Journal C'est à Dire 154 - Avril 2010

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D O S S I E R

Fabi Automobile joue le jeu des seniors Exemple Le principal employeur du Val de Morteau a signé en fin d’année dernière un accord sur l’emploi des seniors. Plus de 6 % de l’effectif est âgé de plus de 55 ans.

“L a signature de cet accord correspond pour nous à une volonté de fidélisation de notre personnel” observe Éric Oternaud, le direc- teur du site mortuacien. Pour être en concordance avec l’accord signé en fin d’année dernière, Fabi a même embauché ces der- niers mois quelques travailleurs âgés de plus de 50 ans, “notam- ment certains qui avaient per- du leur emploi en Suisse” ajou- te le directeur. Fabi n’était pas obligé de signer cet accord, plu- tôt fortement encouragé sous peine de quelques sanctions

pécuniaires, mais “le fait d’être entrée dans cette démarche est forcément bénéfique car ça nous pousse à intégrer systématique- ment cette réflexion autour des

Plusieurs actions ont été rete- nues à Fabi : l’amélioration des conditions de travail, la forma- tion, l’évolution de carrière, le tutorat ou encore la transmis- sion des savoir-faire. Selon Aadil Bezza , responsable des res- sources humaines de Fabi Morteau, “les seniors sont en général des personnes compé- tentes et rapidement opération- nelles.” À Fabi enfin, on veille à tenir compte des contraintes phy- siques qui varient d’un atelier

Depuis l’an dernier, Fabi a embauché des seniors qui avaient perdu leur emploi en Suisse.

Commentaire “Un senior doit envisager de se créer son propre emploi” Maurice Chauchard, président régional de l’association E.G.E.E. (entente des générations pour l’emploi et l’entreprise), donne des pistes pour les seniors qui se retrouvent au chômage. Zoom Le contenu du plan national Depuis le 1 er janvier dernier, les entreprises et les établissements publics employant au moins 50 salariés risquent une pénalité si elles nʼont pas conclu un accord ou établi un plan dʼaction rela- tif à lʼemploi des salariés âgés. Quel objectif ? Favoriser le maintien dans lʼemploi et le recrutement de salariés âgés grâce à des actions innovantes définies au sein des branches Les entreprises qui ne respectent pas ces conditions sont sou- mises à une pénalité correspondant à 1 % des rémunérations ou gains versés à leurs travailleurs salariés ou assimilés. Le produit de cette pénalité est affecté à la Caisse nationale dʼassurance vieillesse. et des entreprises Quelle pénalité ?

seniors” poursuit le dirigeant. Les salariés qui ont plus de 45 ans peuvent désormais participer à des “entre- tiens de milieu et de fin de carrière selon

“Des entretiens de milieu et de fin de carrière.”

à l’autre. “Nous avons toujours des postes plus “simples” physi- quement que l’on garde pour les populations présentant des inap- titudes temporaires ou défini- tives.” J.-F.H.

l’âge” qui servent notamment à déceler des contraintes éven- tuelles que les salariés perçoi- vent et que l’entreprise ne per- çoit pas forcément.

C’ est à dire : Les entre- prises qui licencient se séparent souvent des seniors. N’y a-t-il pas des conséquences sur la perte de compétences ? Maurice Chauchard : Ce sys- tème montre ses limites. Il y a des sociétés performantes qui en effet le deviennent moins après s’être séparées des seniors. Ce personnel devrait être pré- servé et utilisé pour transmettre les savoir-faire et finalement, c’est tout le contraire qui se pas- se. C’est à mon sens une vision à court terme de la part des entreprises qui procèdent ain- si. Ce phénomène n’est pas nou- veau et la crise contribue à l’accentuer. entreprise se retrouve en dif- ficulté, elle n’a pas beaucoup d’autres solutions que celle d’alléger sa masse salariale. Quand elle dégraisse, une socié- té se sépare en priorité des hauts salaires. C’est là que l’on retrou- ve les seniors en général. Les entreprises aujourd’hui préfè- rent procéder ainsi plutôt que de reconnaître les compétences. Càd : Quel conseil donneriez- vous à un senior qui se retrouve au chômage ? M.C. : Psychologiquement, un licenciement est très difficile à vivre. Il faut que la person- Càd : Pourquoi les seniors sont-ils sou- vent les premiers à rester sur le car- reau ? M.C. : Quand une

ne profite un maximum des pos- sibilités de formation qui lui sont offertes. Ensuite, elle doit envisager de se créer son propre emploi, car dans le contexte actuel, il est très difficile de retrouver du travail. C’est d’ailleurs en partie pour cela que le statut d’auto-entrepre- neur a été imaginé. seniors s’engouffrent-ils dans ce sta- tut d’auto-entrepreneur ? M.C. : La plupart des seniors choisissent ce statut pour obte- nir un complément de revenu à leur retraite et au moins pour s’occuper. Il faut savoir aussi que 50 % des gens qui ont créé leur auto-entreprise ne déga- gent pas de chiffre d’affaires Càd : Les

après un an d’activité. Ceux qui réussissent gagnent l’équivalent d’un S.M.I.C. Ce sys- tème peut se révéler intéressant à condition

“C’est à mon sens une vision à court terme.”

d’être qualifié dans le domaine sur lequel on se positionne. Si vous n’avez pas de savoir-faire, il est illusoire de penser réus- sir. En revanche, si vous avez des compétences, il est possible de s’en sortir par ce bief-là, d’autant que vous pouvez per- cevoir 50 % de vos droits au chô- mage en capital si vous créez votre société.

Propos recueillis par T.C.

Renseignements : www.egee.fr maurice.chauchard@free.fr Tél. : 09 54 41 97 74

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