Journal C'est à Dire 126 - Octobre 2007

34

É C O N O M I E

L’abattoir de Besançon est sauvé Filière viande Le sauvetage de l’abattoir bisontin apparaissait comme une impérieuse nécessité. L’union sacrée a prévalu dans le montage d’un plan de reprise impliquant tous les acteurs publics et privés susceptibles d’apporter leur soutien et leurs compétences.

L e départ d’Arcadie a eu pour conséquence de diviser par deux le ton- nage traité par l’abat- toir qui est passé de 13 000 tonnes à environ 6 500. Dans ces circonstances, la S.I.C.A.- G.A.B. a vite été en en proie à de sérieuses difficultés finan- cières qui ont abouti à son pla- cement en redressement judi- ciaire. “Il fallait sauver l’abat- toir”, indiquait Claude Jeanne- rot, le président du Conseil géné- ral lors de la présentation du plan de reprise le 24 septembre, soit le jour même où celui-ci était accepté par le Tribunal de com- merce. Un sauvetage justifié par de multiples enjeux. 150 emplois directs et indirects sont tribu- taires de l’activité. Sans ce “ser- vice public”, difficile de face à des situations d’urgence et aux besoins des abattages rituels. Même constat pour les abattages familiaux ou les filières courtes. À ces considérations écono- miques s’ajoute un enjeu stra- tégique sanitaire important en cas d’épizooties. L’évolution des réglementations relatives au bien-être animal, de plus en plus drastiques sur les conditions de transport, milite en faveur d’uni- tés locales. Dernier point évo- qué, le maintien d’un abattoir d’envergure régionale peut amor- cer la structuration d’une filiè- re viande bovine montbéliarde. Autant d’arguments qui justi- fient pourquoi collectivités et

entreprises se sont mobilisées en lien avec les services de l’É- tat dans la mise en œuvre de ce plan de reprise. Il comporte deux volets : restructuration-mise aux normes de l’abattoir et la repri- se de l’activité. Le premier est porté par la

(5 %)… “De par notre fonction- nement coopératif au sein de Franche-Comté Élevage, on se sentait impliqué dans le projet bisontin. Mais on a très vite com- pris qu’il fallait avoir des par- tenaires. On va spécialiser l’abat- toir de Besançon en bovin, en

S.A.I.E.M.B., une socié- té d’économie mixte composée du Grand Besançon, de la ville de Besançon, de la caisse des dépôts et consigna-

privilégiant un posi- tionnement en grandes et moyennes surfaces. De cette manière, il n’y aura pas de chevau- chement avec les mar-

Arriver à 11 000 tonnes d’ici trois ans.

tion, de la Caisse d’Épargne et prochainement du Conseil géné- ral et du Crédit Agricole. Entre l’achat et les travaux, la S.A.I.E.M.B. investira 1,278 mil- lion d’euros dont 678 000 euros en propre et 600 000 euros en subventions (50 % Conseil géné- ral, 50 % Conseil régional). “Pour que l’abattoir soit compétitif, on a fixé un loyer modéré, de l’ordre de 50 000 euros jusqu’en 2009. Il sera ensuite révisé à la haus- se en fonction des marges de pro- gression” , indique Jean-Louis Fousseret, le président de la S.A.I.E.M.B. L’exploitation est reprise par Franche-Comté Élevage au nom la Société Bisontine d’Abatta- ge. Avec l’actionnaire majori- taire, cette nouvelle structure comprend divers opérateurs et notamment la S.A. Belot frères (30 %), la Société Vitréenne d’Abattage (5 %), la société d’ex- ploitation du magasin Super U de Besançon-Amitié (5 %), La S.A.R.L. Viande Directe Services

chés rattachés aux petits abat- toirs loco-régionaux comme Pon- tarlier ou Champagnole. En res- tant à 6 500 tonnes, c’est clair qu’on ne pourra rien équilibrer. On se fixe comme objectif d’ar- river à 11 000 tonnes d’ici 3 ans” , estime Claude Jacquin, le pré- sident de F.C.E. et de la S.B.A. Cette explication a, semble-t-il, convaincu S.V.A. d’accepter pour la première fois de son histoi- re une délocalisation de son outil d’abattage. Un partenaire de poids quand on sait que cette société traite 140 000 tonnes de viande par an, distribuées sous l’enseigne Intermarché. Ce plan de reprise s’accompagne d’une réduction de l’effectif rattaché à l’exploitation. De 29, le nombre de salariés passe à 26. La via- bilité de la société d’abattage repose également sur des tarifs proches des unités les plus com- pétitives. Pour ce faire, le Grand Besançon apporte un concours financier de 200 000 euros éta- lé sur trois ans. La ville de

“Arcadie nous a mis dans une situation délicate. Mais quelque part, ça a peut-être eu du bon dans le sens où ça a provoqué une prise de conscience des pouvoirs publics autour de l’avenir des abattoirs”, analyse Guy Belot, l’opérateur le plus impliqué dans ce dossier de reprise.

Besançon suit le mouvement en octroyant un allégement de charges de 140 000 euros déduits du coefficient “pollution” de la redevance assainissement. La Chambre d’agriculture soutient

aussi Franche-Comté Élevage dans son nouvel engagement en lui versant 250 000 euros sur 5 ans. Enfin, les trois banques : Crédit Agricole, CIAL et Cais- se d’Épargne qui finançaient la

S.I.C.A.-G.A.B. épaulent l’opé- ration de reprise à hauteur de 600 000 euros. Un sérieux coup de pouce qui a permis de bou- cler le montage financier du dos- sier.

Made with FlippingBook - Online Brochure Maker