Journal C'est à Dire 126 - Octobre 2007

D O S S I E R

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La plupart des maisons individuelles du lotissement la Côte Mazarin à Châtillon-le-Duc ont accumulé les problèmes. Les propriétaires en ont ras-le-bol. Malfaçons en série dans un nouveau lotissement Châtillon-le-Duc

Construction

Deux bâtiments inachevés donnent le spectacle d’un quartier peu avenant dans le nouveau quartier des Hauts-du-Chazal. Le promoteur, originaire de la région lyonnaise, multiplie les déboires. Il avait fait appel à des sociétés étrangères qui se sont révélées défaillantes. Besançon : une verrue dans le paysage

U n immense cratère et un semblant de fondations. Voilà ce que les futurs propriétaires ont à contempler de leur acquisition. “Le patio des Hauts-du-Chazal”, programme immobilier lancé par la socié- té lyonnaise Entys, est en pan- ne. Ce même promoteur a déjà construit, juste en dessous, un premier bâtiment, quasiment achevé, mais toujours pas livré. Le second édifice n’en est même pas au gros œuvre. Voilà qui fait tâche dans le paysage d’un quar- tier qui se veut en pointe. La S.E.D.D. (Société d’Équipe-

ment du Département du Doubs), chargée par la ville de Besançon de vendre les parcelles des Hauts-du-Chazal à des pro- moteurs, ne peut que constater la situation. “Le promoteur, Entys, a eu une série de décon- venues avec des entreprises de gros œuvre et de second œuvre” indique la S.E.D.D. pour seule explication. Pour lancer ses pro- grammes, Entys avait fait appel notamment à une entreprise générale allemande qui employait des travailleurs venus du Portugal et de Pologne. À l’époque, le groupe Entys jus-

tifiait le recours à cette société de gros œuvre étrangère par le fait que “les entreprises fran- çaises sont actuellement débor- dées alors que les entreprises allemandes ont besoin de tra- vail. Quand on fait un appel d’offres, il n’y a plus d’entreprises françaises, alors on va chercher les entreprises ailleurs.” Mais, depuis, l’expérience a tourné court. Les deux bâtiments inachevés doivent abriter, pour le premier aux trois quarts terminés, 40 logements et pour le second, dont il n’y a que les fondations, 123 logements. Tous avaient été com- mercialisés, pour l’essentiel à des investisseurs originaires de toute la France. Lorsque l’on contacte la socié- té Entys basée à Écully (Rhô- ne), on obtient pour seule répon- se, faussement naïve : “À Besan- çon, tout est vendu !” Certains acheteurs se trouvent aujour- d’hui confrontés à de graves dif- ficultés. La société Entys fait l’objet de plusieurs actions en justice. Son P.D.G., Maurice Can- delo, répond aux abonnés absents. Aux plus récentes nouvelles, la société Entys aurait assuré un redémarrage imminent du chan- tier avec une nouvelle entreprise de travaux publics. En atten- dant, ceux qui ont acheté un logement dans ces bâtiments se rongent les sangs.

Chauffage défectueux, eau en sous-sol, électricité… Trop de problèmes pour les acquéreurs.

À Châtillon-le-Duc, dans la périphérie de Besançon, les habitants du nouveau lotissement de la Côte Mazarin (31 parcelles), critiquent la conduite de ce projet par le pro- moteur Néolia (ex-S.A.F.C.) Au cœur du problème : une série de malfaçons constatées dans les maisons individuelles déjà bâties. “Si c’était à refaire, nous y réfléchirions à deux fois avant de s’engager avec ce lotisseur” annonce un des investisseurs qui a relevé entre autres une série d’infiltrations dans sa chaufferie. “Il faut probablement tout reprendre. Les entreprises

n’ont pas fait leur boulot. C’est dommage, car on se plaît dans ce lotissement, on ne regrette pas le choix du lieu, mais il faut reconnaître que trop de choses ne vont pas. J’ai même connais- sance d’un voisin qui n’arrive pas à rentrer la voiture dans son garage car la mesure de la por- te a été mal calculée.” Problèmes électriques, de chauf- fage, de dalle, de l’eau dans les sous-sols, ici beaucoup s’éton- nent que Néolia, qui est un des plus importants constructeurs de maisons individuelles sur la région Franche-Comté, “n’ait pas suivi avec plus de rigueur

ce chantier. Car aujourd’hui, c’est nous qui en faisons les frais. Quand on investit 200 000 euros dans un projet comme celui- là, c’est regrettable” déplore une des propriétaires qui deman- de réparation en avançant son contrat de construction qui pré- sente toutes les garanties. Néolia a pris la mesure du pro- blème et semble assumer ses responsabilités dans cette his- toire. L’entreprise est conciliante et ouverte au dialogue, alors que dans le lotissement de la Côte Mazarin on lui reprochait par- fois son manque de communi- cation.

Le second bâtiment doit abriter 123 logements. Il est en panne depuis plus de six mois.

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