 baptêmes d’adultes, de jeunes en âge scolaire et de bébés. Depuis l’archevêché à Besan- çon, Monseigneur Lacrampe s’engage à redonner vie au texte paru en 2000 et intitulé : “Lutter contre la pédophilie, repères pour les éducateurs”.

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