EN MODE ACTION 05 - Octobre 2025

Automne 2025| EN MODE ACTION.

Décentralisation TOUJOURS PAS DE SUITES

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LA FEUILLE DE ROUTE DU RAPPORT WOERTH POUR RENFORCER LES COLLECTIVITÉS LOCALES Au printemps 2024, Éric Woerth, député et ancien ministre du Budget, a remis à Emmanuel Macron son rapport intitulé “Décentralisation : le temps de la confiance”.

Le document esquisse 51 propositions pour réorganiser les compétences locales, stabiliser le financement des collectivités, et rénover la démocratie territoriale.

Par Thomas Comte

L e constat dressé par Éric Woerth est sans détour. Quarante ans après les premières lois de décentralisation, l’édifice territorial français s’essouffle. Les collectivités croulent sous des compétences parfois floues ou doublon nées, les financements manquent de cohérence, et le dialogue avec l’État reste empreint de méfiance. Dans ce contexte, l’ancien ministre a remis un rapport dense au président de la République. Intitulé “Décen tralisation : le temps de la confiance” , il rassemble 51 propositions censées simplifier le système, renforcer les moyens et redonner une lisibilité aux citoyens. En filigrane du rapport, il s’agit bien de partager le pouvoir entre l’État et les collectivités, balayant au passage le débat sur l’organisation en millefeuille du territoire comme étant la cause de tous les maux. Il relègue, “au rang des idées reçues la sempiternelle suppression d’une strate.” Bref, on ne change rien, mais on optimise le rôle des collectivités à chaque niveau. Le premier axe concerne la répartition des compé tences. Le rapport propose de consolider le rôle du “bloc communal” - communes et intercommunali tés - comme pivot de la proximité. La proposition numéro 1 du rapport consacre d’ailleurs le rôle du maire comme “premier mètre” de l’action publique en lui permettant d’obtenir rapidement des réponses à ses questions auprès des services de l’État. Dans les communes de moins de 20 000 habitants, leurs indemnités seraient d’ailleurs revues à la hausse. Urbanisme, logement social, équipements sportifs : ces services devraient être assumés prioritairement à l’échelon communal. L’idée est simple : le maire doit pouvoir agir rapidement, sans passer par un

millefeuille institutionnel. Mais cette concentration de responsabilités pose une question de taille : toutes les communes auront-elles les moyens humains et financiers de suivre ? Le second point fort concerne les Départements et les Régions. Éric Woerth plaide pour un partage plus clair. Le Département deviendrait l’acteur principal de la perte d’autonomie. À son action sociale vien drait se greffer, notamment, la gestion des routes nationales, et des compétences dans la gestion de l’eau. Tandis que la Région deviendrait le véritable chef de file du développement économique et de la transition écologique “en faisant d’elle le premier partenaire des entreprises dans les territoires.” Ses prérogatives seraient “puissamment” renforcées sur ce point. Pour mieux articuler le Département et la Région, le rapport Woerth sort des cartons une vieille idée de 2010 en proposant d’instaurer un conseiller territorial. L’élu siégerait à la fois au Conseil départemental et au Conseil régional, dans l’espoir de mieux faire fonctionner les deux niveaux. “Le besoin d’articula tion entre ces deux strates s’inscrit dans la continuité du besoin de clarification des compétences. Charge serait donnée au nouveau conseiller territorial de faire dialoguer les politiques publiques entre elles, par exemple le développement économique et l’in sertion, le tourisme et la culture, ou encore la gestion des collèges et des lycées” , nous apprend le rapport. Sur le plan démocratique, le document ouvre d’autres chantiers. Il suggère de réduire d’environ 20 % le nombre d’élus municipaux, tout en revalorisant les indemnités des maires et adjoints dans les petites

L’idée du conseiller territorial refait surface.

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