Journal C'est à Dire 126 - Octobre 2007

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É C O N O M I E

Industrie Le pôle “Luxe and tech” refuse la fatalité

D e “l’ambition d’une poi- gnée d’hommes qui tiennent à développer une filière régionale” , comme le présente l’industriel de Damprichard Raphaël Sil- vant, est né le pôle “Luxe and tech”, un réseau de 32 entre- prises toutes installées dans un rayon de 30 km, entre le Val de Morteau et le Plateau de Maîche. Horlogerie, maroquinerie, bijou- terie, joaillerie, instruments d’écriture, toutes ces entreprises travaillent pour l’industrie haut de gamme. À elles toutes, ces sociétés emploient 1 450 sala- riés et réalisent un chiffre d’af- faires cumulé de 200 millions d’euros. Début octobre, le pôle luxe tirait à Maîche un premier bilan de sa jeune existence. Disposant d’un budget annuel de 200 000 euros, l’association “pôle luxe” poursuit l’objectif qu’elle s’est fixé à sa création en 2006 : faire travailler ensemble toutes ses entreprises adhérentes, mutualiser leurs moyens et leurs compétences pour proposer aux donneurs d’ordres “une réponse globale et innovante à tous les projets industriels liés au luxe.” Voilà pour le postulat de départ. Seulement, tout irait pour le mieux si ces entreprises ados- sées à la frontière suisse ne vivaient pas dans l’ombre du géant économique suisse. C’est pourquoi, ces entreprises veu- lent se faire entendre, l’orga- nisation du pôle luxe va dans ce sens. Mais au-delà de la créa- tion d’une identité visuelle com- mune, d’affiches, d’un logo, d’un site Internet, du recrutement de deux salariés permanents, que doit faire l’association pour représenter au mieux les inté- rêts de ses adhérents ? “Nous venons de voter quatre propo- sitions d’actions répond Raphaël Silvant : l’organisation de mis- sions de prospection communes, la mise en place d’une veille stra- tégique pour savoir qui sont nos concurrents, où ils se trouvent, la mise en place de ponts entre la recherche et les entreprises et le développement de la concep- tion et du design .” Ce bel enthousiasme, né d’une heureuse initiative collective, est néanmoins terni par la conjoncture actuelle même si, reconnaît Raphaël Silvant, “il

Les 32 industriels du Pays Horloger réunis sous la bannière du luxe commencent à organiser la riposte face à une industrie suisse toujours plus gourmande en termes de main-d’œuvre française.

de partie du chiffre d’affaires des entreprises regroupées dans le pôle luxe provient de l’in- dustrie du luxe français, grâce à des clients prestigieux comme Cartier ou Hermès, ces marques qui elles-mêmes ont des ateliers en Suisse, véritables aspirateurs à main-d’œuvre française ! Si bien qu’actuellement, les entreprises françaises installées sur la bande frontalière devien- nent de véritables instituts de formation pour les entreprises suisses. Sur les 150 personnes employées dans le groupe Sil-

est toujours mieux de travailler à côté du bon élève que du mau- vais.” Il n’empêche, la Suisse continue à embarrasser nos industriels qui soulignent “le succès incontesté de la locomo- tive suisse qui a su créer un label de provenance.” Mais derrière le sourire de façade, il y a l’éter- nel problème : l’hémorragie de la main-d’œuvre qualifiée (ou non) vers les contrées suisses. C’est pourquoi, “l’association Luxe and tech peut être une réponse à cette problématique” se convainc M. Silvant. Robert

Jeambrun, autre indus- triel membre de l’asso- ciation ajoute : “La Suis- se amène du travail à nos entreprises, du pouvoir d’achat pour les fronta- liers, il ne faut pas tout voir en négatif. Mais le gros problème, c’est vrai,

vant, l’effectif diminue chaque année de 10 %, “du personnel qu’on arrive tant bien que mal à remplacer” constate le P.D.G. Le paradoxe de cette situation ubuesque, c’est que “la plupart de

Un ingénieur de 27 ans débauché pour 80 000 euros par an !

c’est ce phénomène d’aspiration des jeunes. Et le mouvement évo- lue plus vite que ce que l’on peut réagir” déplore-t-il. Une fois de plus, les industriels pointent du doigt le coupable : les accords bilatéraux signés entre la Suisse et l’Union Euro- péenne qui ont totalement libé- ralisé le marché de la main- d’œuvre. “Cela, on ne l’a pas vu venir alors qu’il y a encore quatre ans, la Suisse manquait de tra- vail, ajoute Robert Jeambrun. La Suisse a très bien négocié ces accords.” Logiquement, 80 par- lementaires suisses ont su avoir plus de poids qu’un seul com- missaire européen chargé de défendre les intérêts de tous les États-membres de l’Union. La mine des industriels se dur- cit. “La situation est critique, elle est grave reconnaît Raphaël Sil- vant. Il faut que les politiques nous aident. Faut-il accepter que des milliers d’emplois soient ame- nés à disparaître dans dix ans ?” s’interroge le président de “Luxe and tech”. Et Robert Jeambrun de citer l’exemple de ces entre- prises suisses qui n’arrivent même plus à trouver un régleur pour des salaires qui dépassent les 7 000 F.S. Ou de cet ingé- nieur français de 27 ans, qui se prévaut d’une année seulement de pratique en France, récem- ment débauché en Suisse pour un salaire de 80 000 euros par an ! Le pire, c’est que la plus gran-

ces entreprises suisses sont nos clientes” ajoute M. Silvant. Et encore, actuellement, sur 25 mil- lions de boîtes de montre expor- tées par la Suisse, seules 6 mil- lions sont entièrement fabriqués en Suisse. Avec le renforcement annoncé du label swiss made qui prévoit que la quasi-totali- té des composants devront sor- tir des ateliers suisses, “il fau- dra quatre fois plus de monde. Ce sera impossible” constatent les industriels. D’où la main ten- due proposée par les entreprises du Pays Horloger qui verraient évidemment d’un bon œil l’idée, encore floue pour l’instant, d’étendre le périmètre du swiss made au Pays Horloger. “Et pourquoi ne remettrions-nous pas en place un vrai made in France ?” rétorque Sylvain Com- pagnon de l’agence Développe- ment 25. Finalement, la vocation de l’as- sociation “Luxe and tech” n’est pas de prétendre au swiss made , idée inaccessible aujourd’hui, mais plutôt d’affirmer haut et fort que, non loin de la Suisse, il existe un petit territoire où le savoir-faire français de préci- sion est encore détenu par des centaines de travailleurs qui n’ont pas encore quitté le ter- ritoire national pour les cieux helvétiques. Mais tous ont bien conscience que ce message doit être entendu rapidement. Car il y a urgence. J.-F.H.

Pour Raphaël Silvant, le président de l’association “Luxe and tech”, “il y a urgence à réagir.”

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Les produits fabriqués dans les ateliers des entreprises françaises regroupées dans le pôle luxe travaillent surtout pour l’industrie française du luxe, dont les grandes marques ont aussi des ateliers en Suisse, à quelques kilomètres du Pays Horloger. Paradoxe.

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