Journal C'est à Dire 154 - Avril 2010
É C O N O M I E
37
“Des entreprises embauchent à nouveau” Président de la Fédération Horlogère Suisse, Jean-Daniel Pasche annonce que l’embellie atten- due en 2010 se confirme pour le secteur. Horlogerie
traitants qui font les frais de cette stratégie ? J.-D.P. : Il est vrai qu’il y a eu des stocks importants consti- tués à tous les niveaux de la pro- duction. Il faut dire que 2008 a été une année assez folle durant laquelle il était diffici- le de trouver des composants. Des entreprises ont sans dou- te surcommandé des composants
logères profitent déjà de l’embellie, d’autres devront attendre 2011. Càd : L’industrie horlogère a-t-elle retrouvé son niveau du milieu des années 2000 ? J.-D.P. : Nous avons perdu 4 000 emplois sachant que nous en avons créé 10 000 entre 2003 et 2008. Là, nous sommes pra-
C’ est à dire : La fédé- ration horlogère suisse indique qu’au lendemain de la Foire de Bâle, les horlogers helvétiques ont le sourire. La confiance et la croissance reviennent ? Jean-Daniel Pasche : Je le confirme (voir aussi l’article en “pages du frontalier”. Nous sommes partis à Bâle avec beau- coup d’espoirs après une année 2009 difficile. L’ensemble de nos marques suisses sont satisfaites de ce salon. Le soleil brille mais pas de la même manière pour tout le monde. En 2009, le haut
de gamme a le plus souffert, sachant qu’en 2008 c’est le sec- teur qui avait le plus progres- sé. Début 2010, l’entrée de gam- me et le moyen de gamme repar- tent. Depuis le mois de mars, le haut de gamme les rattrape. Cela s’accompagne d’une très forte hausse des exportations. Càd : Pendant la période d’euphorie, il semble que les entreprises ont constitué des stocks de fournitures impor- tants redoutant ne pas pou- voir être approvisionnées. Actuellement, ce sont les sous-
par peur d’en manquer. En 2009, il y a eu un déstockage massif. Cet- te période est terminée. Maintenant, les entre- prises s’approvisionnent
tiquement au niveau de 2007, la deuxième meilleure année pour l’horlogerie helvétique. Je pense que nous allons revenir au plus
“Nous avons perdu 4 000 emplois.”
à nouveau. Certains fabricants de composants souffrent enco- re tant que les marques pour lesquelles ils travaillent n’ont pas liquidé leurs stocks de montres. Si des entreprises hor-
haut niveau mais je ne sais pas dans quel délai. Ce qui est posi- tif, c’est que des entreprises embauchent à nouveau. Càd : La plupart des sociétés ont eu recours au chômage partiel. On imagine que cette mesure est en fin de course ? J.-D.P. : De façon générale, la Suisse a assez peu dépensé par rapport aux pays voisins en plan de relance. Nous avons estimé qu’il était inutile de surendet- ter le pays car il faudrait le payer un jour ou l’autre. Par contre, il nous est apparu utile de mettre en place le chômage partiel. Cet- te mesure est très bénéfique mais elle ne fonctionne que si l’entreprise est certaine que les problèmes qu’elle rencontre ne sont que passagers. Le chôma- ge partiel est passé de 18 à 24 mois, des entreprises arrivent au bout, espérons qu’elles seront sauvées par les exportations.
Pour des raisons de change, on remarque que beaucoup de d’Asiatiques vont faire leur shop- ping dans ce pays. Càd : Et la France… ? J.-D.P. : Les grands marchés européens comme la France et l’Italie ont bien résisté. En 2009, la France était le troisième mar- ché mondial pour l’horlogerie suisse.
Càd : Quels sont les marchés où l’horlogerie résiste le mieux actuellement ? J.-D.P. : Tout d’abord pendant cette crise, tous les grands mar- chés ont souffert, que ce soit les États-Unis, l’Espagne, la Rus- sie ou le Royaume-Uni. L’Asie a globalement bien résisté à l’exception du Japon. En revanche, on observe que la Corée s’est maintenue. Là-bas, la consommation est constante.
Propos recueillis par T.C.
En 2009, la France était le troisième marché mondial pour l’horlogerie suisse.
Made with FlippingBook Online newsletter