Journal C'est à Dire 125 - Septembre 2007

É C O N O M I E

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Un centre national de dépendance à l’alcool à Besançon Le projet est mené par la section locale de l’as- sociation nationale de prévention en alcoologie et en addictologie. Le bâtiment de 52 lits rece- vra les malades franc-comtois mais aussi les pro- fessionnels de santé de toute la France confron- tés à des questions de dépendance. Santé

L e mal est discret mais bien présent chez les profes- sionnels de santé. Des études récentes tendent à conclure que 8 % des membres de la profession médicale seraient sujets à une dépen- dance à l’alcool. Stress, res- ponsabilités écrasantes, les médecins seraient en proie à la tentation. Or, nulle part en France il n’existe de centre qui accueille spécifiquement cette population “à risques”. Le pro- jet de centre d’addictologie bison- tin répond donc à un double objectif : accueillir les personnes dépendantes originaires de Un bâtiment de 52 lits de cure doit être bâti à proximité du parc urbain de Planoise. “Ce centre d’addictologie aura une vocation nationale, explique le professeur Pierre Carayon, président de l’A.N.P.A.A. 25 (association nationale de pré- vention de l’alcoologie et de l’ad- dictologie). Il est destiné à accueillir les professionnels de santé. On constate que ceux-ci ont du mal à passer du statut de soignant à celui de soigné, Franche-Comté qui trouveraient là un site dédié à leur maladie. Et devenir le centre national d’accueil des professionnels de san- té touchés par le fléau.

ils sont souvent dans le déni. Parmi les professionnels de san- té, des catégories sont plus tou- chées que d’autres comme les anesthésistes, les réanimateurs, les chirurgiens. D’où la perti- nence d’un site qui leur est réser- vé. Le conseil national de l’ordre des médecins était demandeur.” En ce qui concerne les malades dépendants alcooliques de Franche-Comté, le C.H.U. de Besançon n’avait pas été en mesure de maintenir des lits pour accueillir ce public. Le centre d’addictologie remplira donc cette fonction. Sur ce terrain situé en bordu- du projet est évalué à 6,7 mil- lions d’euros. La participation financière de l’A.N.P.A.A. natio- nale pour environ 2 millions d’euros reste à confirmer avant de lancer définitivement ce pro- jet. La première pierre pourrait être posée au début de l’année 2008 pour une ouverture en 2009. Une cinquantaine de per- sonnes travailleront dans ce futur centre national d’addic- tologie. J.-F.H. re du parc urbain de Planoise seront éga- lement implantés le comité départemen- tal de prévention et un centre de cure ambulatoire. Le coût

En tant que président de l’A.N.P.A.A. 25, le professeur Pierre Carayon est à l’initiative du projet.

“Du mal à passer du

statut de soi- gnant à celui de soigné.”

Trois questions à… “Nous sommes entrés dans un nouveau monde pétrolier” Économiste à l’Institut français du Pétrole, un centre de recherche sur les hydrocarbures, François Lescaroux estime que les cours pétroliers resteront durablement élevés. Les économies occi- dentales devront s’adapter. Mais ce sont les pays les plus pauvres de la planète qui risquent de payer le prix fort.

C’ est à dire : Le pétro- le a atteint son plus haut niveau histo- rique mi-septembre, à près de 80 dollars le baril. Les prix vont-ils redescendre ? François Lescaroux : Cela

ter un prix plus élevé.

Càd : Jusqu’où peuvent grim- per les cours ? F.L. : Très haut. C’est un sys- tème de bowling. Au fur et à mesure que les prix continue-

devrait rester long- temps à ce niveau-là, sauf si les raisons qui ont provoqué cette situation disparaissent. Ce qui est plus qu’im- probable. Je ne vois pas de raison pour que le pétrole diminue à

ront à monter, le nombre de pays pou- vant accéder au pétro- le se restreindra. On a déjà atteint le seuil où les pays les plus pauvres ont de graves difficultés. En Inde, le premier ministre a

“On peut imaginer une

partie de l’Afrique privée de pétrole.”

moyen terme. Nous sommes pas- sés dans un nouveau monde pétrolier, une nouvelle ère. Càd : Quelles sont ces rai- sons ? F.L. : D’un côté, la demande mon- diale explose, principalement à cause des nouveaux besoins en énergie des pays en plein déve- loppement. De l’autre côté, face à cette accélération des besoins en pétrole, l’offre a de plus en plus de mal à suivre le ryth- me, pour des raisons politiques d’accès aux gisements mais aus- si géologiques. Donc dans cet- te situation, pour que les besoins s’ajustent, on va devoir accep-

déjà déclaré que son pays pour- rait parfaitement supporter un baril à 110 dollars, cela laisse de la marge. Dans les pays déve- loppés comme la France, 80 dol- lars le baril, c’est très soute- nable. Même si le cours du pétro- le actuel crée une incitation à développer d’autres solutions, il faudrait des niveaux de prix bien plus élevés pour que la plu- part des alternatives devien- nent rentables et soient envi- sagées. Un peu plus d’un euro le litre d’essence à la pompe, cela reste encore bon marché, relativement. Propos recueillis par S.D.

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