Journal C'est à Dire 126 - Octobre 2007

É C O N O M I E

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Énergie De l’eau naît la lumière Les projets de micro-centrales électriques se multiplient dans notre région. Car en matière d’énergies renouvelables, il n’y a pas que l’éolien ! L’hydroélectrique représente en effet plus de 90 % de ces fameuses énergies propres.

A u fil du Doubs, entre Pont- de-Roide et Dole, 28 centrales hydroélectriques en activité ont été recensées. Sur la Loue, entre sa source dans le canton de Mont- benoît et Champagne-sur-Loue, une dizaine de centrales fonctionnent. Appartenant pour la plupart à des pri- vés (les autres sont la propriété d’E.D.F.), ces centrales produisent de l’électricité, revendue ensuite à E.D.F. qui intègre l’énergie ainsi produite au

sont réparties au fil des cours d’eau français. La plupart du temps, ces ins- tallations fonctionnent sur des anciens sites industriels (forges, moulins ou scieries), équipées de turbines. Sur le plan national, 86 % de l’élec- tricité est d’origine nucléaire. Le res- te est constitué d’énergies dites renou- velables et ne produisant aucun déchet (éolien, photovoltaïque, hydroélectri- cité). Et sur ces 14 % restant, l’hy- droélectricité représente la grande

fil de l’eau dans son réseau. Les barrages les plus connus, car les plus hauts, dans le Haut-Doubs, sont ceux du Refrain ou du Chatelot, gérés par E.D.F. Mais les particu- liers sont nombreux à s’in- téresser à cette source propre

majorité. Les centrales des particuliers ont des puis- sances oscillant entre 50 kW et 6 mégawatts. Multipliée par un certain nombre de fonctionnement d’heures par an, on obtient l’énergie produite.

“Quelques promoteurs qui ont fini par tout perdre.”

d’énergie. Plusieurs projets de réha- bilitation sont actuellement à l’étude dans le Doubs, notamment dans le sec- teur de Besançon : la Malate, Avilley… D’autres fonctionnent déjà, c’est le cas notamment à Rosureux au fil du Des- soubre. En France, E.D.F. a toujours le mono- pole de la distribution d’électricité, mais pas de la production. Ainsi, envi- ron 2 000 centrales électriques privées Repère Pour définir la puissance d’une cen- trale électrique, on utilise une unité de mesure qui est le kilowatt-heure. Le kilowatt-heure (ou kWh) est une unité de quantité d’énergie. Kilowatt- heure (kWh) signifie “1 000 watts pen- dant une heure”. C’est, par exemple, l’énergie électrique consommée par dix ampoules de 100 Watts allumées pendant une heure.

Le Franc-Comtois Philippe Grammont possède deux centrales, l’une au bar- rage de Blye, dans le Jura, à proxi- mité de Chalain, l’autre sur la Bien- ne, toujours dans le Jura. Il est un des principaux producteurs privés de la région. À elles deux, ses deux centrales totalisent une production de 16 mil- lions de kWh, ce qui correspond à la consommation en électricité de 15 000 foyers. “C’est l’équivalent de 12 000 tonnes de CO2 évitées par an, ou 1 400 tonnes de pétrole, ou 6 000 tonnes de charbon” illustre Philippe Grammont. La centrale du barrage de Blye est équi- pée de quatre groupes, chacun de 4 mégawatts de puissance installée. Comme tous les propriétaires de cen- trales hydroélectriques, Philippe Gram- mont revend son électricité à E.D.F. À raison de 2,5 centimes d’euro du kWh entre avril et octobre et 8 centimes de novembre à mars, l’affaire est plu- tôt juteuse. Mais produire de l’électricité ne s’im- provise pas. “On a vu quelques pro- moteurs immobiliers se lancer dans

Philippe Grammont est vice-président du syndicat E.A.F.

l’hydroélectricité croyant faire de l’or et ont fini par tout perdre ” commente un spécialiste de la question. Philippe Grammont emploie trois salariés char- gés de la maintenance de ses deux sites jurassiens. Il gère également une socié- té spécialisée dans la maintenance pour les petits producteurs privés, avec cinq autres salariés. “Les gens croient à tort que c’est une rente. Mais posséder une centrale, c’est de nombreuses contraintes techniques, un énorme entretien” com- mente M. Grammont. Une directive européenne impose à la France de produire d’ici 2010, 21 % d’énergies renouvelables. On en est encore loin. Seulement, déplorent la plupart des propriétaires de centrales, “on ne sent pas vraiment de volonté politique qui encourage le développe- ment de l’hydroélectricité.” J.-F.H .

La situation française La part de l’hydroélectrique dans les énergies renouvelables PRODUCTION

Hydroélectricité ......................................66 TWh, soit 93,75 % Éolien terrestre .......................................0,6 TWh, soit 0,6 % Biomasse................................................1,7 TWh, soit 2,41 % Déchets (biogaz, incinération)................................. 2,1 TWh, soit 2,98 % Phtovoltaïque .........................................0,01 TWh, soit 0,1 % Total .......................................................70,4 TWh

* TWh = Térawatt-heure = 1 milliard de kWh

Morteau Jean-Louis Dabrowski : “Il fallait éviter de faire sombrer l’ensemble” Après un dépôt de bilan en mars, l’entreprise mortuacienne Immi, filiale du groupe D.B.S. Investissement, entre dans un plan de cession. Le P.D.G. réagit.

C’ est à dire : Le tribu- nal de commerce a décidé le 8 octobre d’un plan de cession de l’en- treprise Immi avec conti- nuation de l’activité jusqu’au 7 avril 2008. Y a-t-il des repre- neurs de cette filiale du grou- pe alors qu’aucun plan de licenciement n’est prévu ? Jean-Louis Dabrowski : L’ad- ministrateur judiciaire cherche des repreneurs. Plusieurs socié- tés sont intéressées à ce jour dont deux sociétés allemandes et une société française. Càd : Qu’est-ce qui a causé la perte d’Immi qui fabrique des composants et des méca- nismes de baromètres à des- tination notamment des trois entreprises du groupe D.B.S. Investissement ? J.-L.D. : L’essentiel de nos concurrents européens a dispa- ru. Nous sommes directement confrontés à une concurrence chinoise depuis trois ans, sur un marché où les mécanismes de baromètre sont en régression.

Càd : Si Immi ne trouvait pas de repreneur et si l’entreprise ne devait plus vous fournir de mécanisme pour les baro- mètres, où irez-vous vous approvisionner. En Chine peut-être ? J.-L.D. : Tous les mécanismes ne proviennent pas d’Immi. Effectivement pour ceux qui nous étaient fournis par cette filiale, défendons une image haut de gamme dans le reste nos filiales. Càd : Les autres filiales de D.B.S. sont Altitude (produits marine et stations météo élec- tronique), Barostar (déco- ration marine haut de gam- me et cadeaux) et Schatz (baromètre marine haut de gamme). Immi pesait 19 % du chiffre d’affaires du grou- pe. Comment se comporte l’en- semble désormais ? J.-L.D. : Les autres sociétés il y aura un sourcing différent. Nous ne nous tournerons certaine- ment pas vers le Chi- ne, alors que nous

D’autres causes comme l’ap- préciation de l’euro par rapport au dollar de l’ordre de 50 % nous pousse hors des prix du marché, ce qui n’était pas le cas il y a quatre ans. Càd : Le marché du baro- mètre est en régression ? J.-L.D. : Non, ce qui est en régression c’est la vente de méca- destinés à l’export vers les U.S.A., la Nouvelle Zélande ou même la Chine. Dans un cer- tain nombre de ces pays, la ven- te finale de ces produits est en baisse car ce sont des baromètres bas de gamme concurrencés par d’autres gadgets. Par compa- raison, Schatz, une autre de nos filiales positionnée cette fois- ci sur le haut de gamme, vend des baromètres à 500 euros pièces. Son chiffre d’affaires a fait un bond de 20 %. nismes. Immi en vendait dans le monde entier. 70 % de la production de cette société étaient

“Les autres sociétés se portent bien.”

Avec les sociétés Altitude et Barostar, Immi est une filiale du groupe D.B.S. Investissement, dirigé par Jean-Louis Dabrowski qui est par ailleurs président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Doubs.

d’éviter la cession ? J.-L.D. : Ce n’était pas envi- sageable. Il est clair qu’il ne fal- lait pas mettre l’arbre entier en péril. Ce qu’il fallait éviter, c’est qu’il y ait une contagion aux autres filiales à partir de cette société qui a été condamnée en moins de trois ans. Il fallait évi- ter de faire sombrer l’ensemble. Càd : Néanmoins est-il pos- sible que certaines filiales absorbent une partie de l’ac-

tivité d’Immi ? J.-L.D. : Les autres sociétés du groupe qui fabriquent des pro- duits terminés avaient confié des opérations d’assemblage final à Immi. Ces opérations pour- raient être réintégrées dans les entreprises du groupe. Mal- heureusement, ces sociétés n’ont ni la vocation, ni la capacité de répondre aux problèmes d’Im- mi. Propos recueillis par T.C.

se portent bien. En 2007, nous sommes sur une croissance de + 6 % et le chiffre d’affaires de D.B.S. Investissement dépas- sera les 5 millions d’euros hors Immi. Par exemple, Schatz exporte 95 % de sa production. Càd : Alors que les autres filiales de D.B.S. Investisse- ment sont économiquement viables, n’était-il pas possible que le groupe supporte la restructuration d’Immi afin

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