Journal C'est à Dire 126 - Octobre 2007

P L A T E A U D E M A Î C H E

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Le Dessoubre est trop pollué pour être rétabli d’ici 2015 L’avant-projet du prochain Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux exclut le Dessoubre de l’objectif “bon état 2015” fixé par l’Europe. Ses défenseurs crient au scandale. Collectivités territoriales et locales s’enga- gent sur un vaste programme de revitalisation. Environnement

Zoom La politique de l’eau La loi sur l’eau du 3 janvier 1992 a défini les principes d’une nouvelle politique de l’eau en affirmant que l’eau est un patrimoine commun dont la gestion équilibrée est d’intérêt général. La loi a mis en place des outils de plani- fication décentralisée pour faciliter la mise en œuvre de cette politique. Il s’agit notam- ment des S.D.A.G.E. : Sché- mas Directeurs d’Aménage- ment et de Gestion des Eaux, élaborés pour chacun des grands bassins hydrogra- phiques français par un comi- té de bassin. Le S.D.A.G.E. actuellement en vigueur a été adopté en 1996. Il définit les grandes orientations de la politique de l’eau sur les bassins Rhône- Méditerranée et Corse. Il est en cours de révision pour inté- grer les innovations de la direc- tive-cadre sur l’eau. En 2009, deux S.D.A.G.E. seront adop- tés : l’un pour le bassin Rhô- ne-Méditerranée, l’autre pour la Corse.

niques dans le sol. Le cheptel porcin reste largement minori- taire dans ce secteur dominé par l’élevage bovin. La modernisa- tion des bâtiments qui privilégie les caillebotis aux aires paillées se traduit par des épandages de lisiers liquides à la place du tra- ditionnel fumier. L’évolution des pratiques n’est donc pas sans conséquences. La question des nitrate-phos- phate reste entière. Toujours dans le domaine des pollutions chimiques, les risques de retrou- ver des traces de métaux lourds liés à l’industrie micro-méca- nique locale ou des pesticides utilisés pour le traitement du bois dans les scieries ou car- rément en forêt existent tou- jours. Autant d’activités qui sor- tent du champ de compétences des collectivités locales. Les associations s’interrogent beaucoup sur l’efficacité des contrôles et la prise compte de la fragilité du milieu dans le montage des dossiers. Elles avancent même la pression de certains lobbies économiques. La seule note d’espoir réside dans la Charte pour la sauve- garde de la vallée du Dessoubre. “Cette charte existe depuis plus d’un an. Elle regroupe les six communautés de communes de la vallée du Dessoubre et de la Rêverotte et les cantons de

Maîche, Le Russey, Saint-Hip- polyte et Pierrefontaine-les- Varans” , indique son président Daniel Leroux, conseiller géné- ral du canton du Russey. Cette structure innovante a mis en place un groupement de com- mande qui permet de cofinan- cer une étude de programma- tion qui devrait être finalisée fin 2008. “Après analyse et inven- taire, on est en train de défi- nir un programme d’aména- gement qui aboutira à une enquête publique. Un bureau d’étude a été retenu pour cette mission. Il faudra ensuite orga- niser toute la maîtrise d’ouvra- ge des travaux” , récapitule Nico- las Surugue, ingénieur à la D.D.A.F. chargé d’animer le groupement de commande. La grande question est de savoir quel budget sera consacré à ce vaste chantier. Réponse début décembre lors d’une conférence sur la Charte où seront annon- cées les actions à réaliser. “Paral- lèlement à cette charte, un comi- té de suivi s’est constitué le 1 er octobre en vue d’intégrer le Dessoubre dans Natura 2000. Un vrai projet de revitalisation se met ainsi en place, il com- prendra un troisième volet por- tant l’animation de la vallée” conclut Daniel Leroux.

“C et avant-projet qui sera soumis prochainement à enquête publique est une coquille vide. Veut-on trans- former le Dessoubre en collecteur d’égouts ? Alors, qu’on le décla- re comme tel dans le S.D.A.G.E. !” , martèle un responsable de la Commission de Protection des Eaux. Cette association est repré- sentée au sein de la Commission géographique “Doubs”. Laquel- le s’est réunie le 28 septembre à Besançon dans le cadre de la révi- sion du Schéma Directeur d’Amé- nagement et de Gestion des Eaux (ou S.D.A.G.E.) du bassin Rhô- ne-Méditerranée. Une révision

tifier une telle situation ? “Cette décision s’appuie sur un état des lieux dressé pour chaque cours d’eau. Sur le bassin-versant du Dessoubre, on constate des pro- blèmes de pollutions toxiques qu’on n’est pas sûr de pouvoir résoudre d’ici 2015. Les études révèlent notamment des concen- trations importantes en H.A.P. (hydrocarbures aromatiques poly- cycliques). On en trouve dans les régions à forte pluviosité. Il peut s’agir de pollution atmosphérique comme les pluies acides ou de pollution routière. Toutes ces incer- titudes ont conduit au déclas- sement du Dessoubre” justifie- t-on à l’Agence de l’Eau chargée de mettre en application les pré- conisations du S.D.A.G.E. Un facteur supplémentaire et diffi- cilement maîtrisable qui fragili- se le bassin-versant le plus sen- sible du département. Tous s’accordent à reconnaître les efforts accomplis dans le trai- tement des pollutions domes- tiques avec les stations de trai- tement des eaux de Belleherbe et bientôt Maîche. La maîtrise des pollutions agricoles est loin d’être réglée. Souvent dénon- cée par les associations et les comités de défense, la multipli- cation des porcheries favorise l’augmentation des intrants orga-

censée intégrer la directive-cadre sur l’eau (D.C.E.) obligeant chaque État de l’Union Euro- péenne d’atteindre d’ici 2015 le “bon état” pour l’ensemble des cours d’eau et nappes souter- raines. Sur la carte répertoriant pour chaque rivière du département les objectifs de bon état, cette échéance 2015 est reportée en 2021 voire 2027 pour les 4/5 èmes du linéaire du Doubs et la tota- lité du Dessoubre. D’où les cri- tiques formulées par les asso- ciations de protection de la natu- re qui s’insurgent contre ces déro- gations. Qu’est-ce qui peut jus-

F.C.

Le somptueux paysage de la vallée masque un Dessoubre aujourd’hui dans un très mauvais état écologique car sou- mis à de multiples sources de pollution.

.Les 4/5 du Doubs et la totalité du Dessoubre font l’objet de dérogations avec un objectif de “bon état” reporté en 2021 ou 2027.

La fête des Gentianes, c’est fini ! Le Russey Une des plus anciennes fêtes populaires du Haut-Doubs disparaît, fau- te de bénévoles. Après une dernière tentative de mobilisation infruc- tueuse, le comité des fêtes, la mort dans l’âme, jette l’éponge.

M artine Boillot a le cœur serré en lisant le communiqué qu’elle et ses col- lègues du comité des fêtes du Russey ont préparé pour annon- cer la fin d’une longue aventu- re. Lancée en 1964, la fête des Gentianes du Russey, organisée tous les ans à la Pentecôte, a vécu en 2007 sa 43 ème et derniè- re édition. “La fête des Gentianes risque de périr faute d’accom- pagnateurs, constate la prési- dente du comité des fêtes. Nous avions organisé une réunion le 18 octobre, presque personne n’est venu. S’il n’y a pas un sursaut très vif de la population locale et des associations, nous nous en tiendrons là” déplore-t-elle. En ce moment, ils ne sont pas plus de cinq ou six à s’investir

dans le comité des fêtes. Ce sont eux, qui, cette année encore, ont porté à bout de bras une fête qui a bien failli ne pas pouvoir avoir lieu. “Trois jours avant, je cou- rais après les bénévoles pour être aux entrées du bal. Ce n’est plus possible de continuer comme ça” ajoute M me Boillot. Bien sûr, après 43 ans, le besoin de renouvellement se fait cer- tainement sentir. Le concept du corso de chars fleuris a certai- nement fait aussi son temps. Mais justement, “nous propo- sions de réfléchir à une nouvel- le formule, rajeunie, qui per- mettrait de redynamiser la fête. Mais il faut se rendre à l’évidence. Il n’y a plus de motivation des bénévoles.” Pourtant, sur le plan financier, la doyenne des fêtes du Haut-

Doubs se porte plutôt bien. “Chaque année, la fête dégage des bénéfices qui sont en partie redistribués aux associations par- ticipantes. Ce n’est pas d’argent dont on a besoin mais de bras et de bonnes volontés” clame Mar- tine Boillot qui ne cache pas sa “désolation” de voir réduites à néant tant d’années d’efforts et d’implication. À entendre le cri de détresse des membres du comité des fêtes, cette décision d’annulation paraît irrévocable… À moins que la population locale n’accepte pas de voir une des plus célèbres fêtes de village disparaître dans l’ano- nymat faute de bénévoles. La balle est désormais dans le camp des associations de la commu- ne. J.-F.H.

REMONNAY Motoculture Z.I. Mondey - MORTEAU Tél. 03 81 67 09 25

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