Journal C'est à Dire 126 - Octobre 2007

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L A P A G E D U F R O N T A L I E R

Johnson et Johnson Le Locle “On se concentre sur les produits à fort contenu technologique” Avec 11 sociétés et près de 1 000 collaborateurs, Johnson & Johnson Neuchâtel a le vent en poupe. Un dynamisme commenté et expliqué par André Haermmerli, directeur général du groupe depuis 2001.

C’ est à dire : Êtes-vous concernés par les restructurations annoncées au sein du grou- pe Johnson & Johnson ? André Haermmerli : Dans le monde, Johnson & Johnson c’est une centaine de sociétés répar- ties dans six pays. L’activité se décline dans trois secteurs : pharmacie, cosmétique-para- médical et médical diagnostic. Les restructurations se rap- portent à la branche pharma- ceutique et non pas au domai- ne médical-diagnostic auquel nous sommes rattachés ici, à Neuchâtel. On n’est donc pas touché directement. Càd : Sur le canton, les entre- prises ou les groupes orien- tés dans le médical ont sou- vent des origines horlogères, est-ce le cas pour Johnson & Johnson Neuchâtel ? A.H. : L’arrivée du groupe ici remonte à 1991 avec le rachat de Médos. Cette petite entre- prise avait été fondée quatre ans plus tôt en pleine crise horlo- gère par des ingénieurs qui tra- vaillaient auparavant chez Tis- sot. Ils ont mis au point un implant médical. C’est donc ce produit conçu à la base par des cadres de l’horlogerie qui a ser- vi d’étincelle à l’implantation du

groupe américain sur le canton neuchâtelois. Càd : Une implantation favo- risée également par des inci- tations fiscales ? A.H. : C’est clair. La mutation de l’horlogerie vers le médical est aussi le résultat d’une volon- té politique s’appuyant sur l’ar- rêté Bonny qui définit depuis les années soixante-dix les régions de redéploiement indus- triel. Cet outil comporte tout un panel de mesures assujetties d’aides. Il était déjà en vigueur lors du rachat de Médos et les exonérations fiscales proposées Càd : Cette disposi- tion empêche donc toute idée de regrou- pement au sein d’une seule enseigne ? A.H. : Effectivement. Le nombre de sociétés est lié à l’arrêté Bon- ny. On bénéficie des aides à chaque nouvelle création. Sinon, rien n’empêcherait de tout ras- sembler. Càd : Comment se traduit le développement de Johnson & Johnson sur le canton ? A.H. : On a passé le cap du mil- ont contribué à l’arri- vée de Johnson & John- son.

liard de francs suisses de vente en sachant qu’on ne dispose pas d’un service de commercialisa- tion sur Neuchâtel. Pour faire simple, on facture nos produits à d’autres sites Johnson & John- son chargés de la distribution. Au cours des cinq dernières années, on a enregistré une crois- sance moyenne des ventes de 50 % et l’effectif a suivi sensi- blement la même évolution. Càd : Que représente la main- d’œuvre frontalière dans vos effectifs ? A.H. : 35 % des 1 000 salariés sont des travailleurs frontaliers.

Johnson & Johnson est implanté sur trois sites au Locle et un site à Neuchâtel 1991 : acquisition de Médos au Locle 1999 : création de Codman, DePuy Ace et Ethicon 2000 : création de DePuy Spine, 2001 : création de Codman Neuro Sciences 2003 : création de DePuy Mitek 2004 : création de Médos International 2006 : création de Optec Médical 2007 : création de Ethicon Women’s Health et Neurology et de Futur Medical System (F.M.S.) Repères

cier. Cette flexibilité participe aussi à notre dynamisme. On a également la chance en Suisse d’évoluer dans un climat social relativement serein. Le dialogue entre le patron et ses salariés me semble beaucoup plus pai- sible qu’en France. Càd : Johnson & Johnson Neuchâtel, c’est en quelque sorte une société américaine adaptée à la culture locale ? A.H. : Un peu, oui. La société mère fonctionne sur une stra- tégie de campus de regroupe- ments régionaux. Ici, on se posi- tionne comme le campus Suis- se. Fort de 2 500 personnes, c’est le 4 ème employeur américain en Suisse. Avec les activités déve- loppées en Suisse, on soutient près de 20 % des ventes globales Johnson & Johnson. Càd : Et Neuchâtel représente une composante du campus suisse ? A.H. : On travaille dans un esprit de complémentarité en cherchant à se concentrer sur les produits qui ont le plus fort contenu technologique. Les pro- duits moins performants sont transférés sur le campus “Asie- Pacifique”. On s’appuie sur un important réseau de sous-trai- tants locaux. C’est aussi un fac- teur qui permet de se dévelop- per. Grâce à toutes ces exigences, Johnson & Johnson fait globa- lement monter le niveau. Càd : Le fameux credo mis en place dans les années qua- rante est-il toujours d’ac- Plusieurs sociétés du groupe neuchâtelois sont installées sur le site flam- bant neuf aménagé sur les hauteurs du Locle.

Ce taux change suivant les sites. Il varie de 7 % à Neuchâtel à 47 % au Locle. Comme dans la plupart des entreprises suisses, on peut noter que le personnel est très

“On a passé le cap du milliard de francs suisses.”

tualité ? A.H. : Il n’a pas pris une ride. Ce credo misait d’abord sur la satisfaction du client, sur un cadre de travail agréable avec le souci que chacun comprenne sa place dans l’organisation et sur l’environnement. Si ces trois objectifs sont atteints, alors les actionnaires seront payés cor- rectement. Ce modèle assez avant-gardiste en son temps est encore cité en exemple. Càd : Le vieillissement de la population dans les pays “développés”, les progrès sani- taires en cours dans les pays émergents, la conjoncture joue en votre faveur. A.H. : Effectivement, les points positifs sont nombreux. Inver- sement, on subit une grosse pres- sion sur nos marges. On n’a pas d’autres choix que de poursuivre l’innovation technologique et chercher à augmenter la pro- ductivité de l’entreprise dans tous les secteurs. Innover dans le médical, cela signifie aller dans le sens de raccourcir la durée des soins et par extension la durée du séjour hospitalier, donc le coût de la santé assumé par la société. À l’avenir, on devra

imaginer de nouvelles façons de travailler pour aboutir à des thé- rapies elles aussi innovantes. Je pense par exemple aux pompes implantables qui pour- raient être utilisées pour l’in- jection de médicaments. Il faut aussi de se mettre au diapa- son des taux de remboursements et savoir convaincre les déci- deurs du bien-fondé de tel ou tel produit. Càd : Quels sont les événe- ments marquants au sein de Johnson & Johnson Neu- châtel en 2007 ? A.H. : J’en retiendrai deux. La société Optec Médical a récem- ment obtenu l’autorisation de commercialiser son anneau gas- trique sur le marché américain. D’autre part, le lancement de la société Ethicon Women’s Heal- th se passe plutôt bien. Instal- lée à Neuchâtel, cette entrepri- se est spécialisée dans le domai- ne du traitement de l’inconti- nence sans stress. Elle a démar- ré avec une soixantaine de collaborateurs avec l’objectif d’ar- river à 110 à l’horizon 2013.

cosmopolite puisqu’on compte une trentaine de nationalités dans l’organisation. Càd : Privilégiez-vous com- me d’autres le recours à l’in- térim ? A.H. : Non. On propose en majo- rité des emplois à long terme. Si un collaborateur ne se révè- le pas performant et ne fait aucun effort pour s’intégrer, c’est encore assez facile de le licen-

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Directeur Général de Johnson & Johnson depuis 2001, André Haermmerli a tout du patron épanoui. On le serait à moins au vu du développement du groupe depuis cinq ans.

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