Journal C'est à Dire 142 - Mai 2009

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É C O N O M I E

Bâle revoit ses gammes Salon mondial de l’horlogerie et du luxe Moins d’extravagance, moins de prix démentiels et plus de traditionnel : “Baselworld” - qui se termine le 2 avril - a connu un retournement de situation en période difficile. Les horlogers français s’en sortiraient mieux que les Suisses.

“C omme le disent si bien les Français : on est en train de remettre les pen- dules à l’heure !” Le Suisse Fran- çois Thiébaud, représentant de Swiss Swatch export, n’a pas uti- lisé des mots compliqués devant un parterre de journalistes venus du monde entier pour résumer la tendance du salon de l’horlogerie et de la joaillerie “Baselworld 2009”. Contrairement aux années pas- sées, les montres aux couleurs

est toujours présent dans les six halls (160 000 m 2 ). Patek Phi- lippe, Rolex (…), Péquignet, Mau- rice Lacroix, Jaeger-LeCoultre (…), ils sont là, fidèles au poste. Seuls deux horlogers et un joaillier se sont désistés en rai- son de la crise sur les 453 expo- sants. Quinze franc-comtois étaient de la partie et “ne pas venir à Bâle, c’est impensable. Si des commandes doivent se faire, elles se font ici !” résume Syl- vie Ritter, directrice du salon qui reconnaît que la mise en place

Thierry Frésard, P.D.G. de Saint- Honoré à Charque- mont note que les montres classiques prendront le pas sur les excentriques. Cette année, le salon de Bâle table sur une baisse de fréquentation des visiteurs. L’an dernier, il avait attiré 100 000 visiteurs.

de Baselworld 2009 fut un challenge dans le contexte actuel. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les hor- logers suisses disent avoir perdu 22 % de

pétantes et aux prix pro- hibitifs ont laissé place à “du traditionnel” et beaucoup moins de “bling-bling.” Des cadrans travaillés avec des ouvertures et de

“Recul pour les montres de 1 000 à 3 000 euros.”

croissance sur leurs exportations pour les mois de janvier et février 2009. Bizarrement, les Français annoncent par la voix de Patrice Besnard, de la chambre française de l’horlogerie,

vieux mouvements de légende ont été remis au goût du jour. Pas de démesure donc mis à part cet aquarium géant installé sur le stand Breitling ou encore le bateau Herbelin. Bref, le luxe

que les exportations ont aug- menté de 7 % en janvier puis baissé de 7 % en février. La rai- son de cette différence ? “Nous sommes moins présents sur le

Pour autant, ces montres de luxe représentent 24 % du chiffre d’affaires des exportations alors qu’elles ne constituent que 0,4 % de la production totale. D’une manière générale, les mai- sons comtoises s’en sortent plu- tôt bien. C’est le cas de Saint- Honoré qui fabrique une partie de ses montres à Charquemont. Les modèles automatiques se vendent bien. Thierry Frésard, son P.D.G., confirme néanmoins “qu’il y aura moins de déme- sure, moins de prouesses tech-

niques” afin de ne pas élever encore plus le prix final. “Des séries limitées : il y en aura moins” , avoue le P.D.G. de Saint- Honoré. À entendre les Fran- çais, ils s’en sortiraient mieux que les Suisses. On ne deman- de qu’à les croire… E.Ch. Renseignements : Baselworld jusqu’au 2 avril à Bâle Entrée : 60 CHF www.baselworld.com

marché américain. C’est celui qui a le plus régressé alors que les ventes se maintiennent dans les Émirats” dit ce dernier. On veut bien le croire. Pourtant, le tas- sement des ventes de montres de 50 à 300 euros est avéré. Les montres qui pâtissent le plus du retournement de situation sont celles comprises entre 1 000 et 3 000 euros. Pour les autres montres - celles dont le prix est supérieur à 3 000 euros - l’augmentation n’est plus de deux chiffres. Elle s’est réduite à un.

Péquignet dans un cercle fermé Une entreprise qui innove pendant la crise

L’entreprise familiale dévoile un prototype jamais com- mercialisé. Le premier mouvement mécanique né des ateliers mortuaciens permet à l’horloger d’entrer dans la cour des grands.

tés. “ On a tous des interroga- tions par rapport à cette crise, reconnaît le directeur Pierre Leibundgut, mais il n’y a pas de fatalité alors nous préparons l’avenir avec notre EPM 01.” Dans ses ateliers high-tech de Morteau, Huy Van Tran - res- ponsable recherche et dévelop- pement - et Ludovic Pérez - res- ponsable du laboratoire - ont créé le prototype du calibre EPM 01 qui permet à Péquignet de rentrer dans le cercle fermé des marques dites de “manufactu- re.” “C’est une réalisation pha- raonique” confie Pierre Lei- bundgut qui met en avant l’identité Péquignet : du travail précis, bien fait avec de l’élégance “et avec le service après-vente en plus. Sur toutes nos montres ven- dues, seul 1,5 % revient en S.A.V.” calcule le représentant de Péqui- gnet. Avec une grande date et mois, un calendrier annuel, un indi- cateur de marche (72 heures garanties), une complication intégrée, une grande phase de la lune à 18 heures, un cadran petite seconde à 16 heures, un grand balancier à vis compen- satoires (…) : sûr que Péquignet a tapé dans le haut de gam- me. Lui reste un chantier de taille : la commercialisation de ce produit, qui on l’espère, ne restera pas qu’un effet d’annonce.

S tand Émile Péquignet, hall 1 au salon de Bâle. Com- me les autres horlogers, la société a placé ses montres sous le feu des projecteurs. Et comme les autres horlogers, elle espère que ses produits feront mouche auprès de la clientèle

espérant au passage faire signer des bons de commandes. Une chose est certaine : en lançant en pleine période de marasme un nouveau prototype intitulé EPM 01 commercialisable d’ici 2010, Émile Péquignet prend à contre-pied les autres socié-

La société Émile Péquignet présente en temps de crise son nouveau prototype de mouvement mécanique.

Zoom Besançon accueillera l’heure France Inter

D élégué général de la chambre française de lʼhorlogerie, Patrice Besnard a confirmé que “la fondation du temps” verra bien le jour à Besan- çon. Lʼorganisme va se charger dʼune large dif- fusion de la “radio-synchronisation”, appelée “lʼheure de France Inter”. Lʼorganisme devrait voir le jour dʼici la fin de lʼannée

et se retrouver avenue de lʼObservatoire, dans le centre technique de lʼhorlogerie. Ce service ne sert pas exclusivement aux horlogers mais aus- si à la S.N.C.F., E.D.F. “La fondation travaillera à la communication des signaux horaires d’alertes, types alertes météorologiques pouvant être relayées par des montres” conclut Patrice Besnard.

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